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Ensemble ils retrouvent foi en la vie
Yvedon, 15 décembre 2018. Marche blanche contre la violence. © Michel Duperrex

Ensemble ils retrouvent foi en la vie

16 décembre 2018 | Edition N°2397

Quelque 200 personnes se sont réunies samedi soir à la place de l’Amitié pour se lancer dans une marche solidaire contre les violences qui ont meurtri la ville.

Exactement un mois après les deux homicides qui ont ébranlé l’ensemble des Yverdonnois, près de 200 personnes se sont mises en marche, bougies et pancartes à la main, afin de ramener un brin de lumière au cœur d’une ville assombrie par une succession de drames. «Nous avons été marqués par des évènements tristes et des injustices, des moments de vie incompréhensibles. Nos quotidiens et nos rues en ont souffert. Nous nous réunissons ce soir (ndlr: samedi) pour faire un pas en avant, un pas dans le sens de l’espoir, de la reconstruction, sans oublier toutefois ce qui a été triste, tragique et révoltant», a déclaré Mathilde Marendaz. Avec ses camarades d’AlternatYv, elle a donné l’impulsion pour organiser ce rassemblement, qui a vite trouvé écho auprès du Centre d’animation de jeunesse œcuménique (CAJO) du Nord vaudois et des gymnasiens.

Une jeunesse meurtrie mais motivée

«Devenons une énergie positive, communicative et de paix dans notre vie quotidienne et dans notre ville, pour amplifier la beauté et la justice du monde», a renchéri Morgane Lindanda, bouleversée non seulement par les deux meurtres du mois de novembre mais aussi par les suicides qui ont frappé le gymnase. «Le but de cette marche, c’est aussi de prendre le temps de faire le deuil. Notre société va tellement vite qu’elle ne nous laisse pas le temps de panser nos blessures», a ajouté Mathilde Marendaz. «On avait surtout besoin de marquer le coup et de se retrouver ensemble», a confié Maud Fiere, au nom du CAJO.

Camarades de classes, amis et proches, nombre de participants connaissaient l’une ou l’autre des victimes. «C’était important que l’on montre qu’on se sert les coudes, pour que tout ces drames cessent, raconte une gymnasienne. Yverdon-les-Bains commence à avoir l’étiquette de ville dangereuse alors qu’elle a tellement plus à offrir. Elle a une âme magnifique et on la voit ici.»

Bien qu’initiée par les jeunes, la marche solidaire a également pu compter sur la participation de bon nombres d’adultes, comme Daniel et Eliane Charbon. «Nous avons été bouleversés par ces deux meurtres. Nous tenions à faire part de notre indignation et de notre espoir de sortir de cette ambiance qui règne au gymnase notamment. Tous les moyens sont bons pour proclamer qu’on est solidaires», a témoigné cette grande-maman, inquiète du monde qu’elle laissera à ses petits-enfants. «Ces évènements m’ont beaucoup touchée et étonnée, car je pensais qu’Yverdon-les-Bains était une ville sûre», a livré Manisha Beltrami.

A l’issue de la rencontre, la vice-présidente du Conseil communal, Natacha Ribeaud Eddahbi (PS), a pris la parole: «Ces violences, qu’elles soient physiques ou psychologiques, qu’elles aient lieu dans le cercle privé ou en public, dans un parc ou un gymnase, elles ne sont pas admissibles, a-t-elle souligné. Il appartient à chacun d’entre nous de ne pas nous résigner à penser que ces violences sont normales. L’indifférence est notre plus grand ennemi.» Un détachement qui pèse justement sur les épaules de certains jeunes qui se sentent délaissés par les adultes, selon une enseignante: «Ils ont parfois juste besoin qu’on les écoute et qu’on parle avec eux pour voir qu’on est aussi touchés et concernés par ces drames et par ce qu’ils ressentent.»

«Il va y avoir du changement»

«Paix», «Solidarité», «Besoin d’amour»: les mots inscrits sur les pancartes inspiraient la compassion. Loin d’être prostrés, les participants à la marche avaient le sourire, ils rigolaient et chantaient des musiques joyeuses à travers les rues, telles que Ti amo d’Umberto Tozzi. «C’est notre façon à nous de montrer que l’on va de l’avant», a relevé Mathilde Marendaz. «On n’a plus envie de rester muets. Et je pense qu’il va y avoir du changement maintenant», a assuré une gymnasienne, le cœur empli d’espoir.

Christelle Maillard