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«Il l’a étranglée avec ses grandes mains»

18 février 2015

Yverdon-les-Bains – Le deuxième jour de procès de Thierry G., accusé d’avoir tué sa femme, s’est déroulé hier. Le Ministère public vaudois considère que l’accusé a commis un assassinat et a requis 18 ans de prison.

C’est dans cette maison, à Assens, que le drame s’est déroulé au milieu de la nuit du 27 au 28 octobre 2012. © Michel Duperrex

C’est dans cette maison, à Assens, que le drame s’est déroulé au milieu de la nuit du 27 au 28 octobre 2012.

Le deuxième jour d’audience de Thierry G., accusé d’avoir tué son épouse en l’étranglant durant son sommeil avant d’enterrer son corps dans la forêt et fait croire à une disparition, s’est tenu, hier matin, au Tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois (lire La Région Nord vaudois d’hier). Après une première journée factuelle, l’heure était aux émotions.

C’est en l’absence du prévenu qu’a débuté l’audience. Les parents de la victime, venus de Roumanie pour l’audition, ne voulaient, en effet, pas se retrouver face à face avec l’assassin présumé de leur enfant. «En apprenant la mort de ma fille, j’ai perdu connaissance. Cette nouvelle a bouleversé ma vie, par la suite j’ai eu des problèmes cardiovasculaires. J’ai failli rester paralysé», explique, lentement, le père, en essuyant ses larmes avec un mouchoir en tissu bleu pendant que l’interprète traduit ses paroles.

«Je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’elle soit morte, indique entre deux sanglots la mère de Claudia G.. Et je pense à ce petit bébé, que je ne pourrai pas prendre dans mes bras.» Impossibilité qui s’explique, notamment, du fait de l’éloignement et, d’autre part, du fait que la garde de l’enfant fait actuellement l’objet d’une procédure civile.

Parents absents à l’enterrement

Des parents dont la santé se serait par ailleurs détériorée depuis le décès de leur fille de 36 ans. Pire, ces derniers n’ont même pas pu venir en Suisse pour son enterrement. «Je n’ai pas pu l’accompagner sur son dernier chemin et je n’ai pas eu l’occasion de poser ma main sur elle et de lui faire un dernier baiser», soupire le retraité.

Quant à la soeur jumelle de la victime, elle se souvient parfaitement du jour qui a suivi le drame. «Je n’avais pas reçu de nouvelle de la part de ma soeur le dimanche matin (le drame a eu lieu pendant la nuit précédente), ce qui n’était pas normal. J’avais le pressentiment que quelque chose n’allait pas», raconte-t-elle. Mais cette dernière attend tout de même le début de l’après-midi avant de se rendre à Assens où elle trouve la maison familiale ouverte, le bébé de trois mois laissé seul. «J’ai téléphoné à Thierry et je lui demandé ce qu’il avait fait de ma soeur! Là je savais qu’elle était morte», explique-t-elle en racontant que depuis, elle rêve toutes les nuits qu’elle se fait étrangler. «C’est un moment terrible à vivre, souligne la soeur aînée, également présente hier, qui a perdu son travail à la suite du drame. Dès que je voyais une mère et son bébé, je me mettais à pleurer.»

«Cette situation est terrible, horrible et j’en suis le seul coupable, le seul responsable. Je vais assumer mes responsabilités et je regrette de m’être laissé emporter dans une spirale de repli sur moi», a indiqué Thierry G., sans pour autant laisser tomber son masque, qui n’a laissé transparaître aucune émotion.

Un assassinat

Malgré le fait qu’il ait exprimé ses regrets envers Claudia G., son fils, la famille de son épouse et sa propre famille, le Ministère public vaudois a requis 18 ans de prison contre l’ingénieur pour assassinat et violation du devoir d’assistance et d’éducation. «Sa culpabilité est extrêmement lourde, a déclaré le procureur Donovan Tesaury. Pouvons-nous croire un seul instant que Thierry G. ait quitté la maison de ses amis à Saint-Légier pour aller renouer avec sa femme au milieu de la nuit? Il n’y a pas eu de discussion ce soir là, ni de dispute. Il l’a étranglée avec ses grandes mains.» Le représentant du Ministère public explique ensuite que le père se serait livré à la police en sentant l’étau se refermer sur lui. «Il savait qu’il pouvait combler les blancs des enquêteurs comme il le souhaitait avec son histoire de pétage de plomb», conclut le procureur.

Muriel Aubert