Mauro Rodrigues veut progresser à et avec Yverdon Sport.
Arrivé en 2022 à Yverdon Sport, d’abord prêté par le FC Sion, puis acquis quelques mois plus tard par le club yverdonnois, Mauro Rodrigues a célébré la promotion en Super League avec les Verts. Le footballeur de Loèche-les-Bains s’est engagé dans la durée au Stade municipal, lui qui vient de prolonger son bail jusqu’en 2027.
Mauro Rodrigues, en arrivant dans le Nord vaudois, vous attendiez-vous à y rester si longtemps?
Pour être honnête, non. J’imaginais qu’Yverdon constituerait une étape pour me développer et, finalement, dès ma première saison ici, on est montés en Super League. C’était surprenant, et je me suis dit qu’il s’agissait du club parfait pour progresser et faire mes preuves en Super League. Je suis heureux de pouvoir rester aussi longtemps ici.
Qu’est-ce qui vous a motivé à poursuivre l’aventure au Stade municipal?
C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de changements depuis mon arrivée, il n’y a plus beaucoup de joueurs de ma première saison qui sont encore là, mais le club m’a témoigné beaucoup de confiance. Les dirigeants croient que je peux devenir un meilleur joueur encore, et le projet présenté est celui dont j’avais envie: j’ai d’abord envie de conquérir la Super League, d’y être déjà bien établi, avant de tenter ma chance à l’étranger. En plus, Yverdon est le club qui m’a donné ma chance de prouver ce dont je suis capable en professionnel, c’est grâce à lui que j’en suis là.
Vous étiez arrivé à YS depuis Sion avec Théo Berdayes. Alors que vous avez pu monter en Super League avec Yverdon, lui a dû retourner en Valais alors que les Sédunois redescendaient en Challenge League…
C’est sûr que ça a dû lui faire bizarre, alors qu’il était champion de Challenge League, mais après, c’est la vie du foot. Il savait qu’il était prêté et qu’il allait retourner à Sion. Et oui, moi, j’étais quand même heureux de rester à Yverdon et de me retrouver en Super League.
On imagine que vous étiez également ravi de voir Sion remonter l’année suivante.
Bien sûr, il s’agit de mon club formateur – je l’ai rejoint à partir des M15 –, et là où j’ai fait mes premières apparitions chez les professionnels. C’est un club qui reste dans mon cœur.
Préférez-vous être aligné sur l’aile droite ou gauche?
Question compliquée, car j’ai été formé à gauche. Ensuite, avec Marco Schällibaum, j’évoluais à droite et j’en ai pris l’habitude. Au début de cette saison, j’ai plutôt rejoué à gauche… C’est un peu égal: à droite, cela me permet d’être plus direct, d’attaquer la ligne, et, à gauche, je peux rentrer dans le terrain.
Que pensez-vous de la Super League, que vous découvrez à plein temps depuis un an et demi?
C’est un championnat sous-coté, il y a de vrais bons joueurs, de vraies bonnes équipes. On voit comme le tableau est serré en haut, avec sept points entre la 1re et la 8e place. Je trouve que la Super League se développe bien et que, pour nous les jeunes, c’est idéal pour ensuite faire le prochain pas.
Vous reconnaît-on à présent dans la rue à Yverdon?
C’était plus tranquille au début, quand on était en Challenge League. A présent, on est plusieurs à être reconnus, oui.
C’est l’occasion de faire plaisir aux enfants, aussi lors des dédicaces d’après-match désormais organisées au Stade municipal.
On signe des maillots et ça les rend heureux, comme je l’étais avant, quand je croisais des joueurs de foot. J’ai aimé le faire après le match, ce sont des moments que les petits ne vont jamais oublier. Chaque joueur est heureux de faire cela pour les supporters.
Comment la vit-on, cette ambiance particulière du Stade municipal, quand on se trouve sur le terrain?
Le stade est petit, mais comme Marley Aké l’a dit dans une interview, c’est vraiment spécial ici. On sent vraiment les supporters très proches, et c’est ce qui fait notre force. On sent les gens avec nous, on a l’impression qu’ils sont presque sur le terrain. Certains diront peut-être que ce n’est pas un vrai stade mais, pour ma part, j’aime cette proximité. Je pense que c’est pour ça que le Municipal est spécial et que plusieurs équipes n’aiment pas venir jouer ici.
Que pensez-vous pouvoir apporter à Yverdon ces prochaines années?
Le premier objectif est d’aider Yverdon Sport à se maintenir en Super League, à sa place. Sur un plan personnel, je veux devenir plus décisif, plus apporter en matière de statistiques, ce qui compte dans le foot d’aujourd’hui. Comme je suis un joueur offensif, les gens attendent beaucoup de moi. Je veux m’imposer en Super League, et l’objectif que je me suis fixé est de devenir l’un des cinq meilleurs joueurs du championnat à mon poste, car je crois en avoir les qualités.
Après les deux défaites de la semaine dernière, qu’essaie-t-on de faire mieux ces jours à l’entraînement?
Les deux défaites ont fait mal, surtout celle contre Lausanne, un derby que les gens attendent avec impatience. On doit corriger certaines erreurs, mais je ne pense pas qu’il faille changer la mentalité, car je crois que depuis que Paolo Tramezzani est là, elle est très bonne. On se donne à fond, on court les uns pour les autres. On a les qualités pour revenir dans des matches, pour faire mal à nos adversaires aussi.
Les sourires du peuple bissaoguinéen
Né d’une mère portugaise et d’un père bissaoguinéen, Mauro Rodrigues a rejoint le Haut-Valais à 3 ans depuis le Portugal. En 2021 déjà, il a opéré le choix de jouer pour la sélection de Guinée-Bissau, pays situé tout à l’ouest du continent africain. Une option qui lui a permis de disputer, déjà, deux Coupes d’Afrique des nations, en 2022 et en 2024. De fantastiques souvenirs, forcément.
«C’est vrai que j’étais jeune quand j’ai fait mon choix, et certains trouvent que c’était trop tôt, mais je pense sérieusement avoir pris la bonne décision», lance celui qui a également le passeport portugais, mais pas le suisse.
Convoqué pour la première fois avec Os Djurtus – les Lycaons – en 2021, lors des deux derniers matches de qualification pour la CAN au Cameroun, qui ont permis à la Guinée-Bissau de valider son ticket pour le tournoi continental, l’ailier de 23 ans a vécu des moments mémorables. «Les gens couraient après le bus. Le trajet de retour du stade à l’hôtel, habituellement de dix minutes, a pris plus d’une heure. C’était émouvant de voir les gens si heureux. Il y a si peu de choses pour être content là-bas, alors, lorsque tu gagnes un match, c’est la folie.»
Lors de la dernière CAN, il a été titularisé lors des deux premières rencontres, dont celle d’ouverture contre la Côte d’Ivoire. «Le clou de ma carrière jusqu’ici. Cela va être difficile de surpasser ça. Peut-être en fêtant un titre avec Yverdon! Je pense aussi que c’est pour ces émotions que j’ai choisi la Guinée. Le continent africain, c’est quelque chose.»
A Bissau, il ne peut pas quitter l’hôtel sans escorte, «et pas tellement à cause de moi, mais parce qu’il y a des joueurs bien plus connus, comme Mama Baldé, qui dispute la Ligue des champions avec Brest, ou comme Fali Candé, qui évolue en Serie A à Venise. Si je sors avec eux, on dirait je me trouve avec Cristiano Ronaldo! C’est ça, c’est cet amour que l’on ressent, que j’aime de l’Afrique.»