Horaires élargis favorables au centre-ville
13 janvier 2012L’étude annuelle consacrée par le Credit Suisse, en collaboration avec la société de conseil Fuhrer et Hotz, au commerce de détail dans notre pays démontre que des horaires d’ouverture élargis sont favorables à la dynamique commerciale au coeur des cités. Les grands magasin yverdonnois souhaitent s’aligner sur Chamard et ouvrir une heure de plus le samedi. Mais il faudra vaincre les blocages.
«Les modes de consommation ont changé. Un élargissement des horaires d’ouverture des magasins est favorable au commerce des centres-villes. Regardez par ailleurs ce qui se passe avec les stations-service.» Chiffres en mains, Sandra Carnazzi Weber, responsable de recherche au Credit Suisse pour la Suisse romande, cite l’exemple de Zurich, qui vient en tête du classement d’attractivité des dix villes examinées: les magasins y sont ouverts jusqu’à 20h.
Les horaires d’ouverture ne sont qu’un élément de l’attractivité -l’accessibilité par les transports publics, les parkings, les zones piétonnes et la mixité commerciale en sont d’autres-, mais on constate que Lucerne, par ailleurs bien évaluée sous d’autres angles, souffre de la fermeture des commerces le samedi à 16h.
A Yverdon-les-Bains, le débat sur l’extension des horaires d’ouverture semble s’être enlisé. Aujourd’hui, les grands commerces ne demandent plus qu’une heure supplémentaire le samedi (jusqu’à 18h) et sont prêts à renoncer à la demi-heure supplémentaire du vendredi soir.
Le syndicat UNIA a fait de ce combat une question de principe. Il veut une convention collective locale en échange. Ce que refusent les responsables des grands magasins, pour la simple et bonne raison que les grandes chaînes ont déjà des conventions au niveau suisse.
L’exemple de Nyon
Président de la SIC, Laurent Gabella relève qu’une partie des petits commerçants ne sont pas favorables à une extension des horaires, quand bien même il n’y a pas d’obligation de suivre le mouvement. Il envisage d’inviter le syndic Daniel Rossellat et la présidente de la SIC de cette ville, Véronique Bürki, a présenter la solution appliquée à Nyon, ville dont la Municipalité est à majorité de gauche. Depuis un an, les magasins y sont ouverts tous les jours jusqu’à 19h et le samedi jusqu’à 18h.
Cette extension a permis d’endiguer la migration de la clientèle de la ville vers les centres commerciaux de Signy et de Chavannes-de-Bogis. Une situation comparable avec ce qui se passe entre Yverdon et En Chamard.
Et Laurent Gabella d’ajouter: «Il faut être bien conscient que l’attractivité du centre-ville n’est pas un problème de parking, mais d’abord d’accessibilité horaire. Il faut s’adapter aux nouveaux modes de vie et favoriser la diversité des commerces.»
Ce point de vue est partagé par Jean-Daniel Carrard, municipal délégué, qui participe régulièrement aux séances du groupe commerce de la SIC. Lui aussi soutient l’exemple nyonnais: «Pourquoi ne pourrait-on pas adapter la convention de Nyon à Yverdon-les-Bains? Ce serait assez bien jusqu’à un traitement uniformisé pour l’ensemble du canton.»
Favorable au compromis
Le syndic Daniel von Siebenthal est lui aussi favorable à un compromis, sur l’exemple de Nyon. Il prend d’ailleurs ses distances avec une propostion de la section yverdonnoise du PS au congrès cantonal, qui excluait toute extension des heures ouveture.
Si le syndic comprend la position de Migros et Coop, qui assument une convention au niveau national, il souhaite tout de même une convention de travail sur le plan local, «pour que tous les acteurs de la branche respectent des conditions minimales».
Commentaire
Les positions passéistes menacent l’emploi
Les modes de consommation ont changé. C’est une évidence. Si l’exemple des stations-service et des gares ne doit pas forcément être général, il faut admettre qu’une population active majoritaire pendulaire, essentiellement par nécessité, a besoin de temps pour effectuer ses courses. Les jeunes parents sont suffisamment stressés par les horaires des structures d’accueil sans qu’il ne soit nécessaire d’y ajouter un autre élément de tension en sortant du train ou de l’autoroute. Par ailleurs, à l’heure où le franc fort, mais aussi les achats par internet, stimulent le tourisme d’achats (4 à 5 milliards selon l’étude du Credit Suisse), une attitude passéiste aura pour conséquence la disparition, déjà engagée, de dizaines de postes de travail. Est-ce l’objectif recherché par ceux qui prétendent défendre les travailleurs?