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«Il faut fermer la place de Vugelles»

21 mai 2014

Le conseiller aux États Luc Recordon va approcher le Canton pour réclamer l’arrêt des tirs, qui suscitent l’exaspération de la population dans le vallon de l’Arnon.

Luc Recordon estime intolérable les nuisances imposées par la place de tir aux habitants de la région.

Luc Recordon estime intolérable les nuisances imposées par la place de tir aux habitants de la région.

La Région Nord vaudois : Cela fait des années que les communes riveraines demandent la fermeture de la place de tir de Vugelles-La-Mothe. En vain. Qu’espérez- vous en la réclamant à nouveau ?

Luc Recordon : La fermeture du site. Nous avons aujourd’hui, si je puis dire, une fenêtre de tir très intéressante, avec le processus de restructuration du réseau des places d’arme. Les cantons doivent remettre leur préavis à la fin du mois de juin. J’ai donc prévu de rencontrer d’ici là, avec d’autres collègues parlementaires, la conseillère d’État Béatrice Métraux, en charge des affaires militaires, pour qu’elle aille dans notre sens.

L’Armée tient à la place de Vugelles, étroitement liée à celle de Chamblon. Comment les convaincre ?

Il faut que l’Armée prenne conscience que la population, ou une certaine partie d’entre elle, n’a pas à se sacrifier. La défense nationale ne justifie pas tout. La situation à Vugelles est épouvantable. Les habitants souffrent. Ils sont à bout de nerfs. Depuis six ans que je suis engagé dans ce dossier, en tant que membre de la Commission des États pour la politique de sécurité, je trouve toujours incroyable la manière détachée avec laquelle l’Armée aborde la question. Ce qui me choque le plus dans cette affaire, c’est que si nous nous trouvions sur l’Arc lémanique, cela fait longtemps que l’on aurait trouvé une solution. Là, il ne s’agit que de quelques petites communes du pied du Jura… Elles sont un peu oubliées.

D’un autre côté, si l’on déplace cette place de tir, ce sont d’autres communes qui auront à subir ces nuisances.

Non. Il y a une alternative, avec la place de tir au lac Noir. C’est un lieu où personne ne serait incommodé par le bruit. Et, je me suis renseigné auprès de Pro Natura, il n’y aurait aucun problème de nature écologique à effectuer des tirs à cet endroit. C’est une solution raisonnable. Mais l’Armée répond que c’est trop loin, le lac étant situé à 80 kilomètres de Chamblon. J’estime, au contraire, que ces déplacements ne seraient pas un effort exagéré. Dans d’autres secteurs publics, il y a aujourd’hui une extrême sensibilité à toutes ces questions de nuisances sonores. Regardez les autoroutes ou les chemins de fer, on a engagé des investissements considérables, en mises sous tunnel ou en parois antibruit, pour assainir la situation. Mais quand il s’agit d’Armée…

Pensez-vous que le refus du Gripen va modifier l’attitude de l’Armée ?

«Si la place de tir était sur l’Arc lémanique, cela fait longtemps que l’on aurait trouvé une solution.»

«Si la place de tir était sur l’Arc lémanique, cela fait longtemps que l’on aurait trouvé une solution.»

Le vote de dimanche devrait en tout cas la pousser à accepter davantage de concessions et à ne pas surestimer les sacrifices qu’on peut attendre des citoyens. Mais si elle devait rester inflexible, je conseillerais aux communes concernées d’utiliser la voie juridique pour poursuivre le combat.

Une voie juridique ? Quelle pourrait-elle être ?

Il y a déjà eu de nombreuses discussions avec le Département de la défense, mais les riverains pourrait déposer, auprès de lui, une demande formelle d’assainissement, attaquable devant la justice. Puis saisir les tribunaux.

Est-ce que vous vous en occuperez ?

Non. Je suis avocat, certes. Mais je suis ce dossier en tant que parlementaire, donc gratuitement. Cela fait partie de mon mandat. Je ne mélange pas les casquettes. Quelqu’un d’autre peut s’en occuper. Mais il est vraiment temps que quelque chose se passe dans ce dossier.

Yan Pauchard