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Enlèvement de Mia: lancement d’un mandat d’arrêt international
(KEYSTONE/Christian Brun)

Enlèvement de Mia: lancement d’un mandat d’arrêt international

20 avril 2021

La justice française a lancé mardi un mandat d’arrêt international à l’encontre de Rémy Daillet. Cette figure du mouvement complotiste est soupçonnée d’avoir contribué à l’organisation de l’enlèvement de la petite Mia, retrouvée dimanche à Sainte-Croix (VD).

Ce mandat d’arrêt délivré par un juge d’instruction de Nancy « a été pris au regard de plusieurs éléments, dont les auditions de certaines des personnes placées en garde à vue et mises en examen », précise dans un communiqué le procureur de la République François Pérain.

« Au regard de ces éléments, Rémy Daillet apparaît comme l’animateur principal de la ‘mouvance’ dans le cadre de laquelle s’inscrivent les mis en cause », ajoute le magistrat. Il aurait « joué un rôle dans l’organisation de l’enlèvement et aurait ainsi fourni les coordonnées » de la femme qui a accueilli la mère et l’enfant à Neuchâtel.

« Un fou furieux »

Selon le journal Le Parisien, Rémy Daillet, 54 ans, un ancien cadre du MoDem en Haute-Garonne, vit en Malaisie depuis plusieurs années. Exclu du parti centriste en 2010, il est devenu depuis une figure du mouvement complotiste.

« C’était un fou furieux », se rappelle la présidente de la fédération du MoDem de Meurthe-et-Moselle Danièle Noël, qui évoque un homme « complètement mythomane, délirant », tenant « des propos complètement incohérents ». « Il était dans le complot, dans le délire. Ses propos n’étaient pas ceux d’un homme sensé. Il était anti-système, anti-Etat. On l’a exclu », a-t-elle raconté à l’AFP.

« Pas d’enlèvement »

Dans une vidéo mise en ligne mardi, Rémy Daillet tente de se défendre. Sans évoquer nommément Mia, il réfute le terme d’enlèvement.

« La grosse presse tente de nous discréditer au maximum en m’accusant par exemple de fomenter des enlèvements », affirme-t-il dans cette vidéo assez décousue de cinq minutes. « Notre organisation, libre, résistante, rend des enfants kidnappés par l’Etat à des parents, à leur demande. Il n’y a donc absolument pas d’enlèvement ».

Dans d’autres vidéos plus anciennes, il défend l’idée d’un coup d’Etat populaire et se dit opposé aux impôts, aux vaccins, aux masques ou à la 5G.

Alerte enlèvement

La petite Mia, 8 ans, avait été enlevée mardi dernier à la demande de sa mère par plusieurs hommes alors qu’elle était hébergée chez sa grand-mère maternelle dans un village des Vosges. Sa mère n’avait plus le droit de la voir seule ni de lui parler au téléphone.

Une Alerte enlèvement avait rapidement été diffusée et d’importants moyens policiers ont permis de la retrouver dimanche matin avec sa mère en Suisse, dans un squat de Sainte-Croix. Elles avaient auparavant transité par Estavayer-le-Lac (FR) et Neuchâtel.

Toutefois, la Suisse ne semblait être qu’une étape pour Mia et sa mère: « Selon un témoin proche d’un des mis en cause, l’objectif (de leur fuite) était la Russie », a précisé à l’AFP François Pérain.

Opération « militaire »

La petite fille a pu être remise lundi à sa grand-mère qui en a la garde. Les cinq hommes qui ont organisé son kidnapping sont poursuivis pour « enlèvement en bande organisée d’une mineure de (moins de) quinze ans et association de malfaiteurs ». Quatre d’entre eux ont été placés en détention. Un sixième homme est toujours recherché.

Ils se revendiquent de la mouvance anti-système. Pour enlever la petite fille, ils avaient présenté à sa grand-mère des papiers falsifiés à en-tête du ministère de la Justice, se faisant passer pour des représentants de la protection de l’enfance. Le rapt a été conçu « comme une opération de type militaire », selon M. Pérain.

Les cinq suspects se sont « rencontrés via les réseaux sociaux et partagent une même communauté d’idées », avait encore noté le magistrat. « Ils sont contre l’Etat et mobilisés contre ce qu’ils appellent la dictature sanitaire ».

Lola Montemaggi, ainsi qu’un ressortissant français qui l’a aidée en Suisse, sont quant à eux en détention dans le canton de Vaud, faisant face à une procédure d’extradition. Leurs auditions « auront lieu demain » mercredi, ont indiqué les autorités judiciaires helvétiques à l’AFP.