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«Il faut accepter la loi du sport»
© Michel Duperrex

«Il faut accepter la loi du sport»

5 juin 2019 | Edition N°2512

Présidente d’Yverdon Féminin, Linda Vialatte ne cache pas sa déception après la relégation de son club en LNB. Elle reste toutefois déterminée à rebondir.

En terminant à six points du 7e et avant-dernier, Young Boys, on peut dire qu’il a manqué pas mal de choses à Yverdon Féminin pour conserver sa place dans l’élite.  «On s’est sauvées à deux reprises depuis le passage de la LNA à huit équipes, la première fois d’un cheveu à l’issue du tour de promotion-relégation qui avait servi à réduire le nombre de formations; la seconde avec un peu plus de sérénité, car Aarau s’était assez rapidement retrouvé distancé. Cette saison, avec la promotion de Servette et le recrutement réalisé par le club genevois, on a vite compris que ce serait compliqué pour nous, reconnaît Linda Vialatte, présidente d’Yverdon Féminin. Cela dit, quand on constate qu’on termine avec le même nombre de défaites (ndlr: 20 en 28 rencontres) qu’YB et qu’on a encaissé un but de moins que les Bernoises, cela fait un peu mal. Les matches nuls nous ont mis en difficulté. L’équipe a plusieurs fois été rejointe dans les derniers instants. On était à la fois si près et si loin. Ça nous rend tristes, mais il faut accepter la loi du sport.»

La relégation en LNB au terme de cette saison ne doit pas faire oublier les treize années passées dans l’élite par Yverdon Féminin, qui a en outre remporté deux fois la Coupe de Suisse. «Au tout début de l’aventure, en 1985, on aurait jamais imaginé vivre ça un jour. On a passé des années magnifiques, et ce en conservant notre ligne, celle de faire jouer nos M19, sans dépenser à tout-va pour aller chercher des joueuses à l’étranger», poursuit la présidente, pas abattue pas la sentence.

Formation à repenser

Elle l’affirme sans sourciller, malgré la chute, le groupe a beaucoup progressé tout au long de la saison, jouant souvent mieux que ses adversaires. Mais il lui a manqué une buteuse, avant tout. Un réservoir plus fourni également. «En Suisse romande, à part à Genève et chez nous, il n’y a pas de joueuses capables d’évoluer dans l’élite. Il est temps de repenser la formation au niveau national, car c’est un problème qui touche tout le pays, comme le prouvent les récents résultats des différentes équipes nationales, qui ont manqué la qualification pour les grands tournois, pointe Linda Vialatte. Il s’agit du travail des associations, de tous les clubs, et de la volonté des présidents de promouvoir le football féminin qui, je le rappelle, est toujours géré par la Ligue amateur au niveau suisse…»

À ses yeux, le plan suivi ces dernières années n’était pas le bon. «Dans le canton de Vaud, par exemple, on a multiplié le nombre d’équipes de base, ce qui a eu pour conséquence de dilluer les talents. Cela, au détriment du foot d’élite. On a besoin de plus de filles motivées à tenter leur chance dans le foot d’élite.»

Dans les rangs d’Yverdon Féminin, on espère que la relégation aura un effet positif dans les esprits. «On ne va plus se dire qu’on va lutter pour ne pas perdre, quelque chose qui n’est pas évident à gérer à la longue. On souhaite qu’avec de bons résultats, une nouvelle dynamique se crée.» Celle qui doit permettre à YF, si longtemps le meilleur club de Suisse romande, de retrouver l’enthousiasme de ses plus belles années.

 

Les petits clubs se battent pour revenir au système à dix équipes en LNA

Le passage de dix à huit équipes en LNA, il y a deux ans, a fait du mal au football féminin suisse. C’est en tout cas ce que soutiennent les «petits» clubs, qui militent pour un retour en arrière, voire même une augmentation du nombre de formations dans l’élite. «On a pu constater que s’il y a une équipe de première division dans une région, cela augmente l’intérêt pour le football féminin et oblige les associations régionales à travailler. En ce sens, on est très contents que ce soit Saint-Gall qui retrouve la LNA», relève Linda Vialatte, qui fait partie de celles et ceux qui se battent pour le changement.

Cette impulsion constitue une raison de plus de jouer les premiers rôles en LNB. «On va tout faire pour être dans le haut du tableau à Noël, promet la présidente d’Yverdon Féminin. Le projet est de remonter le plus vite possible.»

Bilibani restera aux commandes

Pour cela, le club de la Cité thermale va continuer de travailler avec son entraîneur Admir Bilibani. «Il nous a dit qu’il avait envie de continuer avec ce groupe. La qualité du jeu présenté par l’équipe cette saison, qui a beaucoup progressé, est le résultat de sa passion pour le foot.»

L’effectif devrait ainsi peu changer, même si Nathalia Spälti devrait s’en aller à Servette. La grande majorité des autres ont signifié leur intention de poursuivre leur carrière au stade municipal. Deux jeunes joueuses des M19, membres des cadres nationaux, seront également contingentées avec la «une». Car la philosophie du club reste inchangée: le succès de l’entreprise yverdonnoise «passera par la formation», martèle Linda Vialatte.

Manuel Gremion