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Il quitte les sommets mais reste en piste

18 février 2016 | Edition N°1684

Mauborget – Philippe Banderet n’est plus à la tête de la Société du ski-lift local après vingt ans de bons et loyaux services, mais garde son rôle de chef technique. Portrait de ce pilier de la station familiale.

Un sexagénaire campé sous le téléski de Mauborget explique à un jeune homme situé sur un pylône comment retendre une canne.

La scène est révélatrice de la période de transition en cours au sein de la Société du ski-lift local. L’homme au savoir, c’est Philippe Banderet, de Fontaines-sur-Grandson, qui vient de céder la présidence de la structure à Sven Matthey.

Soulagé de ne plus être confronté à la «paperasse», Philippe Banderet songe à la relève sur le terrain, mais il ne semble pas spécialement pressé d’abandonner sa casquette de chef technique. Il faut dire que la société fondée en 1958 est une affaire de famille. «J’ai l’habitude de dire que, comme Obélix, je suis tombé dedans quand j’étais petit», s’amuse-t-il.

Enfant, il venait skier et donnait, avec fierté, des perches contre quelques remontées gratuites. Son père s’occupait des installations et lui a transmis ses connaissances. Tout simplement.

Philippe Banderet se souvient que, dans sa jeunesse, il préparait, avec une bande de copains, la neige en «tapant dessus avec ses skis» et en tirant un rouleau de taule ondulée jusqu’au bas de la piste. En 1968, une luge à moteur a pris le relais, avant l’arrivée salvatrice de la première chenillette, en 1983. Quatre ans plus tôt, le moteur VW coccinelle actionnant la remontée mécanique avait été remplacé par une nouvelle installation.

Lorsque Philippe Banderet a accédé à la tête de la Société du ski-lift de Mauborget, cette dernière venait de se doter d’une buvette flambant neuve, dont la gestion a été confiée à sa femme.

Un homme à tout faire

Le rôle de président, qu’il a endossé durant vingt ans, a complété le statut d’homme à tout faire acquis par le placide habitant de Fontaines. Quand il ne révisait pas les installations en vue de la nouvelle saison, n’entretenait pas le ratrac ou ne participait pas au damage de la piste, il aidait son épouse à la buvette et s’occupait de la caisse.

Le bon fonctionnement du site de Mauborget repose sur le dévouement d’une équipe soudée d’une quinzaine de personnes: un précieux rempart contre les coups durs, dans une structure où le bénévolat est la règle. «Il y en a toujours un pour faire avancer l’autre. La météo nous commande. Il faut compter sur une saison difficile tous les trois ou quatre ans. Nous n’avons, par exemple, pu essayer notre dernier ratrac qu’une heure durant la saison de son achat.»

Si Philippe Banderet dépeint ces aléas climatiques avec une inébranlable force tranquille, il en va différemment lorsqu’il parle de sa femme, une autre cheville ouvrière de la société, décédée il y a quelques mois. «En plus de tenir la buvette, elle était caissière au sein du comité. Nous avions déjà annoncé, la saison passée, que nous allions arrêter. Mais, en fait, je suis comme mon fils. Je dis toujours que je ne vais plus remonter sur le site et je suis encore là. J’aime faire plaisir aux gens, aux familles qui viennent», conclut Philippe Banderet.

Une nouvelle offre payante

La construction du télébob a donné un deuxième souffle à la société

L’an 2000 était synonyme d’apocalypse pour certains. Il a rimé avec renouveau du côté de Mauborget. «Nous avons construit le télébob pour redynamiser la station. Cette nouvelle installation fait mieux que le téléski», commente Philippe Banderet, dans la buvette du site, où des assiettes ont été disposées sur les tables pour une classe en provenance du canton de Genève. «Nous leur proposons un forfait combinant une soupe et le télébob», explique l’ancien président de la Société du ski-lift. Depuis 2001, un tunnel a été percé pour parvenir au départ de la piste du télébob sans croiser le téléski, afin de garantir la sécurité des usagers. Bien que la couche de neige ne soit pas particulièrement épaisse, le tracé de 400 mètres offrant une vue imprenable sur la plaine et la chaîne des Alpes devrait pouvoir être ouvert tous les jours, de 10h à 17h, pendant la période des Relâches. La piste de la station de Mauborget est aussi munie d’un éclairage qui permet de skier la nuit (le vendredi et sur demande pour les groupes). «Les spots viennent de l’Exposition nationale suisse de 1964, à Lausanne », relève Philippe Banderet.

Infos: www.telebob.ch

Ludovic Pillonel