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En alpha au canal
La préparation d’un cake à la banane à bord d’une embarcation de 5,80 m réclame organisation et souplesse de la part du skipper suisse. Renaud Stitelmann / MGR2025

En alpha au canal

17 mars 2025 | Textes: Christiane Baudraz
Edition N°3911

Renaud Stitelmann, sociétaire du Cercle de la voile de Grandson, a remporté avec brio dans la première étape de la Mini Globe Race, ce tour du monde en solitaire, entre Antigua et le Panama.

Le coup d’envoi tant attendu de la Mini Globe Race a été donné dans le port de Falmouth, à Antigua, le 23 février dernier. Une brise régulière de 15 nœuds a offert aux participants des conditions idéales pour  un départ optimal.

La flotte a rapidement trouvé son rythme. Après trois jours de navigation, Renaud Stitelmann a pris la tête et ne l’a plus lâchée jusqu’à l’arrivée au Panama.

Le skipper du CV Grandson, tout en maintenant son focus sur la compétition, a su trouver un équilibre entre performance et plaisir. Il a pris le temps de savourer ses préparations culinaires, démontrant que, même au milieu d’une course autour du monde sur un bateau de 5,80 m, il est toujours possible de goûter aux plaisirs simples de la vie.

Une compétition de plus en plus intense

À mesure que la flotte approchait du Panama, la lutte s’est intensifiée, tout comme les températures dans les cabines. Les conditions à bord sont devenues de plus en plus difficiles et les équipages ont dû s’adapter à la chaleur accablante. En plus de la température, une autre situation préoccupante: la présence de navires sombres, sans feux de navigation, visibles uniquement sur l’AIS (système automatique d’identification).  Le trafic maritime s’est également densifié, ajoutant une couche de complexité à cette étape déjà éprouvante.

Malgré ces défis, Renaud Stitelmann a franchi la ligne d’arrivée le premier, terminant cette étape en 8 jours, 18 heures et 40 minutes. Il a devancé son plus proche concurrent de cinq heures: une belle démonstration de son efficacité et de ses excellents choix stratégiques tout au long de la course.

Sa vitesse moyenne sur les 1200 milles parcourus a été de 5,68 nœuds, soit environ 136 milles par jour. Une performance qui prouve non seulement sa maîtrise technique, mais aussi sa capacité à maintenir une cadence soutenue sur des distances aussi longues et éprouvantes.


Un incident inattendu à l’arrivée

Arrivé dans la nuit, la joie de se retrouver en tête a failli tourner au drame pour Renaud Stitelmann. Alors qu’il affalait sa grand-voile et se préparait à rejoindre la marina de Shelter Bay, le skipper a glissé sur un gros poisson volant échoué sur le pont de son bateau.

«J’ai vu toute ma course s’effondrer en une fraction de seconde et j’ai senti que c’était fini. Je me suis figé et je n’ai plus pu bouger. Mais j’ai fini par reprendre mes esprits et me rétablir lentement», raconte-t-il.


La suite de l’aventure: la préparation pour la deuxième étape

La flotte de la Mini Globe Race se prépare désormais pour la deuxième étape, un voyage gigantesque de 6700 milles nautiques (plus de 12 000 km) jusqu’aux Fidji. Ce parcours inclura un passage par les îles Marquises, Tahiti et Tonga, avec seulement 23 jours d’escale autorisés.

Les skippers devront relever de nouveaux défis, tels que naviguer dans le redoutable Pot-au-Noir ou traverser le vaste océan Pacifique.

Cependant, avant de se lancer dans cette nouvelle étape, les bateaux devront faire face à un obstacle particulier: trop petits pour traverser le canal de Panama, ils seront transportés par voie terrestre. Ils seront chargés sur des remorques pour traverser les 100 km de l’isthme de Panama, un moment clé dans cette aventure épique.

L’horloge tourne, et le jour du départ a été reporté au 24 mars. Les skippers ont donc encore un peu de temps pour se préparer aux défis à venir, mais l’excitation est déjà palpable.