Déjà vainqueur lors de l’étape initiale de la Mini Globe Race, Renaud Stitelmann a récidivé lors de la deuxième l’épreuve, le 13 juin, en arrivant en tête aux îles Fidji.
Le coup d’envoi de la Mini Globe Race a été donné le 23 février à Antigua. La course, une circumnavigation en solitaire à bord de petits voiliers de 5m80 construits par leurs skippers, est composée de plusieurs étapes. Parmi elles, une traversée exigeante de l’océan Pacifique. L’épreuve met avant tout l’accent sur l’aventure humaine et la sobriété, loin des technologies de pointe ou de la recherche de vitesse pure.
Après sa victoire lors de la première étape qui reliait Antigua à Panama, Renaud Stitelmann a récidivé lors de la deuxième, en arrivant largement en tête aux îles Fidji, après des arrêts imposés aux Marquises, à Tahiti et aux Tonga. 6300 milles nautiques (environ 11’600 km) séparaient le départ de l’arrivée lors de cette manche.
Avec les moyens du bord
Pour Renaud Stitelmann, quitter Panama a marqué le grand saut: «C’est là que l’aventure a vraiment commencé. En quittant l’Amérique centrale, on sait qu’on ne verra plus de terres pendant des semaines. On entre dans un autre rythme. Le vent devient votre moteur, le ciel votre agenda. On pourrait croire qu’avec les satellites, le GPS, la météo prédictive et tout le bazar numérique, naviguer est devenu une simple affaire de trajectoire optimisée. Faux. Dans l’archipel des Tuamotu, même Google Earth vous trahit. Les récifs affleurent, les courants vous dévient, les grains vous tombent dessus. Mais les cartes papier sont toujours là, et mes yeux aussi.»
Et de poursuivre: «En arrivant en Polynésie, les autochtones sont venus me voir, m’ont invité chez eux. C’est fou, après des jours de solitude, cette chaleur humaine. Après quelques jours de repos, c’est déjà l’heure d’un nouveau départ en direction de la somptueuse île de Tahiti. J’ai pris un gros orage juste avant d’arriver. Ce n’était pas de la pluie tropicale continue. Je suis arrivé épuisé, trempé, mais heureux. Chaque arrivée est une victoire. Chaque île est un monde.»
Une route complexe
À peine le temps de se reposer, d’entretenir Capucinette, son voilier, se ravitailler et l’heure est déjà venue de repartir en direction des îles Tonga. Renaud Stitelmann enchaîne les milles. Rien n’est acquis ou facile, comme il l’explique: «La route vers les Tonga est l’une des plus complexes. Grains violents, mer formée. Deux nuits consécutives sans sommeil réel. C’était technique. Une grosse houle, pas de vent aux creux des vagues, car le bateau est petit et le mât pas très haut, puis bateau couché sur l’eau au sommet de la vague avec 35 nœuds de vent. Ce genre de contraste use. Mais les nuits de pleine lune effacent tout. La lumière sur les vagues, le silence entre deux rafales… C’est irréel. Une arrivée juste avant l’aube aux îles Tonga un dimanche. Le phare à l’ouest était en panne, mais j’ai trouvé mon chemin. Je suis resté à bord jusqu’au lundi à attendre que la douane s’ouvre, ancré face à Neiafu, en surveillant que l’ancre ne chasse pas. Tu regardes la ville sans y aller. Avec le clapotis de l’eau pour seule compagnie.»
Côté confort, un bateau de 5m80, ce n’est pas vraiment l’idéal. Alors, le sociétaire du CVG a ses astuces: «Dans Capucinette, impossible de me tenir debout. Alors, dès que je mets pied à terre, je marche, je m’étire, je relance la machine. Les genoux grincent, les épaules tirent un peu, mais ça fait du bien d’avancer. Actuellement, je suis aux Fidji. Accueil formidable, tout le monde me dit : On dirait que c’est facile, quand on te voit arriver. Non. Ce n’est pas facile. C’est juste l’impression que je donne.»
Le 26 juillet, les skippers lèveront l’ancre depuis Vuda Point, et mettront le cap sur l’Afrique du Sud, où l’arrivée est prévu au Cap, via Thursday Island ou Darwin, Cocos Keeling, l’île Maurice, puis Durban. Une étape d’environ 8700 milles nautiques, sans doute la plus sauvage et imprévisible.
Renaud Stitelmann, calme et lucide à l’approche de ce nouveau défi, résume l’esprit de l’aventure : «C’est une course, oui, mais avant tout, c’est une autre manière de naviguer. Lentement, attentivement, humainement.
À mi-parcours
À l’issue de la deuxième étape, les skippers ont réalisé plus de la moitié du chemin qui les sépare de leur destination, Antigua. Après avoir parcouru plus de 12800 milles nautiques, les participants devront encore s’aligner sur trois étapes: jusqu’au Cap, d’abord, puis jusqu’à Recife, via Sainte-Hélène, et enfin sur Antigua. Arrivée prévue en mars 2026. • . P.