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Il a traversé la Laponie sur ses lattes
Le Nord-Vaudois Jean-Claude Fayolle entouré des fondeurs français Sébastien Ponsard et Philippe de Saboulin, recordman des 100 km de Mauborget.

Il a traversé la Laponie sur ses lattes

30 avril 2025 | Textes: Manuel Gremion | Photos: DR
Edition N°3935

Jean-Claude Fayolle est un amoureux des longues distances. Le fondeur de Fiez a avalé 850 km lors du Cross Nordics Ski Tour.

Ils sont une poignée, chaque année quand les conditions d’enneigement le permettent, à prendre le départ des 100 km de Mauborget vers 4 heures du matin. L’événement, organisé par Jean-Claude Fayolle, réunit des fous de ski de fond longue distance venus parfois d’assez loin. Le fondeur de Fiez est un habitué des efforts XXL sur ses skis, lui qui a pris le départ des plusieurs épreuves célèbres, comme la Vasaloppet, en Suède. Ainsi que, désormais, des tours de plusieurs jours à travers les pays nordiques.

Du 23 mars au 6 avril derniers, le sexagénaire a skié quinze jours durant en traversant la Laponie de la frontière russe, côté finlandais, à Narvik, en Norvège et ses montagnes, avec une quarantaine d’autres costauds. «Le plus dur est la capacité d’enchaîner les étapes, entre 47 et 84 km chacune, un jour après l’autre, car il n’y a jamais de jour de pause. Il ne faut pas se griller les plumes, image le Nord-Vaudois. C’est dans la tête que ça se passe, et c’est addictif!»

A la veille de la dernière étape du périple de la Pohjolan Poikki Hiihto 2025, traduit le Cross Nordics Ski Tour en anglais, Jean-Claude Fayolle n’en avait pas marre, bien au contraire, mais pensait à profiter du moment au maximum, sachant et regrettant que ça allait bientôt se terminer. «On ne cherche pas la performance, mais simplement d’être bien avec son mouvement, car le lendemain, on recommence.»

Pas question de trop parler de lui-même ou de se mettre en avant: Jean-Claude Fayolle souhaite avant tout mettre en lumière ce genre d’événement. «C’est une expérience assez hors du commun, qui permet de méditer, de penser à plein de trucs. On se retrouve avec des gens qui partagent le même idéal, celui du ski longue distance, chacun à son rythme», loue-t-il.

Ces épreuves border-to-border – d’une frontière à l’autre – constituent une magnifique alternative aux courses d’un jour, qui demandent beaucoup pour, au final, peu de ski de fond: «J’ai participé à de nombreuses grandes courses et, finalement, on investit beaucoup, notamment en payant le voyage, pour ne pas faire beaucoup de ski de fond. On se retrouve à 16 000 au départ et, au milieu de la troupe, on skie sur des traces foutues, qui ressemblent à un champ de patates. Avec des tours de deux semaines ou un mois, je fais du ski de fond.»

La meilleure pub pour ce type de périples, ce sont également les paysages traversés. Même si, cette année, il faisait un peu chaud. Alors que le soleil brillait déjà entre 4h et 22h chaque jour, les conditions n’étaient pas partout exceptionnelles. En Suède, il a parfois fallu marcher un peu, en raison du «manque de neige évident dans le Nord». Le tour est néanmoins organisé au printemps pour éviter les nuits polaires. Aurores boréales, ski sur lacs gelés et des températures entre -15 et +10 degrés ont accompagné les athlètes. Le parcours est tracé par une motoneige à l’avant, les affaires sont transportées d’un hôtel à l’autre par l’organisation, tandis que les skieurs s’époumonent essentiellement en style classique, souvent en double poussée d’ailleurs: de quoi faire travailler les bras. «Il faut être un peu tout-terrain», sourit l’amoureux des grands espaces.


Précieux flocons

En tant que créateur et organisateur des 100 km de Mauborget, Jean-Claude Fayolle est particulièrement concerné par le manque d’enneigement dans le Jura, hiver après hiver. Et de penser à ses confrères de la Transjurassienne et de la Mara: «Il faut se réinventer, réfléchir à des dates souples. Mais on se retrouve alors avec la difficulté d’attirer les gens…»

Cela dit, quelques-uns des cadors qui ont participé au Cross Nordics Ski Tour avec lui, provenant de plusieurs pays, ont déclaré vouloir participer à la prochaine édition de son épreuve de 100 km. Si la date et l’enneigement le leur permettent.