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Fort engouement pour le futur collège
Une esquisse de ce qui pourrait être la cour d’école et une belle place de village. Image; Fesselet et Krampulz

Fort engouement pour le futur collège

3 avril 2021

Si les projets de bâtiments publics suscitent toujours beaucoup d’intérêt – ils permettent aux bureaux d’architecture de se faire connaître –, les autorités des bords de l’Arnon ne s’attendaient pas à un pareil engouement lorsqu’elles ont lancé le concours pour le futur Centre scolaire et sportif. Au final, ce sont quelque 80 projets qui ont été présentés. Sept d’entre eux ont été primés et la palme est revenue à «King Kong», le projet du bureau Fesselet et Krampulz à Vevey (voir La Région du 29 mars).

Tous ces projets ont été soumis à l’évaluation d’un jury de douze membres – sept professionnels et cinq non-professionnels – présidé par Jérôme Schaffner, municipal. Son collègue Stefano Ampezzan, en charge des finances, y représentait aussi l’Exécutif. Outre les municipaux champagnoux, l’Arrondissement scolaire, la structure d’accueil de jour et la direction des écoles avaient des jurés.

Le premier problème à régler a été celui de l’exposition des travaux, afin de permettre un examen détaillé. Il n’est pas évident de trouver un endroit pour placer plusieurs dizaines de mètres linéaires de panneaux. Fort heureusement, le domaine de Mont Fleuri abrite de vastes locaux inoccupés et ils ont pu accueillir les travaux des candidats dans de bonnes conditions… techniques.

Car pour les jurés, les quatre jours d’évaluation, fin janvier et début février, ont pris des allures d’expédition dans les Alpes, même si un chauffage à air chaud leur a permis de surmonter le grand froid. Ils n’ont en tous les cas pas ménagé leur peine, souligne Jean-François Loup, architecte associé du Bureau Dolci à Yverdon-les-Bains, qui a accompagné toute l’opération.

Lors de la partie officielle, jeudi dernier, Fabian Gagnebin, syndic de Champagne, a exprimé sa gratitude aux personnes qui se sont impliquées dans ce concours et, bien entendu, aux concurrents qui, malheureusement, en raison des règles sanitaires, n’ont pu, exception faite des vainqueurs, participer à la proclamation du palmarès.

Le syndic n’a pas manqué de résumer le long processus qui a, dans un premier temps, permis de légaliser la zone dans laquelle le projet de Centre scolaire et sportif devrait être réalisé. La préparation du cahier des charges du concours, avec le soutien de Dolci Architectes, a permis d’entrer dans le vif du sujet, soit un programme qui vise à construire des classes, des locaux pour l’accueil parascolaire, et les équipements pour les sociétés locales, qui en ont grandement besoin, leurs locaux actuels étant vétustes.

Le futur centre, construit principalement sur les terrains de football actuels, permettra aussi de résoudre un lancinant problème de sécurité. En effet, le vieux collège est situé en bordure de la route qui traverse le village, avec des pointes de trafic de plus de 5000 véhicules par jour.
«Nous avons découvert les projets à la volée. Puis nous nous sommes livrés à un examen plus détaillé. A la fin du deuxième jour, il ne restait que dix dossiers. Nous avons procédé à des repêchages, dont celui du projet lauréat», a révélé Jérôme Schaffner. Et le président du jury de poursuivre: «Votre projet répond à ce qu’on attendait. Il préserve le village. Vous avez bien senti cela.»

Laurent Fesselet, architecte associé du bureau distingué par le premier prix, a expliqué que ce type de concours représente deux mois de travail. Multiplié par 80 candidats, cela représente 160 mois, «soit dix ans de réflexions», a-t-il précisé avec une touche d’humour.
«On fonctionne un peu comme une éponge», a poursuivi l’architecte, en expliquant qu’il est venu à plusieurs reprises à Champagne pour s’inspirer. «Nous sommes allés sur la terrasse d’un habitant, sur les hauts. Et c’est là qu’on s’est dit qu’il fallait aller de l’autre côté de la route. Cela aurait été problématique de se placer près des maisons», explique-t-il.

Il a fallu ensuite déterminer le nombre de volumes à construire et replacer les terrains de sport. Et surtout envisager les espaces intérieurs sous l’angle de la flexibilité.

Le nom attribué au projet fait référence à une véritable étoile du cinéma. Mais quelle relation avec le village? «Lors d’une visite, nous avons découvert une statue de King Kong qui regarde le terrain. Il ne fallait pas chercher plus loin», conclut Laurent Fesselet.

En charge de la préparation du concours et de l’accompagnement de toute l’opération, Jean-François Loup a mis en exergue la qualité de l’ensemble des projets, et relevé que celui des lauréats avait fait l’unanimité au terme de plusieurs tours.

Ce concours n’est qu’une étape dans une procédure encore longue. Non seulement le projet devra être affiné, voire adapté, mais il devra obtenir l’aval des autorités de l’Arrondissement scolaire de Grandson, qui réunit dix-sept communes. Bien évidemment, le plan financier devra être établi. Afin de financer la prochaine étape, un préavis sera soumis au Conseil communal de Champagne.

Dans tous les cas, la Municipalité est motivée à porter cette opération jusqu’à son terme. Non seulement parce que le nouveau Centre scolaire et sportif permettra de résoudre le problème de la sécurité des enfants, mais aussi, plus largement, pour les soulager, en réduisant sensiblement les transports et leur durée.

 

Le schéma directeur déterminera l’avenir du projet

 

Champagne est fortement motivée pour réaliser son projet. Et selon Jean-Philippe Petitmaître, président du Conseil intercommunal de l’Asige (Association scolaire intercommunale de Grandson et environs), c’est tout à fait compréhensible: «Leur collège arrive en bout de course et, du point de vue de la sécurité, il pose problème. Par ailleurs, avec un millier d’habitants, Champagne est le plus grand bourg au nord du district. Donc, cela se justifie.»

Mais il est difficile de prévoir le futur. Le district continuera-t-il à accueillir de nouveaux habitants, et combien? «C’est difficile de faire des prévisions. Mais c’est bien que Champagne aille de l’avant. Ils ont une vision que je partage. A un moment donné, il faudra procéder à une pesée d’intérêts entre le futur plan directeur et la prévision démographique. Dans notre région, il y a toujours eu des bouffées de nouveaux habitants», constate Jean-Philippe Petitpierre. Et de conclure: «Dans tous les cas, il faut prévoir que les locaux puissent être affectés à d’autres activités si les prévisions ne se réalisent pas.»

«On ne décidera rien tant qu’on n’aura pas le nouveau schéma directeur. Il est en cours de révision. On l’attend pour la mi-juin», ajoute Marie Christine Robba, présidente du Comité de direction de l’Asige et syndique de Vugelles-La Mothe.

Isidore Raposo