Encore une année de travaux au 39
2 mars 2012Cinq mois après la terrible explosion qui a provoqué la mort d’une jeune maman et de sa fille à Yverdon, les habitants de l’immeuble 39 à la rue de Neuchâtel restent dans l’incertitude quant à leur avenir.
«Ici, je campe.» Huguette Meuwly, locataire d’un appartement à la rue de Neuchâtel 39, ne compte pas déposer définitivement ses valises à la rue Général-Guisan, où, avec l’aide de sa gérance Foncia Geco, elle a retrouvé un logement. «Je pensais vraiment finir ma vie tranquillement dans cet appartement témoigne celle qui a été parmi les premiers habitants du 39 en 1970. Et soudain, à 84 ans, elle se retrouve seule, à la rue, avec comme tout bien, ce qu’elle a sur elle, tout comme treize autres foyers. Un choc qui ne s’oublie pas si facilement. «C’est d’autant plus dur pour moi, que je n’ai plus aucune famille, j’ai dû me débrouiller seule», souligne Huguette Meuwly.
Un changement radical
Après deux ou trois visites, là voilà donc dans un trois pièces et demi, bien trop petit pour contenir l’ensemble de son mobilier, elle qui est passionnée par la décoration. «J’ai bon nombre de meubles de style», souligne-t-elle. Des meubles, en partie hérités de sa famille, bien trop précieux pour finir dans un container.
La plupart sont en cours de restauration. Et elle a dû emprunter deux armoires à des connaissances. Et de plaisanter: «J’étais très bien assurée heureusement. L’ECA m’a dit que j’étais leur plus gros dossier.» Elle estime tout de même avoir pu récupérer le 98% de ses affaires, stockées en grande partie dans un garde-meubles, faute de place dans son nouveau logement. «De toute façon, je ne me plais pas ici, je retournerai chez moi dès que possible.» Au contraire, d’une de ses voisines, également âgée de 84 ans et qui préfère rester anonyme, installée depuis décembre dans un autre quartier: «Ici, c’est plus petit, plus loin du centre, je n’ai plus d’ascenseur, et le loyer est plus cher. Mais je ne me vois pas déménager une nouvelle fois», précise-t-elle. Toutes deux s’estiment délaissées par les autorités, regrettant de n’avoir jamais été contactées par le syndic et n’avoir même pas reçu une carte de voeux durant les fêtes.
Manque de communication
Si, au lendemain du drame, les locataires avaient été avertis qu’ils devraient attendre six mois pour réinvestir leur appartement, il semblerait que ce timing ne pourra pas être respecté. Les informations, Bernard Volery, qui habitait au 6e, a l’impression de devoir les glâner en passant bon nombre de téléphones et, face à la difficulté d’atteindre les personnes en charge de son dossier, en écrivant quantité de lettres. C’est ainsi à force d’insistance qu’il a appris que les travaux n’avaient pas encore débuté, tous les rapports des ingénieurs n’étant pas encore bouclés, et qu’ils devraient commencer en avril prochain sur une durée d’une année. Des informations qui n’ont pas pu être confirmées par Foncia Geco, le directeur restant injoignable.
Quelques jours après l’explosion, Bernard Volery et sa femme, tous deux jeunes retraités, s’estimaient plutôt privilégiés: ils s’étaient installés dans leur chalet de Bullet pour six mois, pensaient-ils. «Mais si j’avais su qu’il faudrait attendre avril 2013 pour rentrer chez nous, j’aurais demandé à ce qu’on me trouve un appartement à Yverdon. Toute notre vie sociale s’y trouve», souligne Bernard Volery. Ses affaires personnelles ont été évacuées par des entreprises mandatées pour les nettoyer. «Ils nous ont tout entreposé dans un petit dépôt, entassant pêle-mêle meubles et cartons. Impossible d’y retrouver quoi que ce soit, ni de vérifier si tout est là», explique Bernard Volery.
Et d’ajouter: «Nous n’avons pas pu seconder les personnes qui se sont occupées de nos affaires personnelles, ce qui représente pour nous, dans une certaine mesure, une violation de notre sphère privée.» Il regrette également qu’en novembre dernier, après une longue attente, ils n’ont eu qu’une heure dans leur appartement pour prendre le strict nécessaire: «Nous n’avons en tout cas pas eu le temps de faire un inventaire.» Sans compter qu’il n’a toujours pas une clé d’accès ni à sa cave, ni à son garde-meubles…