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En 2020, la fête sera basique mais efficace
Yverdon, 27 janvier 2020. Redaction, équipe des Brandons. © Michel Duperrex

En 2020, la fête sera basique mais efficace

6 février 2020 | Edition N°2678

Yverdon-les-Bains – Après une année sans Brandons, un nouveau comité relance l’évènement. Son souhait: oublier les erreurs du passé pour rebondir avec un programme faisant la part belle aux familles.

Qu’elle soit en plein coup de feu ou dans un contexte où ses pages se sont déjà envolées vers d’autres cieux, une rédaction est rarement un lieu de haute excentricité après 18 heures. Pourtant, la semaine dernière, un débarquement pour le moins festif et bruyant a investi les locaux de La Région en fin d’après-midi: étaient de la partie, des représentants de la Guggenmusik la Niougen’s, de celle des Cradzets, des membres du comité organisateur des Brandons et la municipale de la culture, Carmen Tanner. Une démonstration d’unité, sollicitée par le nouveau comité aux manettes de la fête, en guise de symbole fort pour une année placée sous le signe du renouveau.

Si le débarquement était du genre joyeux, le contexte dans lequel il s’opérait est en effet plus délicat. Car le souvenir de l’édition annulée de l’an dernier demeure vif chez certains aficionados. «On s’est sentis nus», témoigne Marie-Claude Turin, des Cradzets. D’autres évoquent le souvenir d’un «manque», face auquel ils ont décidé de tout mettre en œuvre pour «sauver la fête». Après des années de gestion financière compliquée, et des départs hautement médiatisés, les organisateurs et la Municipalité avaient en effet décidé de tirer la prise sur l’édition 2019, avec pour souhait de voir renaître la manifestation dans des conditions plus saines.

«Il était une fois… le retour des Brandons», c’est d’ailleurs le thème qui a été choisi pour cette édition pas comme les autres de l’évènement traditionnel. Et cette fois, un discours plus sage, centré sur la dimension familiale de la fête, est annoncé : «Par le passé, c’est parfois allé beaucoup trop loin, notamment dans les sentences, résume le nouveau président Sébastien Gonin. On va clairement calmer le jeu.» Il annonce une édition qui renoue avec les basiques, sérieuse et maîtrisée : «On veut tourner la page et écrire une nouvelle histoire.» Sensible à certaines questions de société actuelles, il relève que les lancers de confettis et de ballons biodégradables seront notamment de la partie, ainsi que le traditionnel repas à une thune (programme complet en encadré).

Un évènement qui doit perdurer

Une dimension populaire qui n’est pas sans séduire la municipale Verte Carmen Tanner: «Mon service et moi-même ne suivons les Brandons que depuis début 2017. Avant ils étaient dans un autre service. Au début de cette nouvelle collaboration, il y avait déjà eu des problèmes financiers qui, petit à petit, ont fini par fortement péjorer la manifestation, jusqu’à causer son annulation l’an dernier. Je me réjouis qu’elle reprenne. Il faut qu’il y ait différentes offres culturelles, différentes typologies de manifestations, à Yverdon-les-Bains. Et puis il y a la dimension patrimoniale qui est très importante: les Brandons sont là depuis le seizième siècle, environ. C’est un évènement qui doit absolument perdurer.»

Elle regrette au passage que les commerçants ne se montrent pas plus emballés par la perspective du retour de la grande fête: «La vitalité d’un centre-ville dépend aussi de sa capacité à offrir une expérience, affirme-t-elle. Les Brandons contribuent à remplir ce rôle et je pense que les commerçants devraient être plus impliqués. On sent de leur part un intérêt assez faible, alors que celui de la population, je l’espère, n’a pas baissé. »

Un projet trop sage?

Reste que le ton plus sage annoncé n’est pas non plus la garantie de plaire à tout le monde. Anciennement impliquée dans l’organisation, la politicienne PLR Joëlle Bettex en convient, «la manifestation sera un succès », car elle sera dirigée par des gens expérimentés et sérieux. Mais elle n’est pas pour autant totalement rassurée : «Ce serait un regret pour moi si la dimension satirique disparaissait. Si le politique n’est plus capable d’entendre cela, alors que cette dimension se trouve dans l’ADN des Brandons, c’est tout de même inquiétant». Elle précise ne viser personne en particulier, mais pointe du doigt un «fait de société».

Un fait de société qui a déjà conduit certaines personnes à demander que la Muni organise elle-même les Brandons, d’ailleurs, ces dernières années: «La fête perdrait tout son sens, tranche Carmen Tanner. Les Brandons représentent un contre-pouvoir, un moment unique où la population prend la ville l’espace d’un week-end. Je tiens à ce qu’il se déroule dans un climat de liberté. Tout comme il faut une liberté de la presse, il faut aussi celle des Brandons.» Rappelons toutefois que durant des années, le comité avait un statut de commission extraparlementaire avec en son sein un représentant de l’Exécutif, voire le syndic lui-même.

Le vice-président du comité organisateur Luca Severino, ne se plaindra en tout cas pas de ce nouvel équilibre qui semble prendre place: «Notre volonté est de repartir du bon pied. Mais nous ne voulons pas pour autant taper sur l’ancien comité (ndlr: une seule personne est restée directement impliquée). Malgré les difficultés, certaines personnes se sont livrées corps et âme et ont donné tout ce qu’elles avaient.


La chasse aux bénévoles continue

Décoration, service au bar ou gonflage des ballons… Les tâches pour lesquelles les personnes peuvent encore se proposer pour apporter leur pierre à l’édifice sont encore nombreuses. Sur son site brandonsyverdon.com, le comité propose d’ailleurs un formulaire d’inscription détaillé, où chacun peut choisir la tranche horaire qui lui convient. Mais même les personnes désireuses de se lancer dans l’organisation de l’édition… 2021 peuvent déjà se manifester, précise le vice-président Luca Severino! «On a toujours besoin de sang neuf», lance ce dernier.

Organisateur du Nouvel An sur la place Pestalozzi avec son association PAF events, le conseiller communal socialiste Thierry Gaberell ne peut qu’encourager à franchir le pas: «J’avais donné la gestion du bar aux membres du comité d’organisation (ndlr. Luca Severino est son associé au sein de PAF Events) et aux personnes impliquées de près ou de loin dans les Brandons de cette année. Que ce soit pour la mise en place, la vente ou le rangement, elles ont effectué un travail très sérieux et je suis certain qu’on peut leur faire confiance.»

Reste une ultime forme d’engagement, auquel le président Sébastien Gonin et sa bande appellent la population: venir déguisé, s’amuser derrière un masque, et profiter de la fête.  R.P.

Raphaël Pomey