Fantastiques Jeunesses
1 avril 2025 | Texte: Lena Vulliamy | Photo: Gabriel LadoEdition N°3920
La jeune écrivaine Zoé Lucie Meusy était une nouvelle fois au Salon du livre de Genève. Après avoir publié deux romans fantastiques destinés aux ados, elle a terminé la rédaction d’une trilogie dans l’univers des Jeunesses, qui a été validée par sa maison d’édition.
Une robe-salopette pied-de-poule, des boucles blondes et le rire communicatif, Zoé Lucie Meusy répond à nos questions devant un thé froid maison. à 22 ans, la jeune femme a déjà publié deux livres, en a écrit une bonne quinzaine d’autres et a terminé un apprentissage d’assistante socio-éducative en EMS. Exerçant aujourd’hui son métier dans une classe d’école enfantine à la Fondation de Verdeil à temps partiel (63,82%, soyons précis!), il lui reste un peu de temps pour faire ce qu’elle aime: écrire dans la maison familiale isolée à Bonvillars, lire, faire la fête avec sa société de Jeunesse et chanter.
Comment vous êtes-vous retrouvée au Salon du livre?
Ma maison d’édition m’invite chaque année depuis la publication de mon premier livre (ndlr: «La fille du diable», paru en 2019). C’est une chouette opportunité, aussi parce que comme le dit mon éditeur, si l’auteur n’est pas là, le livre se vend beaucoup moins bien. Et puis c’est l’occasion pour moi d’acheter beaucoup de livres!
Que lisez-vous?
Beaucoup de romance, parce que pour moi, un livre sans histoire d’amour n’est pas un bon livre (rires). J’aime aussi beaucoup les romans historiques, notamment sur la Seconde Guerre mondiale. Je lis un peu de tout, sauf les polars.
Est-ce la même chose pour les films et les séries?
Non, au contraire, je trouve les films romantiques gnangnans. Je préfère les films d’action, comme Fast and Furious.
Qui sont les auteurs ou autrices qui vous inspirent?
Virginie Grimaldi, parce qu’elle a le don de nous faire pleurer puis rire l’instant d’après, elle est incroyable. Dans le même style, Valérie Perrin. J’aimais aussi beaucoup Simone Fuentes quand j’étais adolescente. Elle a probablement inspiré mes romances entre le bad boy et la fille intelligente.
Vos deux premiers romans se déroulent dans le même univers fantastique: en quoi diffèrent-ils l’un de l’autre?
La Fille du Diable a plus de magie, qui m’inspirait davantage quand j’étais ado, alors que Où est-tu, Nahida? contient plus de romance.
Vous n’aviez que 14 ans lorsque votre premier roman est paru. Quel regard portez-vous dessus aujourd’hui?
Je sais que je ne l’écrirais pas comme cela aujourd’hui. La fin ne serait pas la même, je ferais des choix différents, c’est terrible! Je n’ai d’ailleurs pas réussi à le relire.
Une maison d’édition s’y est néanmoins intéressée!
Oui, c’est là que je me dis qu’il doit quand même valoir quelque chose. J’aurais néanmoins fait différemment. Par contre, je traversais une mauvaise période quand j’ai commencé à l’écrire et j’avais décidé que quand il serait terminé, j’irais mieux. Et ça a été le cas!
Votre prochain roman parle des Jeunesses campagnardes. Pourquoi?
Comme je fais partie d’une société de Jeunesse, c’est un sujet qui me touche beaucoup. Moi qui suis une grande romantique, j’avais envie de relever leur côté agence matrimoniale. Quand je travaillais en EMS, les résidents me parlaient de leurs histoires d’amour et il était souvent question de rencontres dans des bals de Jeunesse. Et pas seulement, il y a aussi des histoires d’amitié. Et c’est une école de vie: on apprend à manier des outils, à organiser des événements, on fréquente des personnes plus âgées, c’est génial.
Voilà pour le contexte. Quelle est la trame de l’histoire?
Pour le premier tome, je me mets dans la peau d’une journaliste qui doit couvrir les rencontres de Provence-Mutrux qui ont eu lieu en 2019. L’exercice n’est d’ailleurs pas évident, car il y a des articles et ce n’est pas la même chose qu’écrire des livres! Je voulais qu’une personne d’une Jeunesse puisse s’identifier et que quelqu’un qui ne s’y connaît pas puisse comprendre et tordre le cou à certains clichés. Je vais cependant demander une relecture, parce que même si je m’y connais en Jeunesses, ce n’est pas comme dans le fantastique, où on invente un monde.
En parallèle de l’écriture, vous aimez chanter. Quelle place la musique occupe-t-elle dans votre vie?
Elle était très importante avant que je prenne goût à l’écriture: j’écrivais même mes chansons. Aujourd’hui, je suis chanteuse soliste dans le groupe Accordia, mais le reste du temps, je suis plutôt une chanteuse de salle de bains (rires)!
Comment vous imaginez-vous dans dix ans?
J’aimerais pouvoir vivre de mes romans, quoique… Parce que je ne voudrais pas devoir écrire pour être rentable. Et j’ai très peur du syndrome de la page blanche, donc j’espère simplement que j’écrirai toujours. Mais je me vois surtout mariée et maman, c’est mon plus grand rêve.
L’écriture vous vient naturellement?
Quand j’écris, c’est comme si j’avais un petit bonhomme sur l’épaule qui me dictait quoi écrire. J’ai parlé avec des auteurs qui mettent un mois pour écrire un chapitre parce qu’ils retravaillent chaque phrase sur le moment. Moi, j’écris très vite, mais c’est le travail de correction qui prend du temps.
Avez-vous besoin d’un cadre pour écrire?
Oui (rires)! Je dois être dans ma chambre, la porte fermée, avec un thé et une bougie. À la base, c’est parce que j’avais un stock à liquider, mais aujourd’hui c’est un rituel. J’ai l’impression que mon grand-père paternel est avec moi de cette manière. Et j’ai une grande bibliothèque au-dessus de mon bureau, ça m’inspire.
Comment est impliquée le reste de votre famille dans l’écriture de vos romans?
Ma maman est d’un grand soutien. Elle était libraire et me donne beaucoup de conseils. C’est aussi ma correctrice. Ma sœur me soutient beaucoup aussi. Petites, nous disions que si je sortais une chanson ou un livre, elle deviendrait ma manager (rires). Ce n’est pas le cas, mais elle est là pour moi. Mon père est moins impliqué, mais il a lu mes deux romans et je crois qu’il est fier de moi. Quant à mon frère, il n’a pas lu mon deuxième roman, mais j’espère que la trilogie sur les Jeunesses l’intriguera. Il est mécanicien sur machines agricoles et j’en parle dans le livre, c’est un clin d’œil à lui.