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«En Suisse, on n’ose pas afficher sa réussite»
Chavornay, 30 novembre 2019. Freddie Bussy. © Michel Duperrex

«En Suisse, on n’ose pas afficher sa réussite»

2 décembre 2019 | Edition N°2636

Chavornay - Dix ans plus tard, qu’est devenu celui qui a lancé sa première entreprise à 16 ans? Interview.

Freddie Bussy a du succès et il le sait. Belles voitures (qu’il vend), belles montres (qu’il fabrique) et collaboration avec des stars, le jeune entrepreneur a quelques trophées à exhiber. Mais pas si facile de le faire sans être perçu comme quelqu’un d’arrogant. La phrase qui est le plus revenue lors de notre rencontre? «Je ne veux pas paraître hautain.» Dix ans après la création de sa première société, interview d’un businessman pas toujours compris.

Freddie Bussy, dix ans après avoir lancé votre première entreprise, avez-vous réussi?

Je le pense, oui. Même si je ne devrais pas vraiment le dire (il rigole). En Suisse romande, on n’ose pas afficher sa réussite. Il y a une culture de la discrétion. Mais j’ai acquis ma première Maserati à 19 ans et j’en ai eu trois autres depuis. J’ai aussi rencontré Pamela Anderson… il faut le faire quand même!

À 16 ans, lorsque vous lancez votre première entreprise, vous étiez une sorte de phénomène de foire…

Oui, c’est vrai. Mais ça m’allait. J’étais enfin mis en avant, moi le dernier d’une fratrie de quatre. Et d’un point de vue stratégique, la presse m’a fait une publicité monstre à moindre coût. Je pense aussi que mon cas a modestement aidé à mettre en avant un autre visage de la jeunesse. On passait pour des fainéants. Or, voir un type de 16 ans lancer sa boîte, ça montrait que ma génération était capable de prendre des responsabilités.

Certains traitaient cependant le jeune Freddie de prétentieux.

Oui et je ne pense pas avoir véritablement changé. Il faut avoir une certaine confiance en soi pour défendre son produit, son entreprise. Malheureusement, cette estime est considérée comme de l’arrogance.

Posséder une entreprise si jeune, ça vous a éloigné de vos camarades?

Je passais mes samedis soir à travailler, alors que mes amis sortaient. Avec les responsabilités qui étaient les miennes, j’étais forcément déconnecté des sujets de conversations des gens de mon âge. Là encore, cela créait des incompréhensions et j’ai subi les attaques de personnes jalouses.

Si le Freddie de 16 ans vous voyait aujourd’hui, que penserait-il?

Je pense qu’il serait content, parce qu’il n’imaginait pas une seconde que le projet qu’il venait de lancer durerait si longtemps.

Et dans dix ans, où vous voyez-vous?

Je ne le sais pas et je ne veux pas le savoir! Dans ma carrière, je n’ai rien prévu et ça a plutôt bien fonctionné. Donc je vais continuer comme ça. Sinon, politiquement, pourquoi pas au Grand Conseil, au sein duquel j’aimerais faire mon entrée en 2022.

Massimo Greco