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Il surfe sur le tsunami gris

6 février 2020

Santé – Le nouveau directeur de l’ASPMAD Nord vaudois, Matthieu Reymond, n’a pas peur des défis. Le quadragénaire s’appuiera sur sa connaissance du terrain et sa compréhension des enjeux cantonaux pour affronter les problèmes de demain.

De la modernité du bâtiment A en passant par les couleurs du bloc B et aux œuvres d’art de la partie C, les locaux de l’Association pour la santé, la prévention et le maintien à domicile (ASPMAD) s’adaptent aux goûts de ses collaborateurs basés à Montagny-près-Yverdon. Pourtant, le bureau du nouveau directeur régional rompt avec cette philosophie. Démuni de toute décoration, l’espace de travail de Matthieu Reymond est pour le moins fonctionnel. «Le poste a nécessité d’aller rapidement au turbin, explique le Combier. Il faut dire aussi qu’on n’est pas vraiment dans le faste ici, mais je me suis dit que je pourrais quand même accrocher un tableau.»

Si l’amateur d’art n’a pas eu le temps de se créer son nid douillet, c’est qu’il vient tout juste de s’asseoir dans son nouveau fauteuil. Dans la maison depuis 2017 en tant que responsable du CMS de Cossonay, et par la suite de celui d’Orbe, il a succédé le 1er janvier à Yvon Jeanbourquin, parti après douze ans de service. Une arrivée qui n’a pas été toute simple, bien qu’il ait fait l’unanimité auprès du comité de recrutement. «Il a fallu convaincre que je pouvais m’inscrire dans une vision cantonale et, en même temps, porter le projet du Nord», souligne Matthieu Reymond. Concrètement, cela signifie que le Combier doit se préparer à affronter ce que l’on appelle dans le milieu «le tsunami gris» tout en assurant un développement pérenne de son service. Et l’habitant de L’Abbaye de décrypter: «Aujourd’hui, on a de plus en plus de personnes âgées avec plusieurs demandes de traitements différents. Dans la configuration actuelle, les structures de soins n’ont ni les moyens ni la capacité de faire face à ce tsunami. La réponse du Nord à ce problème, c’est la collaboration. Depuis dix ans, les partenaires locaux ont beaucoup cherché à se coordonner pour répondre aux défis de la santé.»

Réinventer les soins à moindre coût

Le directeur sait pourtant que les choses ne vont pas être faciles: «C’est sûr qu’il y a toujours une tension entre garder une cohérence vaudoise et donner de la liberté aux régions qui doivent mettre en musique la partition cantonale. Mais ma volonté, qui a plu au comité de recrutement, c’est de quitter les débats de position pour entrer dans les débats d’enjeux.» C’est-à-dire qu’il n’est plus question, par exemple, de réfléchir si on est pour ou contre le logiciel de gestion des dossiers qui fait râler certains collaborateurs, mais de savoir comment faire pour qu’il devienne un outil de travail.

«On a la nécessité de réinventer les soins pour qu’ils coûtent moins cher. Et le cœur de cette stratégie, ce sont les soins à domicile. Mais on n’est plus les seuls sur le marché, il faut aussi compter sur des acteurs privés (ndlr: comme La Solution), avec qui on devra discuter pour créer un véritable réseau», résume Matthieu Reymond. Un défi trop lourd à porter pour ce père de trois enfants? «J’ai postulé pour ne rien regretter parce que je sais que pour réussir, il faut une bonne compréhension du fonctionnement, avance-t-il. Et j’ai toujours dit que je suis un surfeur. Plus hautes sont les vagues, plus je suis content.» Par contre, pour glisser avec grâce sur la vague, le directeur devra renoncer à quelques hobbies, comme brasser ses bières et composer des partitions pour des comédies musicales. «Mais je tiens à garder ma place au Conseil communal», assure le milicien.

 

3,2% Il s’agit de l’évolution de l’activité du CMS Nord vaudois en 2019. En comparaison, le canton a enregistré un recul de 0,3%.

3,83 millions de kilomètres environ ont été effectués l’an dernier par les collaborateurs du district.

3400 clients, en moyenne, sont suivis chaque mois par les quelque 960 employés du CMS Nord vaudois (soit approximativement 590 équivalents temps plein).

461 700  heures de travail ont été dispensées l’an dernier. Ce qui représente 21,5% du volume de l’ensemble des CMS vaudois. Le Nord est la région la plus grande et la plus active du canton.

 

Christelle Maillard