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Il trouve son second souffle dans le milieu pastoral

22 juillet 2014

Steve Jaunin, domicilié à Fiez, a pris un nouveau départ après un grave accident de travail. Défenseur d’un pastoralisme à l’ancienne, le «berger au Bleu» est devenu une figure dont la réputation dépasse largement nos frontières.

L’escorte canine travaille en équipe pour regrouper les moutons.

L’escorte canine travaille en équipe pour regrouper les moutons.

«Bleu.» A peine Steve Jaunin a-t-il prononcé ce mot que son chien Ayko se couche dans le parc regroupant un peu plus de 50 moutons, non loin du Centre sportif de Valeyres-sous-Montagny.

«J’ai quatre bergers des Pyrénées. L’un obéit aux couleurs, un autre aux formes et les deux derniers aux ordres conventionnels», précise le berger nord-vaudois de 42 ans. Démonstration à l’appui, il prouve l’habileté de ses compagnons canins dans l’art de rassembler un troupeau.

Aujourd’hui reconnu dans son milieu, Steve Jaunin ne se destinait pas au pastoralisme. «J’étais responsable d’un département médical. En 2001, un accident lors duquel j’ai reçu une décharge électrique de 20 000 volts a changé ma vie», indique-t-il. Epileptique, le Nord-Vaudois peut compter sur ses chiens, notamment Ayko et Gayak, qui sont à même de sentir l’imminence d’une crise.

Larzac, l’un des deux ânes qui accompagnent le troupeau, se montrera moins docile envers les prédateurs potentiels, comme les renards en quête d’agneaux.

Larzac, l’un des deux ânes qui accompagnent le troupeau, se montrera moins docile envers les prédateurs potentiels, comme les renards en quête d’agneaux.

Ses auxiliaires canins sont aussi précieux dans l’exercice de son activité de berger, qu’il pratique avec passion depuis plusieurs années. La concrétisation d’une révélation survenue lors de la participation, fin 2005, à un cours de quelques jours portant sur les chiens de troupeau à Berne. Depuis lors, tout se précipite. Steve Jaunin part au Larzac, une région de France à laquelle l’un des ses ânes doit son nom, se former au contact d’Etienne Serclérat, une référence. En Valais, «le vieux J-P», un berger aujourd’hui décédé, lui apprend également à ne pas se contenter de «troupeauter».

«Au départ, je croyais que les concours reflétaient la réalité. Mais c’est bien différent», reconnaît Steve Jaunin. Les croisements avec les voitures sur la route et la traversée des villages, où les potagers sont autant de tentations pour des ovins au caractère tout sauf «moutonesque» représentants quelques-uns des risques susceptibles de nuire à une transhumance.

Plusieurs variétés de moutons cohabitent dans le troupeau.

Plusieurs variétés de moutons cohabitent dans le troupeau.

Le passionné a acquis ses premiers ovins à Vallorbe en 2009, et augmenté graduellement son cheptel qui regroupe, aujourd’hui à l’année, une septantaine de bêtes issues de plusieurs variétés.
«Il y en a maintenant 120 avec les agneaux. Ce ne sont pas des moutons pour la boucherie», affirme Steve Jaunin.

Selon l’habitant de Fiez, le succès d’une démarche pastorale dépend de l’équilibre entre les différents éléments que sont les moutons, les chiens, le berger et l’environnement dans lequel ils évoluent. Au fil du temps, Steve Jaunin a mis en place un système de communication où la gestuelle et les intonations jouent un grand rôle. Un savoir-faire reconnu et recherché puisque des personnes de nombreux horizons prennent part aux cours de pastoralisme du père de famille.

«Les gens viennent pour se préparer dans l’optique de concours ou, tout simplement, dans le but de se retrouver avec leur chien. Des Corses étaient là il y a trois semaines et je vais bientôt recevoir des Italiens», précise Steve Jaunin.

Plusieurs distinctions

Le troupeau est sous bonne garde avec ce brillant quatuor.

Le troupeau est sous bonne garde avec ce brillant quatuor.

Le nom de «berger au Bleu» qu’on lui a attribué fait référence à la couleur de la robe et de l’un des yeux de son chien Ayko, qui a déjà brillé dans plusieurs compétitions canines. Sa valeur de renommée internationale s’est notamment traduite, dernièrement, par l’obtention du titre de champion d’Italie de chiens de troupeau. Son compagnon à quatre pattes s’est aussi illustré à Paris, au Salon international de l’agriculture, en terminant deuxième du concours de beauté.

Mais, aux yeux de Steve Jaunin, l’essentiel est ailleurs. Ce défenseur des races de chiens continentales comme les bergers des Pyrénées -aujourd’hui, les compétitions canines du domaine sont monopolisées par les borders collie- aime partager ses connaissances avec d’autres personnes et se retrouver dans la nature avec ses animaux.

«J’adore être tout seul, en transhumance, avec mes chiens, mes moutons et mes ânes. Je ne changerais pour rien au monde», indique-t-il. Si le temps le permet, il prévoit d’ailleurs de gagner la semaine prochaine le Creux du Van à pied avec son troupeau.

Ludovic Pillonel