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Fabrice Fauser, une force dans la nature
Fabrice Fauser, seul au monde lors de l’Ultra Trail des Montagnes du Jura, entre la France et la Suisse.  Photo: Ben becker / UTMJ

Fabrice Fauser, une force dans la nature

9 octobre 2020

Guéri d’un cancer des glandes lymphatiques en 2015, l’Arnésien de 33 ans s’est remis au sport avec un aplomb décoiffant. Il s’est adjugé la première édition de l’Ultra Trail des Montagnes du Jura sous la neige, le week-end dernier.

 

«J’ai voulu me remettre au sport pour profiter de la vie, de chaque instant. Et quoi de mieux que de se retrouver en plein air pour découvrir différentes régions et des paysages par le biais du sport?» Fabrice Fauser est un homme comblé. À 33 ans, il s’épanouit dans l’effort en pleine la nature, lui l’ancien cycliste prometteur.

«Je faisais partie du VC Orbe, reprend-il. Je roulais alors avec Danilo Wyss et Michael Randin. Puis j’ai un peu délaissé le sport.» Jusqu’à ce qu’il tombe gravement malade, en 2015, touché par un lymphome contre lequel il a gagné son combat. Un déclic. «Je m’étais un peu perdu dans le travail», estime-t-il, avec le recul. Sa vie n’est, depuis, plus la même. «Je me suis reconstruit peu à peu en chaussant mes baskets de course. D’abord sur des petites distances, puis en courant chaque fois un peu plus longtemps.»

Le trentenaire d’Arnex-sur-Orbe, membre des coureurs hors stade de l’USY Athlétisme, assouvit sa nouvelle passion dans la région, mais aussi dans celle de Grindelwald, où il partage un appartement avec sa maman. «J’ai toujours aimé courir en montagne, et là, au cœur des Alpes, je suis servi. Je fais d’ailleurs partie du Team Salomon de Grindelwald.»

Une grande victoire

Le week-end dernier, il a remporté la première édition de l’Ultra Trail des Montagnes du Jura, au nez et à la barbe des plusieurs pointures françaises de la discipline. «Il y avait quelques coureurs de classe mondiale au départ, relève le Nord-Vaudois. Obtenir un tel résultat est super motivant, et les émotions vécues à l’arrivée… c’est tout ce qu’on demande quand on fait du sport.»

Fabrice Fauser récolte les fruits des efforts consentis depuis son retour au sport, les fruits de sa détermination et de sa force mentale. «Je me suis super bien préparé durant l’été, notamment auprès de VO2 Sport, à Yverdon. J’ai même été m’entraîner durant trois semaines en altitude à Saint-Moritz.»

Sa connaissance du terrain dans la région, notamment lors de la descente des crêtes du Suchet, sur un terrain rendu très gras par les intempéries – seule une poignée de trailers ont pu passer dans le secteur, les suivants ont été déviés –, a parlé en sa faveur. «Cette descente, je l’ai déjà faite par tous les temps. Je savais où poser les pieds.»

Habitué des longues distances, il n’avait encore jamais pris le départ d’un trail de 180 km. «Je suis parti avec une certaine appréhension et beaucoup de respect pour la distance.» Seul en tête après le 30e kilomètre, il n’a plus revu aucun de ses adversaires, de jour comme de nuit, et a franchi la ligne d’arrivée en 24h53’39.

Comme l’épreuve se déroulait près de la maison, il a pu compter sur le soutien de ses proches pour se mettre régulièrement au chaud dans un camping-car. À partir de 22h, il a commencé à faire très froid. «Aux Aiguilles de Baulmes, il y avait dix centimètres de neige, raconte le vainqueur. Pouvoir m’arrêter dans de bonnes conditions, mettre des habits secs, c’était la clé pour arriver correctement au bout.»

Fabrice Fauser a pris un nouveau départ il y a cinq ans. Il envisage l’avenir avec enthousiasme, et se voit courir en Autriche l’an prochain, après avoir pris le départ du Jura Swiss Trail de Baulmes. Le voilà parti à l’aventure, en pleine nature. «J’ai envie de découvrir d’autres cultures, de nouveaux pays et des paysages par le trail, se projette-t-il. On verra si cela sera possible.» Qui en douterait?

 

 

La très belle surprise Stéphanie Perriard

 

Reconvertie dans les sports d’endurance, l’ancienne championne de Suisse de bodybuilding est décidément une sacrée dure au mal. Habitante de Peyres-Possens, village de la commune de Montanaire, la sportive de bientôt 35 ans a remporté l’Ultra Trail des Montagnes du Jura dans la catégorie féminine.

«J’ai réalisé mon premier ultra trail en juillet dernier, à Montreux, et je m’étais assez bien classée, raconte celle qui travaille à Orbe depuis des années. J’ai ensuite pris le départ d’une deuxième course du genre dans l’Ain, mais j’avais dû abandonner.» L’UTMJ n’était que sa troisième expérience sur une distance extrême, et elle est montée sur la plus haute marche du podium. «Je n’étais pas partie dans cette optique, sourit-elle, ravie. Ça a été une bonne surprise. J’imaginais plutôt franchir la ligne d’arrivée en soirée, et ça a été en milieu d’après-midi, même si un bout du parcours a été coupé à cause des chutes de neige.»

Dans des conditions très humides, carrément dantesques en fait avec la pluie et la neige, Stéphanie Perriard n’a pas eu de coup de mou. Là où deux tiers des participants ont abandonné en cours de route, elle a tenu le coup, se classant 12e toutes catégories confondues (hommes inclus), à 5h30 du vainqueur Fabrice Fauser.

 

 

Sacrée première

 

La première édition de l’Ultra Trail des Montagnes du Jura a réuni quelque 2000 participants répartis sur cinq distances (de 19 à 180 km), le week-end dernier, au départ de Lancrans pour la course reine. La ligne d’arrivée se trouvait à Métabief.

Le tracé du trail a emmené les coureurs à travers quarante communes de France et de Suisse, dont un passage au Suchet et aux Aiguilles de Baulmes.

D’autres Nord-Vaudois se sont mis en évidence: Jean-Luc Besson a terminé 16e des 112 km (2e de sa classe d’âge 40-44 ans) et Christian Cachemaille 25e.

Manuel Gremion