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Huit ans de prison pour l’un des frères

4 février 2013

Même si une zone d’ombre subsiste, la justice s’est tenue au scénario de l’accusation pour punir sévèrement deux des protagonistes de la fusillade de Lucens.

Donovan Tésaury, le procureur ayant officié dans l’affaire.

Les deux frères B. de 35 et 29 ans incriminés dans la fusillade de Lucens fin 2011 ont été condamnés respectivement à huit ans ferme pour crime manqué de meurtre et à trois ans, assortis d’un sursis de 18 mois, pour mise en danger de la vie d’autrui et agression. Les trois autres comparses -l’un d’entre eux avait été sérieusement blessé- ont écopé de peines de douze mois dont six avec sursis pour le premier, huit mois fermes plus un sursis révoqué de douze mois pour le deuxième, et 150 jours-amendes avec sursis pour le troisième, pour tentative d’agression. Les cinq accusés sont d’origine kosovare, deux d’entre eux ayant acquis la nationalité suisse.

Jeune frère pas écouté

Le Tribunal de la Broye et du Nord vaudois s’en est quasiment tenu au scénario retenu par le procureur Donovan Tésaury, en restant un peu en deçà des réquisitions de ce dernier (La Région Nord vaudois des 14, 16, 18 et 23 janvier). La présidente a souligné qu’il restait des zones d’ombre du fait que tout le monde avait, à un moment ou a un autre, changé sa version des faits. Mais la Cour n’a pas du tout pris en considération la version du jeune frère B., qui nie toujours avoir tiré un coup de feu. Or le témoignage d’une voisine ayant suivi assez attentivement les péripéties de la soirée laisse un sérieux doute sur la deuxième personne qui a utilisé une arme à Lucens: «Je maintiens qu’ils ont aussi tiré!»

Après un premier passage en Mercedes, les trois autres antagonistes étaient en effet revenus pour venger un des leurs qui avait été agressé à Moudon par les frères B., suite à un différend financier concernant un solde de dette impayé. C’est à ce moment-là que le grand frère a tiré sur le chauffeur de la voiture, F. K., et l’a grièvement blessé. Au même instant a été tiré cet autre coup de feu attribué au jeune frère. S’en était suivie une folle course-poursuite entre Moudon et Montpreveyres, avec plusieurs autres coups tirés par le principal accusé, F. B., dont la culpabilité a été jugée écrasante.

La défense va faire appel

À la fin de l’audience de jugement, le jeune frère B. n’arrivait pas à contenir son désarroi, teinté de tristesse et en même temps de révolte: «Je maintiens qu’ils ont aussi tiré, je n’ai pas utilisé d’arme et je ne l’ai pas cachée, c’est faux! Je croyais en la justice, mais ce n’est plus le cas. Je veux déposer un recours.» Les deux avocats de la défense, Me Etienne Campiche et Manuel Ryter-Godel, ont annoncé leur intention de faire appel.

Roger Juillerat