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Un fourgon attaqué dans un parking
Selon le témoignage d'une jeune conductrice, il n'y avait rien d'anormal, jeudi dernier à 19h45, sur le parking de Chavornay. © Michel Duperrex.

Un fourgon attaqué dans un parking

9 février 2018
Edition N°2183

Chavornay – Des malfrats ont braqué un véhicule blindé, dans la nuit de jeudi à vendredi, à proximité de l’aire de stationnement, située à la sortie d’autoroute du village. La fille de l’un des convoyeurs était retenue en otage.

Le fourgon appartient à SOS Surveillance, une entreprise valaisanne spécialisée dans le transport de fonds.  ©Michel Duperrex

C’est une «incroyable affaire de rançon», selon le journal Le Parisien. Jeudi dernier, aux environs de 18h30, une jeune femme a été enlevée par des malfaiteurs, qui s’étaient fait passer pour des plombiers, à la porte de son domicile, à Lyon.

Les agresseurs ont contacté le père de cette dernière, un convoyeur de fonds qui travaille dans le Nord vaudois, et «lui ont demandé de leur livrer le contenu de son fourgon rempli d’argent en échange de la libération de sa fille», indiquent nos confrères parisiens.

Trois hommes recherchés

Selon la Police cantonale vaudoise, «ce fourgon de transfert de fonds qui circulait sur l’autoroute A1 en direction de Lausanne, aux alentours de 19h45, a été contraint par un complice de sortir à la hauteur de Chavornay et de se garer sur le parking à proximité. Là, plusieurs hommes armés, qui attendaient le fourgon, l’ont fait se garer. Ils ont ensuite braqué les convoyeurs, dévalisé l’entier du fourgon et pris la fuite à bord d’un véhicule SUV 4×4 de type Porsche de couleur foncée. Les auteurs ont pris une direction inconnue et n’ont pas été rattrapés».

Arrivés sur les lieux quelques minutes après avoir été alertés, les gendarmes et les inspecteurs de la police de sûreté ont contrôlé le secteur, pris les mesures urgentes et déployé un dispositif de sécurité.

La Police cantonale vaudoise indique le signalement des auteurs comme suit: «Trois hommes, environ 170-175 cm, corpulence normale, vêtus entièrement de noir, cagoulés et gantés, parlaient français avec un accent, peut-être du sud de la France ou d’Afrique du nord.» Pour Christian Bourquenoud, répondant presse, les gendarmes suisses et français travaillent en «étroite collaboration» sur cette affaire.

Selon plusieurs médias français, le fourgon contenait entre 15 et 30 millions de francs suisses. La Police cantonale vaudoise ne souhaite pas commenter ce montant.

Aucun blessé à déplorer

Quant à la jeune femme, elle a été libérée dans l’Ain et recueillie par les gendarmes. Le Parisien, indique «qu’avant de relâcher leur otage, les malfaiteurs lui auraient lavé les mains à l’eau de Javel et gardé son manteau pour éviter qu’elle ne transporte leur ADN».

La police judiciaire de Lyon a été chargée des investigations. Au final, l’opération n’a pas fait de blessé. Cet événement a nécessité l’intervention de douze patrouilles de la gendarmerie vaudoise et des inspecteurs de la police de sûreté.

La procureure de service a ouvert une enquête pénale, qu’elle a confiée aux inspecteurs de la Police cantonale vaudoise.

Appel à témoin

La Police cantonale vaudoise lance un appel à témoin. Les personnes susceptibles de fournir des renseignements au sujet de cette agression sont priées de prendre contact avec la centrale au 021 333 5 333 ou avec le poste de police le plus proche.

Les Corbeaux n’ont rien vu et rien entendu

«Je me suis réveillé aux environs de 23h pour me rendre aux toilettes et j’ai vu plusieurs policiers avec des chiens en face de ma fenêtre, confiait, vendredi matin, ce Chavornaysan qui habite la maison située à côté du parking. Des agents sont venus m’interroger ce matin, mais je n’ai absolument rien vu et rien entendu, hier soir.»

Plus loin, de l’autre côté de la route, une voisine affirme «avoir aperçu de la lumière allumée, pendant vingt minutes», aux alentours de minuit. «Je me suis demandé ce que c’était, mais je suis retournée me coucher.» Elle n’est, par ailleurs, pas du tout étonnée qu’un tel événement soit survenu: «Avec tout ce trafic, il faudrait qu’il y ait plus de contrôles policiers, car cela devient inquiétant», poursuit-elle. Installée à Chavornay depuis quarante ans, elle a connu cinq cambriolages à son domicile. «En octobre dernier, les malfrats se sont infiltrés chez moi, alors que je gardais mon petit-fils. Sac à main, argent, bijoux, rien n’a été épargné.»

Sur la place de jeux, où il y a le marché le vendredi, personne n’a rien remarqué non plus. «J’ai installé mon stand à 6h30, et je n’ai rien observé d’anormal», glisse le marchand de légumes. Même son de cloche pour la fromagère et deux autres jeunes femmes. A la boulangerie, les vendeuses n’étaient pas non plus au courant de ce braquage: «En général, les gens parlent, mais je suis surprise d’apprendre cette mauvaise nouvelle.»

Une aire de stationnement plutôt obscure

Situé à la sortie d’autoroute de Chavornay, ce parking gratuit permet aux automobilistes de garer leur voiture pour se rendre à la gare ou pour se donner rendez-vous et poursuivre leur route en covoiturage, comme on a pu le constater, vendredi soir, aux alentours de 19h30, soit environ 24h après les événements. A cette heure-là, une dizaine de véhicules ont circulé sur cette aire de stationnement. Plusieurs conducteurs affirment se parquer régulièrement à cet endroit.

«Hier soir (ndlr: jeudi soir), j’ai déposé ma collègue à 19h45 et je n’ai absolument rien remarqué», confie une jeune femme, qui n’était même pas au courant qu’un braquage avait eu lieu, juste derrière une baraque. «En hiver, on préfère ne pas trop traîner ici, car l’endroit est mal éclairé», renchérit sa passagère.

«Je travaille de nuit, révèle ce jeune conducteur. J’ai aperçu les voitures de police aux environs de 20h, mais tout était bloqué, on ne pouvait pas se parquer.»

Quant à cet homme, qui circulait, jeudi dernier, en direction du restoroute de Bavois pour aller chercher des cigarettes, il affirme avoir vu «cinq voitures de police, voire plus» sur le lieu du braquage. Puis, à son retour de Suchy, où il était allé «faire des bricoles dans son atelier», il aurait aperçu «plusieurs patrouilles circuler dans les environs», vers 3h30 du matin.