Holcim récompensée
28 mai 2025 | Texte: Maude Benoit | Photos: Michel DuperrexEdition N°La Région Hebdo No 13
La gravière Holcim a été récompensée jeudi dernier pour son engagement en faveur de la biodiversité.
Gravière et préservation de biotopes, deux réalités souvent présentées comme strictement antagonistes. À Bretonnières jeudi matin, cette affirmation a été nuancée. En signe de reconnaissance des actions mises en place pour préserver, favoriser et redynamiser la biodiversité locale par la gravière Holcim, la Fondation Nature et Économie lui a remis sa certification. Un partenariat existe depuis 1998 entre les deux entités, de telle manière que cette récompense est remise pour la septième fois (une réévaluation est effectuée tous les cinq ans) à la gravière de Bretonnières. Et cet événement symbolique a pris place pendant la Journée mondiale de la biodiversité.
S’épanouir dans les cailloux
Cet événement était donc l’occasion de se promener dans la carrière, à la rencontre des petits organismes qui y vivent. Il y a d’abord les hirondelles de rivage, des oiseaux migrateurs qui creusent leur nid dans les amas de sable et de pierre. Des buttes artificielles ont même été aménagées spécialement pour elles avec la collaboration de l’association BirdLife. Cette année pourtant, elles ont choisi de s’établir ailleurs, à la gravière des Clées.
Le petit gravelot, quant à lui, apprécie aussi les gravières pour y pondre ses œufs qui ressemblent à s’y méprendre à des pierres. Cette espèce migratrice de plus en plus rare trouve dans les gravières un habitat de substitution avantageux.
De nombreux points d’eau jalonnent le site et sont l’environnement de reproduction propice pour de nombreux amphibiens : sonneurs à ventre jaune, crapauds accoucheurs, grenouilles rousses et crapauds calamites. Ces derniers ne se trouvent d’ailleurs plus que dans les gravières et les glaisières.
Un paradoxe difficile à résoudre
Dès lors, si la gravière, par son essence même, détruit immanquablement des zones et des habitats naturels, il semblerait que ses sols sableux, ses plans d’eau et ses zones boisées servent aussi de refuges pour de nombreux mammifères, oiseaux, insectes, reptiles, batraciens et espèces végétales. Joaquim Golay, biologiste et représentant de la Fondation Nature et Économie confirme cette ambiguïté et ajoute que «certaines espèces ne pourraient plus survivre chez nous sans les gravières, puisque nous n’avons plus la dynamique naturelle des cours d’eau qui ont été endigués au fil du temps. Les gravières servent alors d’habitat de substitution. Avec la renaturation progressive des cours d’eau, ces espèces retrouvent peu à peu des habitats, mais on est encore loin de la situation idéale pour le moment.»
Il n’en reste néanmoins que, dans la vie d’une gravière, ces aménagements en faveur de la faune et de la flore sont voués à être déplacés ou détruits en fonction de l’exploitation du terrain. Selon Arthur Got, responsable des affaires publiques chez Holcim Suisse, ces espèces spécifiques apprécient justement ces mouvements et s’adaptent aux gravières. Des aménagements qui ne seraient d’ailleurs pas possibles sans le travail des employés de la carrière, qui créent et entretiennent ces habitats, comme l’a souligné Beat Haller, responsable Nature et Sol de l’association faîtière Matériaux de construction circulaires Suisse.
Notons encore que l’exploitation du site devrait arriver à son terme dans environ trois ans et devrait ensuite revenir à la nature.