La Chavornaysane et ses coéquipières du relais 4×100 m français ont validé leur ticket pour la finale, hier. Le quatuor tricolore a signé le troisième meilleur chrono des qualifications, et jouera le podium ce soir (19h30).
Textes: Muriel Ambühl, Paris | Photo: AP Photo / Bernat Armangue
Médaillé d’argent aux Championnats d’Europe et aux Mondiaux cette année, le relais français du 4×100 m féminin était attendu au tournant, hier en fin de matinée au Stade de France. Et le public tricolore a eu de quoi vibrer, puisque Orlann Oliere, Gemima Joseph, Hélène Parisot et Chloé Galet ont parfaitement rempli leur mission en se qualifiant pour la finale olympique de la discipline, qui se déroulera ce soir (19h30), en signant un temps de 42’’13. Soit seulement trois centièmes de plus que leur meilleur chrono de la saison.
Les Françaises ont pris le 2e rang de leur série, derrière la Grande-Bretagne (42’’03) et devant la Jamaïque (42’’35), qui s’est présentée sur la piste sans ses stars Shelly-Ann Fraser-Pryce et Shericka Jackson, lesquelles avaient déclaré forfait avant les demi-finales du 100 m et les qualifications du 200 m respectivement. Hélène Parisot et ses coéquipières ont en outre réalisé le 3e meilleur chrono des qualifications, seule l’équipe des Etats-Unis s’étant montrée
plus rapide dans l’autre série (41’’94), tandis que l’Allemagne a talonné les Tricolores (42’’15).
La Nord-Vaudoise d’origine normande et les relayeuses de l’Hexagone peuvent ainsi légitimement rêver de décrocher une médaille ce soir sur la piste lavande du Stade de France. Même si la prudence était logiquement de mise à l’heure de l’interview, le quatuor soulignant qu’il ne faudrait sous-estimer personne, toutes les équipes adverses – parmi lesquelles figurent les Suissesses – pouvant se montrer dangereuses.
«On n’a pas de pression. On sait ce que l’on veut aller chercher, on a travaillé en conséquence et on est libres dans nos têtes, relevait cependant Hélène Parisot. On n’a évidemment pas encore eu le temps d’analyser notre course, mais je pense que c’était assez fluide, même si on a encore de la marge pour lafinale.»
Une finale qui promet, puisque le public français, si prompt à s’enflammer pour ses sportifs depuis le début de ces Jeux, n’a pas encore eu l’occasion de fêter de médaille en athlétisme – à l’heure du bouclage de cette édition –, malgré la cinquantaine de podiums sur lesquels sont déjà montés les Tricolores à Paris. Hélène Parisot et ses coéquipières ont une vraie opportunité d’y remédier.
Pascal Mancini : « On a travaillé pour qu’Hélène évite une surcharge émotionnelle »
Coach et conjoint d’Hélène Parisot, Pascal Mancini, désormais lui aussi établi à Chavornay, espérait également vivre les Jeux olympiques de Paris en tant qu’athlète. Le relais 4×100 m suisse masculin ayant manqué la qualification pour les JO de peu, c’est dans la peau d’entraîneur que le Fribourgeois profite de l’aventure.
«C’est cool de pouvoir être là. On ne le dit pas, mais les coaches ont le même but que les athlètes : se rendre dans des grands championnats. On a tous cette envie-là de pouvoir être pris comme entraîneur officiel, et c’est mon cas, la fédération française a décidé de me faire
confiance en me choisissant comme coach officiel pour Hélène. Alors j’étais déçu de ne pas venir aux Jeux en tant qu’athlète et, finalement, je m’y retrouve en tant qu’entraîneur, ce qui est presque plus important pour mon futur, car je me dirige plutôt vers le coaching » , souligne le sportif de 35 ans, qui se réjouit de pouvoir être au côté d’Hélène Parisot à Paris, lui qui gère aussi le stretching, les massages et la préparation des repas pour la sprinteuse tout au long de l’année.
Cerise sur le gâteau, la Française, qui n’a pas de sponsor et travaille à 80% à côté de sa carrière sportive, réalise de très bonnes olympiades jusqu’à présent. « Elle était un peu crispée lors des séries du 200 m, mais comme les demies avaient lieu le lendemain soir, j’ai vraiment eu le temps de préparer ce que j’allais lui dire, je lui ai fait un audio de dix minutes pour la débloquer, et elle a super bien réagi en demies, elle gagne 44 centièmes en 24 heures en courant à fond les deux fois, je n’ai quasi jamais vu ça. Et elle bat Mujinga Kambundji, qui est double championne d’Europe de la discipline, donc même si je suis suisse, ça m’a fait plaisir pour Hélène ! »
S’il apprécie « l’excellente ambiance » dans les enceintes des JO, Pascal Mancini relève
qu’elle peut cependant être à double tranchant. «C’est presque trop pour les sportifs français, ça peut en déstabiliser certains, leur faire ressentir un trop-plein d’émotions. On a d’ailleurs travaillé pour qu’Hélène évite une surcharge émotionnelle. »
Et des émotions, il y en aura indéniablement ce soir au moment d’aborder la finale. «Les Françaises ont de bonnes chances de médaille. Il faudra voir si les Jamaïcaines ont d’autres athlètes à aligner en finale, mais si ce n’est pas le cas, ça va être compliqué pour elles, et le bronze risque de se jouer entre l’Allemagne et la France. »