Logo

En immersion au coeur de la «jungle» de Calais

24 mars 2016 | Edition N°1709

Yverdon-les-Bains – Des collaborateurs de la Fondation Saphir se sont rendus, au début du mois, au nord de la France pour venir en aide aux migrants. Retour sur cette incroyable aventure humaine.

Sensibles au sort des migrants, des collaborateurs de la Fondation Saphir, à Yverdonles- Bains (dont Vanessa Hiltbrand, Valérie Hatsch et Michèle Gavillet, de g. à dr.), sont allés apporter leur aide dans le fameux camp de réfugiés du nord de la France. © Michel Duperrex

Sensibles au sort des migrants, des collaborateurs de la Fondation Saphir, à Yverdonles- Bains (dont Vanessa Hiltbrand, Valérie Hatsch et Michèle Gavillet, de g. à dr.), sont allés apporter leur aide dans le fameux camp de réfugiés du nord de la France.

Le démantèlement de la «jungle» de Calais avait déjà débuté lorsque huit employés de la Fondation Saphir s’y sont déplacés, au début du mois.

Pour manifester contre la destruction de leur tremplin vers l’espoir, certains hommes s’étaient cousu la bouche, tandis que les enfants brandissaient des roses blanches face à l’arrivée des bulldozers et les représentants des forces de l’ordre.

Ces actions, hautement symboliques, ont fortement touché les collaborateurs de la structure basée à Yverdon-les-Bains, qui a fourni un soutien logistique et financier à leur initiative collective. Elles tordent aussi le cou au climat de violence que les médias attribuent volontiers au site où sont regroupés, selon les estimations, entre 3000 et 7000 migrants. «Nos proches étaient inquiets de nous voir aller là-bas, mais je me suis souvent promenée seule dans le camp en pleine journée et je n’ai jamais eu de sentiment d’insécurité. Le terme de jungle n’est, d’ailleurs, pas approprié, selon moi, car il inspire la peur et renvoie à un sentiment d’anarchie. Il faudrait plutôt utiliser le mot bidonville», affirme Vanessa Hiltbrand, coordinatrice de la démarche.

La «jungle» s’est, en fait, érigée en une véritable petite ville, avec son école et ses bars, sa discothèque et ses tentes-restaurants transformés en hôtels -parfois «trois étoiles», comme l’indiquait le dessin sur la devanture de l’un d’eux- le soir venu, quand les palettes de bois faisant office de sièges deviennent des couches de fortune.

Repas à la chaîne

Dans cet univers, le rôle des bénévoles a consisté à distribuer, pour le compte de l’association La Vie active, des boissons chaudes, ainsi que plus de 5000 petits déjeuners et repas chauds en l’espace de deux jours, mais aussi à gérer le tournus sous les douches. Une expérience marquante, qui en dit long sur les conditions précaires qui prévalent dans le camp. «Des personnes arrivaient en tongues alors qu’il faisait 0 degré. Le passage sous la douche, par groupes de dix, était limité à six minutes. De nombreux migrants que j’ai rencontré baissaient le regard, par pudeur ou par honte. Se retrouver dans ce genre de situation est difficile pour l’estime de soi», commente Michèle Gavillet, l’une des participantes à cette aventure humaine.

Habits et argent

Le groupe de collègues ne s’est, toutefois, pas présenté à Calais avec sa seule volonté de mettre la main à la pâte. Il a apporté, dans ses bagages, de nombreux vêtements chauds collectés auprès de son entourage et des collaborateurs de la Fondation Saphir, ainsi que des biberons, et acheté, sur place, du matériel, avec l’argent réuni par le biais de différentes récoltes de fonds, au Val-de- Travers, mais également à la Coop et au sein de la Paroisse d’Yvonand.

«J’ai amené, la semaine dernière, le reste des habits reçus à l’association Help Syria. Un container partira pour ce pays dans les prochains jours. On aimerait, bientôt, tous repartir à Calais, afin de voir comment la situation a évolué», précise Vanessa Hiltbrand.

https://www.youtube.com/watch?v=KMR7Hf2jl0Q

Ludovic Pillonel