Ecole – La ligne de Pedibus du quartier de Montchoisi fête sa première année. Rencontre avec un bus qui marche par tous les temps.
Textes: Amélie Gyger
Il fait gris ce matin, dans le quartier de Montchoisi. Sur le trottoir, les élèves chahutent. «Allez les enfants, deux par deux !», tonne Célia Kamber, la responsable de la ligne Pedibus. Une fois assemblé, le cortège se met en route, direction L’école des Marronniers.
Quelques minutes à peine après le départ, l’averse éclate. Célia Kamber ouvre son parapluie jaune poussin à l’effigie du Pedibus. «Les points importants, ce sont la sécurité et la visibilité des enfants», explique l’Yverdonnoise. Cette maman fait partie de la ligne depuis sa création, il y a environ deux ans, aux côtés de sa voisine. Maintenant responsable de la ligne officialisée il y a un an, elle gère le planning des conducteurs. Deux enfants au début, puis cinq, puis huit: la ligne a grandi au fil du temps et a permis d’assurer un roulement sur la totalité des trajets. «C’est bien de pouvoir s’entraider dans un monde de plus en plus individualiste, de pouvoir compter les uns sur les autres», confie-t-elle.
La camaraderie pas douchée par la pluie
Mais a-t-on la motivation de se lever un matin pluvieux comme celui-ci? «Aucune, répond-elle en riant. Mais les enfants non plus, alors on sort avec le sourire pour les motiver.» Ce n’est manifestement pas un problème pour Olivia qui s’exclame: «Moi, j’aime la pluie! Et je suis avec ma copine.» Même les jours gris, la camaraderie est présente. «Ils ne sont pas toujours motivés pour aller à l’école. Mais quand un enfant traîne les pieds, c’est un autre qui va l’encourager», complète Célia Kamber.
A l’avant, Francesco Cancellara ouvre la marche, main dans la main avec son fils Gabriel, de 3 ans. «C’est sa première semaine, explique le papa. Je l’accompagne sur les premiers trajets pour lui montrer les règles de la circulation.» Au passage piéton, Gabriel regarde à gauche, à droite, puis indique timidement qu’ils peuvent traverser.
Qu’est-ce qui motive Francesco Cancellara à participer? «C’est un gain de temps certain, répond-il. C’est plus facile de se libérer une heure un matin par semaine que de devoir le faire tous les jours.» C’est également un apport pour l’autonomie de l’enfant. «C’est important qu’ils soient confrontés à la réalité. On a choisi le tracé le plus direct possible, mais il ne faut pas éviter la circulation pour autant», explique-t-il.
Le cortège finit par arriver à bon port. Les enfants se dispersent, mais se retrouveront à midi, au moment du retour. Les grands sont rodés: ils iront rapatrier les plus jeunes pour les amener au point de rendez-vous.
Favoriser la mobilité douce
A l’origine du Pedibus, il y a l’ATE, l’Association transports et environnement, présente sur tout le territoire. Chaque commune s’organise ensuite selon ses besoins. La Ville d’Yverdon a ainsi confié le mandat à l’APEY, l’Association des parents d’élèves d’Yverdon, Yvonand et environs.
Leur rôle? Centraliser les demandes. «Le site de Pedibus permet seulement de trouver les lignes existantes. Nous, on se charge de mettre en lien les familles qui souhaitent en créer une», explique Angela Santini Beun, responsable Pedibus au sein de l’APEY et elle-même accompagnante de ligne convaincue.
Pour ça, deux familles motivées suffisent. Mais créer une ligne pour deux enfants, ça vaut la peine? «Oui, répond-elle d’emblée. Car c’est plus facile pour les familles de rejoindre une ligne existante que d’en créer une nouvelle à partir de rien.» En plus de resserrer les liens dans les quartiers, le Pedibus permet aussi de réduire le nombre de voitures aux abords des écoles en favorisant la mobilité douce. «Et puis ça permet d’arriver à l’heure à l’école et de bonne humeur!» dit-elle en riant.
Infos pratiques
Nouvelles lignes: une 5e ligne vient d’être construite, de la rue des Moulins aux collèges Pestalozzi et des Isles. Les familles intéressées peuvent s’annoncer auprès de l’APEY: pedibus@apey.ch.
