René Betschart a atteint le premier objectif de son long voyage, en gagnant le cap Nord à la force des mollets. Stoppé par un accident au retour, le Tapa-Sabllia repart en selle vendredi.
René Betschart manque de superlatifs pour qualifier les souvenirs qu’il a emmagasinés dans sa mémoire tout au long de son périple jusqu’au cap Nord.
Parti à vélo au mois d’avril 2024, le Tapa-Sabllia a parcouru, en solitaire, au guidon de son vélo, les près de 3200 kilomètres qui séparent Yvonand du point le plus septentrional de l’Europe, en Norvège.
Et il a atteint son objectif, le 5 juillet dernier, après presque trois mois d’efforts ininterrompus, au cours desquels le septuagénaire a vécu un véritable rêve éveillé.
«J’ai été époustouflé par la beauté des paysages de la Scandinavie. Ce sont vraiment des visions de carte postale, et c’est encore mieux en vrai», s’émerveille-t-il, tout en parcourant les pages du livre souvenir qu’il a réalisé pour retracer son odyssée nordique.
Il ne cache d’ailleurs pas avoir été quelque peu submergé par l’émotion lorsqu’il a enfin gagné l’île de Mageroya, où se trouve le cap Nord, son but ultime: «D’habitude, il ne fait jamais très beau dans cette région. Quelqu’un m’avait d’ailleurs dit que j’aurais plus de chances d’avoir un 6 au loto qu’une belle météo là-bas. Par chance, ce jour-là, le temps était radieux. En arrivant, je n’ai pas pu m’empêcher de retenir quelques larmes. Ça a été un sentiment indescriptible.»
Une aventure humaine
Dans son aventure solitaire, le Nord-Vaudois a non seulement vu du pays, plusieurs en l’occurrence, puisqu’il a traversé l’Allemagne, le Danemark, la Suède, puis la Finlande pour arriver en Norvège, mais a aussi fait la connaissance de passablement de gens.
Rencontres avec locaux, touristes et autres sportifs en expédition; René Betschart a été marqué par la bienveillance dont chacun a fait preuve à son égard. «On pourrait penser que les Scandinaves sont des gens froids et fermés, mais c’est tout l’inverse. Chaque fois que j’ai eu besoin d’aide, pour acheter un billet de train ou pour trouver un abri lorsque la météo était trop capricieuse pour camper sous tente, par exemple, j’ai pu compter sur quelqu’un qui n’a pas hésité à me donner un coup de main», témoigne-t-il.
Arrêt inopiné
Tout était, pour ainsi dire, presque trop beau pour être vrai. Alors, lorsque René Betschart a été renversé par un camping-car à quelques centaines de kilomètres de Trondheim, en août passé, l’épopée s’est brutalement arrêtée.
«Je dois dire que jusqu’à cet instant, je n’avais pas vraiment eu de gros soucis sur la route. Dans le Nord, les automobilistes sont très respectueux des cyclistes, mais visiblement, ce conducteur-là n’avait pas tout compris», relate-t-il, philosophe.
Mais René Betschart a une destinée à accomplir, et il est bien décidé à repartir à l’assaut des 5500 derniers kilomètres qui doivent le ramener jusque dans le Nord vaudois. «Le Nord, c’est comme un aimant. C’est difficilement explicable, mais on est comme attiré par cet endroit et, quand on y a goûté, on a cette envie profonde d’y retourner», conclut-il.
Le deuxième départ est prévu vendredi, en avion, direction Trondheim. Pour boucler la boucle.
Journal de bord
Le chemin de René Betschart peut être suivi sur un petit blog en ligne. Le Tapa-Sabllia y poste quotidiennement photos et textes, via le lien: https://bbchart.travelmap.net/northcape24.
Une star… en Corée du Sud
C’est avec un certain amusement que René Betschart décortique les innombrables anecdotes et rencontres qui ont rythmé son voyage. La plus loufoque: interpellé par des automobilistes visiblement égarés en contrebas d’une route norvégienne, le cycliste s’est naturellement arrêté pour proposer son aide… avant de rapidement se rendre compte, entre deux phrases échangées dans un anglais approximatif, qu’il s’agissait de journalistes sud-coréens en reportage. Ceux-ci, dont la curiosité a été éveillée par l’attelage de René Betschart, l’ont finalement interviewé pour le compte d’une télé locale. «Je dois être une star là-bas maintenant», sourit le Tapa-Sabllia.