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Il la traque jusque sur l’autoroute
Semi-autoroute Orbe-Vallorbe, 9 janvier 2018. © Michel Duperrex

Il la traque jusque sur l’autoroute

12 février 2019 | Edition N°2434

Nord vaudois –  Un conseiller en assurances a comparu, hier, devant les juges pour avoir harcelé trois de ses compagnes. Il aurait percuté le véhicule de l’une d’entre elles pour la contraindre à s’arrêter sur le tronçon autoroutier Vallorbe-Chavornay.

Sophie* n’est pas près d’oublier la terrible course-poursuite dans laquelle elle a été entraînée, le 26 janvier 2016. Au sortir d’un rendez-vous avec sa psychologue et après s’être violemment disputée avec Julien*, son petit ami, elle a décidé de ne pas répondre à ses messages et de regagner son domicile. Furax, Julien a alors décidé de se lancer à sa poursuite avec son véhicule. Sur la route cantonale entre Le Day et Croy, ce conseiller en assurances, âgé de 38 ans, a effectué plusieurs tête-à-queue devant elle. Il l’a suivie lorsqu’elle a fait demi-tour pour regagner l’autoroute à Vallorbe, en direction de Lausanne. Il aurait alors donné plusieurs coups de volant, à au moins quatre reprises, pour contraindre Sophie à se déporter sur la voie d’arrêt d’urgence, jusqu’à la percuter.

Sous le choc, la jeune femme a menti aux gendarmes lors du constat en prétendant qu’elle ne connaissait pas Julien. «Il ne voulait pas perdre son permis de conduire, son travail et la garde de sa fille», a-t-elle indiqué hier au président du Tribunal correctionnel de la Broye et du Nord vaudois. Et d’ajouter avec émotion: «J’ai cru que j’allais mourir!»

Face à la Cour, Julien a tenté de nier les faits qui lui sont reprochés, avant de se raviser face au procureur agacé qu’on lui «raconte des salades». L’homme est prévenu de plusieurs chefs d’accusation, dont ceux de lésions corporelles simples qualifiées, contrainte, violation grave qualifiée des règles de la circulation et infraction à la Loi fédérale sur la protection des animaux (lire encadré).

Plus de cent appels par jour

Ce n’est pas là le seul tourment que le trentenaire aurait infligé à Sophie. Bien avant l’épisode de janvier 2016, alors qu’ils étaient en couple, il se rendait régulièrement chez elle pour la surveiller. «Il faisait le tour de mon immeuble et allumait une lampe-torche pour voir si j’étais là», a raconté la jeune femme.

Obsédé par cette relation tumultueuse et le fait que son amie ne décrochait pas son téléphone, il l’aurait contactée une centaine de fois en une seule journée. «Vous me demandez si mon attitude est normale? Je ne pense pas, mais elle ne voulait pas régler une situation conflictuelle», a-t-il confié à la Cour. Par ailleurs, alors que Sophie refusait de le laisser entrer chez elle, le prévenu aurait défoncé sa porte d’entrée, puis celle de sa cuisine où elle s’était réfugiée.

Deuxième plainte déposée

Sophie n’est pas la seule à avoir déposé plainte contre Julien. Alors qu’il fréquentait Sophie, Julien était  officiellement en couple avec Lauriane*, avec qui il a vécu durant sept ans. En parallèle, il fréquentait également Sarah*, sans que les trois femmes ne se doutent de rien. Au cours de disputes fréquentes, Julien aurait frappé Lauriane au visage jusqu’à lui causer un œil au beurre noir. «Je l’ai simplement repoussée parce qu’elle voulait me gifler», a-t-il affirmé à la Cour.

Le Parquet a requis une peine privative de liberté de 24 mois avec sursis, ainsi qu’une amende de 3000 francs. L’avocat des deux plaignantes a exigé une indemnité de 5000 francs pour Sophie et une autre de 2000 francs pour Lauriane. Quant à la défense, elle a invoqué le fait que le doute devait profiter à son client et qu’il devait être acquitté.

*Prénoms d’emprunt

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Chien maltraité?

Selon Lauriane* et Sarah*, Julien aurait maltraité son chien. L’animal, qu’il utilisait lorsqu’il travaillait pour une entreprise de sécurité, aurait subi des coups à plusieurs reprises, selon l’acte d’accusation. «Une fois, j’ai dû lui enlever du ruban adhésif collé sur le museau», a confié Lauriane au président du tribunal. Des faits que Julien réfute en bloc: «J’aime mon chien, c’est comme un membre de ma famille.»

Valérie Beauverd