«Fontenay c’est vraiment la famille»
8 mai 2014Plus vieille employée de la Commune d’Yverdon-les-Bains, Marie-Louise Massonnet, va quitter son poste de concierge à la fin du mois, après 50 ans au service de l’édifice de la rue Sainte-Georges et des paroissiens.
Le bruit caractéristique d’un balai rassemblant des feuilles précède l’apparition de Marie-Louise Massonnet au détour du Temple de Fontenay. Dans sa 94e année, la plus ancienne collaboratrice de la Ville d’Yverdon-les-Bains va prendre sa retraite peu après les festivités anniversaire de ce week-end (voir encadré). Un événement qu’elle appréhende. «Je suis un peu secouée. J’aimais bien ce coin et ce travail. Jusqu’à maintenant, j’ai été la seule et unique concierge du temple», souligne-t-elle. Son lien avec l’édifice et son entourage est d’autant plus fort qu’elle a pu s’y raccrocher lorsqu’un drame a bouleversé sa vie.
«En 1957, j’ai perdu mon mari dans un accident. Je devais m’occuper de mes trois enfants âgés de 3 à 12 ans avec une rente de veuve de 160 francs par mois. Cela n’allait pas bien», avoue-t-elle.
Conscient de sa détresse, le pasteur de l’époque, Daniel Savary (elle en a connu neuf), qui lui avait annoncé la triste nouvelle, l’a approchée. «Il m’a dit qu’ils cherchaient une concierge pour le Temple de Fontenay. La première fois, je lui ai répondu que cela ne m’intéressait pas, mais il est revenu à la charge et j’ai décidé d’essayer », indique Marie-Louise Massonnet.
Dans son nouvel environnement, elle apprend le «tas de choses à faire» liées à son poste. S’occuper de l’entretien du bassin, du temple, du gazon. Faire face aux incivilités (lire La Région du 22 avril). «Toutes les grosses fenêtres ont dû être remplacées. Les premiers temps, des gamins posaient problème. Maintenant, je crois que c’est des jeunes», s’indigne- t-elle.
La concierge a aussi assisté aux mariages, enterrements et cérémonies religieuses. «J’ai dû manquer un ou deux dimanches en tout. J’achète encore les bouquets de fleurs et je prépare la Sainte-Cène.» Pendant un certain temps, Marie-Louise Massonnet a même fait office de garde d’enfants durant le culte. «Des fois, je me suis retrouvée avec dix à douze poussettes. Nous allions nous promener, nous chantions, et j’organisais des jeux», se rappelle-t-elle.
La dernière contribution qu’elle mentionne dénote l’importance du Temple de Fontenay à ses yeux, par moments pas loin de s’imbiber de larmes. «La solitude me pesait après le culte. J’ai donc invité les paroissiens à se réunir dans la sacristie. Je prépare le café et les tasses et ils aident à ranger la salle», précise-telle. Réunissant une assistance confidentielle à ses débuts, son rendez-vous s’est petit à petit institutionnalisé, attirant parfois jusqu’à une trentaine de personnes.
Quitter son poste, Marie- Louise Massonnet y pensait depuis quelque temps. Mais cette décision est douloureuse car elle a le sentiment de prendre congé de sa famille. Une famille à laquelle elle a appris à s’ouvrir au fil des ans. «Au départ, j’étais un peu sauvage. J’ai reçu une éducation stricte. Je n’avais rien le droit de dire. Petit à petit, j’ai pris de l’assurance et trouvé ici la chaleur qui me manquait», déclare la concierge du Temple de Fontenay. Membre d’une famille de huit enfants, Marie-Louise Massonnet a été placée à Lignerolle jusqu’à son adolescence. Mariée en 1942, elle a rejoint Yverdon-les-Bains où sa carrière professionnelle a coïncidé avec une formidable aventure humaine.
«C’est une pierre précieuse pour une paroisse», conclut le diacre Jacques Wenger.
50 ans du Temple de Fontenay
Trois jours de fête
Le Temple de Fontenay va célébrer comme il se doit ses 50 ans. Les réjouissances débuteront vendredi soir à 20h, avec le spectacle du Quatuor Bocal. Le nombre de places étant limité, cet événement se déroulant sous cantine, une inscription préalable au 024 425 90 22 est requise. Chapeau à la sortie. Samedi, le public pourra découvrir (de 10h à 17h) une exposition retraçant l’histoire du temple par le biais de dix panneaux explicatifs et illustrés. Ces derniers reprennent les différents chapitres du livre commémoratif «Fontenay, le béton au service du divin». L’exposition se poursuivra jusqu’au 18 mai. Elle sera ouverte tous les jours de 15h à 17h. A noter que les maquettes de l’édifice réalisées en 1961 par l’architecte seront aussi exposées samedi. De 14h à 17h, les enfants seront à l’honneur, avec Blanchi le conteur et comédien et Francesca le clown. La «journée des voisins» prendra le relais à partir de 17h, avec pique-nique et animation musicale le soir (dès 18h30).
Dimanche : Culte (à 10h précises), brève partie officielle et apéro offert par la Commune sont au programme. À 12h30 : repas simple (inscription préalable): 20 francs pour les adultes et 10 francs pour les enfants.