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Il brûle son matelas et compose le 117
Yverdon, 3 juin 2018. Haldiand 10, incendie appartement. © Michel Duperrex

Il brûle son matelas et compose le 117

6 mars 2019 | Edition N°2450

Yverdon-les-Bains – Un réfugié somalien a provoqué un début d’incendie, en juin 2018. Jugé hier, ce récidiviste a reconnu les faits et demandé une dernière chance.

Le Service de défense incendie et secours du Nord vaudois était intervenu, le 3 juin dernier, pour évacuer les locataires des 3e et 4e étages de cet immeuble situé à l’avenue Haldimand 10. © Michel Duperrex

Un matin de juin 2018, alors que le titre Three little birds de Bob Marley and the Wailers résonnait dans l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), à Yverdon-les-Bains, Geedi*, un Somalien de 24 ans, avait mis le feu à son matelas. A la suite d’une violente dispute, un autre réfugié venait de balancer sa couche dans le couloir. Geedi avait observé l’évolution des flammes avant de regagner son appartement, au troisième étage. Puis, alors que le sinistre avait pris de l’ampleur, il avait réveillé son amie et alerté la police aux environs de 6h30.

Geedi n’a pas nié les faits, hier devant le Tribunal correctionnel de l’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois. Ce d’autant que la scène a été captée par une caméra de surveillance. Le jeune Somalien est prévenu d’incendie intentionnel qualifié. Sous l’influence de l’alcool au moment du sinistre – il avait consommé une vingtaine de bières, du whisky et du rosé pendant deux jours –, il ne se souvient pas pourquoi il a bouté le feu. Face au juge, il a expliqué qu’il se sentait «stressé» et qu’il n’était pas dans son «état normal». Geedi a également assuré que c’était la première fois qu’il se trouvait dans un tel état d’ébriété.

Des antécédents

Lors de son réquisitoire, le procureur chargé de l’affaire, Christian Maire, s’est dit «abasourdi par les motifs futiles» du prévenu. «Les flammes étaient impressionnantes et le danger bien présent», a affirmé le magistrat. Cet acte était d’autant plus inquiétant, selon lui, que les personnes qui résident dans cet établissement avaient déjà vécu des traumatismes importants par le passé. Le représentant du Ministère public a en outre souligné que le prévenu n’en était pas à son premier acte «totalement futile». Dans une autre affaire, il avait cassé le tibia d’une personne qui refusait de lui donner une cigarette. Il avait par ailleurs déjà provoqué un début d’incendie en oubliant d’éteindre une plaque, en 2017. Christian Maire a requis une peine privative de liberté de trente mois, dont quinze ferme, et demandé que Geedi soit expulsé hors du territoire suisse.

L’avocat de l’accusé, Me Robert Fox, a indiqué que son client n’avait pas «sciemment voulu mettre en danger la vie des personnes qui vivent avec lui dans l’immeuble» et qu’il n’avait pas volontairement cherché à bouter le feu à son matelas. Il a par ailleurs insisté sur le fait que Geedi était revenu sur les lieux du sinistre après son méfait, et qu’il avait appelé les secours. De plus, il a attiré l’attention des juges sur l’âge de son client et sur le fait qu’il n’a pas bu une seule goutte d’alcool lorsqu’il se trouvait en détention préventive. L’homme de loi a plaidé pour une peine de prison qui n’excède pas 18 mois.

Pour sa défense, l’accusé a assuré qu’il regrettait ses actes et demandé «une dernière chance». Le jugement sera rendu prochainement.

* Prénom d’emprunt

Valérie Beauverd