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Humilité et travail, la recette des champions d’automne pour conserver leur trône
Passé par la France et le Maroc, Nicolas Claverie (au centre, avec le ballon) vient de rejoindre le RCY. Et si les conditions météorologiques ne sont de loin pas aussi agréables que celles de la petite île au milieu du Pacifique Sud où il a grandi et débuté le rugby, l’accueil des Yverdonnois s’est, lui, avéré chaleureux. Photo: Michel Duvoisin.

Humilité et travail, la recette des champions d’automne pour conserver leur trône

10 février 2022

Invaincu en première partie de championnat, le RC Yverdon est de retour à l’entraînement et sera en lice dès le 13 mars pour valider son ticket pour les playoffs et tenter de décrocher le titre national. Mais pas question pour le club de se voir trop vite trop beau.

Une vingtaine de rugbymen enchaînent les tours de terrain à petites foulées, en ce froid mardi soir de février. Quelques courageux s’activent en shorts, d’autres se sont emmitouflés de la tête aux pieds, ne laissant apparaître que leurs yeux entre leur bonnet et leur écharpe. Malgré la bruine, le RC Yverdon apprécie de pouvoir s’entraîner sur la pelouse des Vuagères dès le début de sa préparation hivernale, plutôt que de se retrouver un peu à l’étroit dans la petite salle de gym de Montagny.

«C’est le premier hiver où on peut le faire, grâce au formidable travail de Dominique Chartier (ndlr: qui s’occupe de l’entretien des terrains de sport d’Yverdon, notamment aux Vuagères et au Stade municipal) et de son équipe. Avant son arrivée, le terrain était fermé durant plusieurs mois. Là, il nous a dit que l’on pouvait s’y entraîner tant que le sol n’était pas gelé ou inondé», se réjouit Vincent Piguet, président du RCY.

De quoi assurer une préparation optimale pour la «une» du club de la Cité thermale, qui a bouclé la première partie de saison largement en tête du classement de LNA et peut légitimement rêver de titre. Pourtant, pas question de fanfaronner dans les rangs yverdonnois:

«Nous, on ne s’est jamais considérés comme favoris, assure l’entraîneur Alexandre Farina. On a terminé champions d’automne, tant mieux. On sait qu’on a des possibilités, mais on respecte tellement les autres équipes qu’on reste à notre place. On travaille dans notre coin, tranquilles, en vue de la deuxième phase, et après, adviendra ce qu’il adviendra. On est là pour tirer le meilleur de nous-mêmes, pour progresser, pour intégrer le plus de jeunes possible et faire plaisir à ceux qui nous soutiennent, qui viennent nous voir et à nous-mêmes. Il y a déjà beaucoup de choses auxquelles penser avant de commencer à envisager un titre. Si on travaille bien, c’est l’essentiel, le reste viendra automatiquement.»

Et même lorsque l’entraînement est plutôt axé sur la préparation physique, comme en ce mardi soir, le coach veille à ce que ses hommes ne se la jouent pas perso. «On fait dix pompes pour Greg, lance-t-il après une passe manquée. Attendez, tous ensemble, pensez collectif les gars. Ok c’est bon, on reprend, avec dextérité et concentration.»

En dehors des entraînements, le RCY ne verra que peu son terrain des Vuagères lors du tour printanier, lui qui ne disputera que trois matches sur huit à domicile. «On va se déplacer plus que durant l’automne, mais on a montré depuis le début de la saison que ça ne changeait pas grand-chose au niveau du résultat que l’on joue à la maison ou à l’extérieur, sourit Alexandre Farina. On aborde les rencontres de la même façon, car notre manière de respecter les autres équipes, c’est d’essayer de gagner contre tout le monde.»

 

«Une belle opportunité de côtoyer des bons joueurs»

 

Le RC Yverdon compte quelques nouveaux éléments dans ses rangs depuis la reprise. «Ils ont vite été intégrés par le groupe, car notre leitmotiv est d’accepter les gens qui viennent de n’importe quel horizon, pour qu’on puisse tirer tout le monde vers le haut, souligne Alexandre Farina. Le rugby est un sport technique, avec un peu de combats, mais surtout beaucoup de valeurs. N’importe quelle personne peut intégrer une équipe, parce qu’on accepte tout le monde. C’est l’une des rares disciplines où il y a à la fois des tout petits, des grands, des costauds, des minces, qui ont tous leur place, ce qui est très valorisant.»

Les intéressés ne peuvent évidemment pas tous prétendre à une place dans l’effectif de LNA, mais la réserve, qui évolue en Excellence A, offre d’autres possibilités. Et si certains des nouveaux arrivants viennent de la région, d’autres sont carrément originaires de l’autre bout du globe. À l’image de Nicolas Claverie, 33 ans, qui a appris à jouer au rugby à Wallis-et-Futuna, au milieu du Pacifique Sud, où il a grandi.

Nicolas Claverie, le climat hivernal d’Yverdon n’a rien à voir avec celui du Pacifique Sud… C’est plutôt courageux de votre part d’avoir rejoint le RCY à cette période de l’année!

Je suis arrivé en Suisse à la fin de l’été, en raison d’une opportunité professionnelle que m’offrait le Golf de Vuissens. Le temps de m’installer, de me renseigner et de voir qu’il y avait un club de rugby à Yverdon fait que je n’ai débuté les entraînements que fin janvier. Mais l’ambiance est bonne, les gars sont vachement accueillants et on a la chance d’avoir un bon staff, ce qui fait que je me sens bien ici, malgré la météo (rires).

Avant d’arriver au RCY, vous étiez cependant passé par la France et, dernièrement, par le Maroc. Racontez-nous.

J’ai un peu joué au rugby à XIII en France, puis à XV en amateurs à Perpignan. Puis je suis parti à Marrakech, où on a créé un petit club, les Kostokech, avec une bande d’amis qui avaient aussi joué à l’étranger, pour garder le contact avec la discipline. On a monté une école de rugby, on a mis tout ça en place avec, comme président d’honneur, Abdelatif Benazzi, qui était le capitaine de l’équipe de France dans les années 90. On est finalement parvenus à avoir une quarantaine de jeunes à l’école de rugby.

Avec sa 1re place actuelle, le club yverdonnois offre de belles perspectives sportives, non?

Oui, l’équipe est invaincue pour l’instant, pourvu que ça dure! C’est une belle opportunité de côtoyer des bons joueurs, de pouvoir se mettre en place et de tenter de prendre le train en cours de route.