Logo
«En corps là», chorégraphie d’une survivante
«Je voulais raconter ce morceau de vie non pas pour me soigner, cela je l’ai fait grâce à une thérapie, mais pour témoigner et montrer qu’il est possible de s’en sortir, même quand la vie s’acharne», raconte Katy Hernan. Image: DR

«En corps là», chorégraphie d’une survivante

23 novembre 2023

Arts de la scène – Le vendredi 24 novembre, au Théâtre de la Tournelle à Orbe, la comédienne et chorégraphe Katy Hernan racontera une éprouvante période de sa vie grâce à la musique, la danse, les mots.

Présenté pour la première fois en 2020, En corps là est le spectacle d’une chute, celle d’une femme après des années de combat. Née à Orbe, Katy Hernan se découvre une passion pour la danse et le théâtre lors de ses études au gymnase. Après s’être formée au Conservatoire de Lausanne, elle part rejoindre l’Académie de danse contemporaine de Salzbourg avant d’étudier la chorégraphie à Amsterdam. Depuis 2006, elle crée ses propres spectacles et joue aussi bien en Suisse qu’à l’étranger.

En 2013, Katy Hernan est une artiste confirmée et une femme au tempérament joyeux. A cette époque, elle souhaite avoir un enfant avec l’homme qu’elle vient d’épouser. Arrive leur premier obstacle: l’infertilité de son mari. Le couple décide alors de recourir à la fécondation in vitro. Un bébé finit par arriver mais le bonheur est de courte durée. Un an et demi après sa naissance, la fille de Katy Hernan commence à avoir de sérieux problèmes d’asthmes, puis se retrouve touchée par la thrombocytopénie immunitaire, un trouble de la coagulation provoqué par une diminution du nombre de plaquettes dans le sang.

A la suite de toutes ces épreuves, Katy Hernan songe à en finir, une pensée qui semblait impossible quelques années auparavant pour cette femme que tout le monde décrit comme solaire. «Je m’étais toujours dit que les pensées suicidaires ne touchaient que les personnes présentant déjà des symptômes dépressifs. Mais à cette période, je voulais juste que ça s’arrête. Je pensais que jamais je n’allais m’en sortir, que je n’allais plus jamais être heureuse ou réussir à soutenir mes proches. Je pensais que mon départ les soulagerait.» Mais heureusement, il y a son mari, sa fille, sa famille. Des personnes qui lui donnent envie de s’accrocher à la vie. Katy Hernan ose alors parler de ses angoisses à son mari et un médecin la prend rapidement en charge.

Mettre en scène le malheur

Alors qu’elle se reconstruit petit à petit, lui vient l’idée de faire de cette aventure  un spectacle. «Je voulais raconter ce morceau de vie non pas pour me soigner, cela je l’ai fait grâce à une thérapie, mais pour témoigner et montrer qu’il est possible de s’en sortir, même quand la vie s’acharne.» Epaulée par le musicien yverdonnois Alexis Gfeller, la danseuse Anne Delahaye et la comédienne Audrey Cavelius, elle imagine une pièce qui raconterait sa chute et sa renaissance.

Dans ce seule en scène de soixante minutes, l’artiste danse, raconte, dialogue avec elle-même, le tout accompagné par différentes musiques de son choix qu’elle considère comme ses partenaires de jeux. Elle interprète son propre rôle mais aussi ceux des personnages qui sont apparus dans sa vie à cette période: la gynécologue, les médecins, jusqu’aux spermatozoïdes de son mari. Des choix parfois loufoques mais qui témoignent de l’envie de la comédienne de ne pas laisser le sinistre envahir son spectacle. «C’est difficile de rire de sujets très durs comme ceux-là. Mais dans nos situations quotidiennes, qu’elles soient tristes ou non, l’humour n’est jamais très loin. Il y a toujours au moins une scène comique dans mes créations.»

Mais il n’y a pas que le jeu et les mots. Dès le début du spectacle, Katy Hernan danse, danse, jusqu’à l’épuisement, prémices de sa chute à venir. Au terme de son  récit, véritable traversée du désert, la pièce se conclut sur une dernière danse, un mouvement libérateur, comme une sorte d’happy end théâtral. «Ce qui me donne envie de continuer à raconter cette histoire, c’est que je sais qu’elle peut aider d’autres personnes. Même si je passe par une foultitude d’émotions, ce n’est pas un spectacle douloureux à jouer, bien au contraire.»


Infos pratiques

Où: Théâtre de la Tournelle, Orbe

Quand: 24 novembre à 20h.

Infos et réservations sur le site de la Tournelle.

Texte: Dimitri Faravel

Rédaction