Présenté comme un ouvrage contre le développement personnel, Le marcheur vertical de Pierre Yves Lador s’intéresse à cet acte simple et ancestral qu’est la balade, ainsi qu’à ses bienfaits.
«J’ai toujours marché, j’ai toujours lu, j’ai toujours écrit: ce sont mes trois piliers», résume Pierre Yves Lador. On ne compte plus le nombre de publications de celui qui a été, pendant vingt-deux ans, le directeur de la Bibliothèque municipale de Lausanne et qui reçut, en 2013, le Prix des écrivains vaudois. Dans son dernier livre, Le marcheur vertical, l’octogénaire originaire de Bullet partage ses réflexions sur cette activité physique qu’il pratique au quotidien et si naturelle pour l’être humain: la marche.
«L’homme est le seul mammifère vraiment vertical, reprend-il en référence au titre de son essai. C’est le premier mouvement de l’homme, le plus simple.»
Outre cette dimension physique de la verticalité du marcheur, il y a également un aspect plus spirituel, une notion de quête, qui s’apparente à l’acte d’écrire. «Mon écriture est comme ma marche, une exploration de mon cerveau et du monde, du micro au macrocosme […]», écrit ainsi Pierre Yves Lador dans son livre. Plutôt que la recherche d’une vérité absolue, ce sont les cheminements intérieurs, les détours (comme pour la marche) qui attirent l’auteur, ce qui induit indubitablement la lenteur.
«J’avais la prétention de comprendre le monde, partage-t-il. Je n’ai plus cette prétention. Je suis contre les dogmatiques, ceux qui croient savoir.» Et Quentin Mouron, qui a rédigé la postface du livre sur invitation de l’éditeur Olivier Morattel et qui est lui aussi très lié au Nord vaudois, d’ajouter: «C’est le seul sport que je pratique. Je pense en marchant et je trouve qu’on pense mieux en marchant. C’est aussi pour moi une manière d’écrire.»
Un espace de liberté
Ce qui a animé l’écriture de cet essai de Pierre Yves Lador? «Il y avait deux voies: retrouver une certaine simplicité contre un système de plus en plus complexe et critiquer le marché du bonheur au rabais», répond l’auteur, en faisant référence à la multitude d’ouvrages traitant du développement personnel, alors que la marche est et doit rester un espace de liberté.
A ce sujet, Quentin Mouron rebondit: «On se gorge de livres sur le développement personnel, alors que, finalement, les réponses que ces œuvres, soi-disant, prétendent apporter, on les trouve souvent mieux formulées, de manière beaucoup plus subtile et profonde, dans les œuvres de littérature, comme celles de Pierre Yves, entre autres.»
De forts liens avec le Nord vaudois
Originaire de Bullet, Pierre Yves Lador a toujours entretenu des liens étroits avec la région du Nord vaudois. Il a notamment collaboré avec la fondation de la Maison d’Ailleurs, par le biais du don de la collection de feu son ami écrivain, essayiste et spécialiste de science-fiction Pierre Versins (ndlr: le fondateur du musée yverdonnois), habitant de Rovray (photo du haut). Ami également du peintre grandsonnois Pierre Quéloz (photo du bas), il a publié deux des livres de l’artiste en tant que codirecteur des éditions Hélice Hélas.
Dans Le marcheur vertical, Pierre Yves Lador en profite pour aborder avec poésie les chutes du Nozon lors d’une de ses balades, étant encore très attaché à cette région du nord du canton, d’où vient également Quentin Mouron.