Élections cantonales – Quelles ont été les réflexions stratégiques au moment d’inscrire, ou non, le nom d’un candidat au Conseil d’État sur la liste fixée pour l’élection au Grand Conseil ? Plusieurs visions s’affrontent.
Inscrits tout en haut des listes pour l’élection au Grand Conseil vaudois du 30 avril prochain, trônent les noms du conseiller d’État sortant Pascal Broulis (PLR) et celui de la conseillère nationale Cesla Amarelle (PS). Par contre, celui du conseiller national Jacques Nicolet (UDC) n’y figure pas. L’explication du citoyen de Lignerolle s’avère assez simple. «Vis-à vis du citoyen, cela n’aurait pas été loyal, explique Jacques Nicolet. Mon nom aurait peut-être tiré la liste un peu plus loin, mais si je suis élu au Conseil d’État, je ne le serais, de fait, pas au Grand Conseil et je démissionnerais du Conseil national. Si l’élection à l’Exécutif cantonal devait mal se passer, je conserverais mon mandat à Berne, sans prendre celui à Lausanne, même si je devais y être appelé.»
Calendrier bancal
L’autre choix qui a orienté le choix de l’UDC est de nature organisationnelle. La liste du Jura- Nord vaudois avait été arrêtée en novembre 2016, soit avant la désignation officielle de Jacques Nicolet comme candidat au Conseil d’État. «On se voyait mal aller demander à quelqu’un de se retirer, avoue Jean-Pierre Grin, conseiller national de Pomy. Nous avons aussi pensé que les quatre sortants seraient de bonnes locomotives pour la liste. Et cette place en plus permet aussi de former la relève.»
Mathématiques de base
Au parti socialiste, la réflexion a été construite sur une base mathématique. «Il s’agit d’un calcul bien plus simple que ceux qui régissent les finances publiques, commence Cesla Amarelle. On sait par expérience qu’un candidat au Conseil d’État amène entre 1% et 3% de suffrages supplémentaires à la liste sur laquelle il occupe la tête. Dans notre idée de remporter un siège supplémentaire au Grand Conseil, il nous a semblé simplement logique que mon nom soit inscrit en tête de liste.»
Au centre aussi
Finalement, le cas de Sylvie Villa, candidate PDC au Conseil d’État, inscrite en tête de la liste de l’Alliance du Centre qui réunit cinq partis, demeure différent des situations évoquées ci-dessus. Ni conseillère nationale, ni conseillère d’État sortante, la candidate de Mauborget a surtout pris la tête des candidats par conviction. «Il s’agissait pour moi d’avant tout montrer l’exemple en tant que femme, insiste Sylvie Villa. Personnellement, quel que soit le scénario qui se dessinera le 30 avril ou le 21 mai (ndlr : 2e tour pour le Conseil d’Etat), j’assumerai la fonction que les électeurs auront bien voulu me confier.» Au final, les stratégies ne s’avéreront bonnes ou mauvaises qu’à la lumière des résultats finaux. La réponse tombera donc en partie le 30 avril.
Pour les Libéraux-Radicaux, il s’agit d’une habitude historique
Pascal Broulis, conseiller d’État sortant, figure en tête de la liste PLR du sous-arrondissement d’Yverdon-les-Bains. Il a de grandes chances d’être réélu et, donc, de laisser sa place à un des viennent-en-suite. Alors certes, il occupe une des quinze places sur la liste, mais la fait également profiter de son aura personnelle. «En fait, détaille Philippe Miauton, secrétaire général du PLR vaudois, le fait de placer le conseiller d’État sortant en tête de liste relève de la tradition, de l’habitude. Il y a longtemps, on a pu estimer que si l’élection au Conseil d’État devait mal se passer, le candidat entrait au Législatif et ne se voyait ainsi pas complètement exclu de la politique. Par ailleurs, il me semble que les électeurs sont tout à fait conscients que ce double mandat n’est pas possible.»
Grand Conseil
Il est bien sortant
Dans notre édition d’hier, sur la double page présentant les candidats au Grand Conseil, nous avons manqué d’entourer le député socialiste de la vallée de Joux Nicolas Rochat Fernandez d’un halo violet, signifiant qu’il était sortant. Avec nos excuses.