Déjà en hausse en 2024, le bilan du mois de janvier confirme la tendance ascendante du taux de chômage dans le canton de Vaud.
Le canton de Vaud annonçait une augmentation de son taux de chômage de 0,3 point en décembre 2024. À ce moment-là, il s’élevait donc à 4,5%. Tous les secteurs économiques n’étaient pas équitablement touchés par la pénurie de travail. Il s’agissait majoritairement du secteur de l’hébergement et de la restauration, ainsi que l’industrie manufacturière.
Aujourd’hui, le taux de chômage du mois de janvier 2025 est à 4,7%, démontrant une tendance à la hausse. Les secteurs touchés sont cette fois un peu différents. Il s’agit notamment des services de nettoyage et de conciergerie, des spécialistes et auxiliaires de la restauration et «barmen», et les métiers qualifiés du bâtiment, sauf électriciens. Le secteur des industries de machines est quant à lui toujours autant touché.
Entre problèmes internes et externes
Pour expliquer ce phénomène, Alain Bolomey, directeur général adjoint au sein de la Direction générale de l’emploi et du marché du travail (DGEM) propose quelques pistes d’interprétation. Premièrement, la hausse du taux de chômage correspond à un phénomène cyclique qui s’observe chaque année. En été, de nombreux nouveaux diplômés arrivent sur le marché du travail et les métiers du gros œuvre sont en vacances. En hiver, le chômage frappe le milieu de l’hôtellerie et de la restauration, notamment les emplois saisonniers. De plus, en fin d’année, c’est le moment où certaines missions, de nettoyage par exemple, prennent fin. En ces termes, la conjoncture se trouve dans une tendance plutôt normale.
En revanche, la conjoncture mondiale, elle, est plutôt inédite et influence directement le marché du travail en Suisse. Ainsi, les incertitudes économiques mondiales, le franc fort, la situation économique et politique des pays voisins, ou encore les guerres (Ukraine, Proche-Orient) entraînent «une conjoncture morose pour une partie du secteur», explique le directeur adjoint. À ce titre, le Canton avait à nouveau débloqué le Fonds d’aide aux entreprises en décembre 2024, pour soutenir le secteur des PME particulièrement touché.
Dans le Nord vaudois
S’il est difficile d’avoir des chiffres concernant uniquement le district Jura-Nord vaudois, la DGEM explique que «sur le plan régional, le district de Morges affiche ce mois (ndlr: de janvier) un taux de chômage inchangé. Tous les autres districts voient leur taux de chômage augmenter», englobant ainsi la partie septentrionale du canton dans ce décompte.
Quelles prévisions possibles?
La courbe continuera-t-elle son ascension? Les experts ne s’accordent pas sur le sujet, surtout avec la conjoncture mondiale imprévisible actuelle, selon Alain Bolomey, directeur général adjoint. «Si les prévisions de la SECO (ndlr: Secrétariat d’état à l’économie) étaient optimistes en septembre 2024, les récentes annonces mondiales, notamment les décisions américaines concernant les taxes d’importation et d’exportation, ont ramené de l’incertitude. Dans ce climat économique fluctuant qui ne doit pas être sous-estimé, les prévisions les plus optimistes tablent sur une conjoncture économique qui devrait repartir en avril», conclut-il.
La barrière du Röstigraben frappe encore
La Suisse n’en est pas à une différence de part et d’autre du Röstigraben. L’une des disparités notables est notamment le taux de chômage entre les deux régions. En 2023, le taux de chômage romand était de 3,3% contre 2,0% en territoire alémanique.
En janvier 2025, les disparités sont toujours aussi importante (voir graphique). Et c’est une tendance qui dure, comme le relève Le Temps dans un article du 6 août 2024. Mais comment expliquer ce phénomène que les difficultés rencontrées par le secteur horloger ne suffisent pas à justifier?
Une des hypothèses culturelles avance que les cantons alémaniques n’auraient pas la même attitude envers l’assurance chômage que les romands. Ils rechigneraient à s’y inscrire, même s’ils y ont droit, donnant alors l’impression d’un déséquilibre dans les places de travail à disposition. Cependant, comme le révèle Alain Bolomey, les études à ce sujet sont également critiquées.
Celui-ci explique également que le paysage industriel romand, et notamment vaudois, est très diversifié et possède un fort pouvoir d’attraction, que ce soit pour les frontaliers ou les autres Romands, créant également plus de concurrence.