«Il va falloir faire plus»
16 décembre 2024 | Textes: Manuel GremionEdition N°3853
Yverdon Sport a encore perdu à la maison, 1-0 contre Sion, samedi. Paul Bernardoni met les points sur les «i».
«On court après le score ces derniers temps, c’est très frustrant. Ce match-là, sincèrement, je n’arrive pas à l’expliquer, et il n’y a pas pire dans le football. Quand on voit la deuxième mi-temps, on est offensifs, on n’a pas peur, on y va, puis on repense à la première période, où on est attentistes, on fait des conneries et ça pète…»
Paul Bernardoni en avait gros sur la patate, après la défaite 1-0 d’Yverdon Sport, samedi face à Sion. Toujours très lucide et franc, le gardien a tout dit. «Bien sûr qu’on a poussé en deuxième mi-temps. Qu’avait-on à perdre? On était menés, on était chez nous, où on n’arrive plus à gagner. A un moment donné, il faut se révolter. On peut dire ce qu’on veut, c’est nous qui sommes sur le terrain. On s’est bougés après le thé, mais trop tard, et dans le foot, quand tu es mené, ben voilà, tu touches la barre, y a un sauvetage sur la ligne… Parfois, j’ai l’impression qu’on est là, et qu’on attend d’encaisser pour réagir.»
Les vacances arrivent à point nommé. Il s’agit de couper. YS partira ensuite en stage de préparation. «Ça va faire du bien aussi. Il va falloir en faire plus, car avec 17 points, on ne se sauve pas.»
La recette pour 2025? «Travailler dans la continuité, oui, mais il va falloir qu’on ose beaucoup plus. On aura de la réussite ou non, mais il faut tenter des choses, comme en deuxième mi-temps contre Sion. Je préfère perdre en ayant eu des occasions plutôt qu’aucune, comme ça nous arrivait parfois ces derniers temps.»
Et Paul Bernardoni de confirmer qu’Alessandro Mangiarratti en demande évidemment plus offensivement à son équipe: «Bien sûr! Mais bon, la tactique, le machin, etc. à un moment, quand on rate un contrôle, ce n’est pas la faute du coach. Quand je prends des buts, la même chose, et ainsi de suite.»
Avec deux équipes derrière au classement, Yverdon Sport n’est pas si mal barré que ça par rapport à son standing, même s’il manque idéalement quelques points. «Il faut savoir qui on est. On va devoir se battre jusqu’au bout et on a besoin de tout le monde. Notre ressort, à nous les joueurs, c’est le terrain.»
Le Français se dit persuadé que l’équipe a le niveau. «On mérite même plus de points que les 17, mais le problème est que des fois on démarre les matches en dilettantes, et en Super League, tu le paies cash. Maintenant, il va falloir prendre au moins 17 points supplémentaires, il va falloir se battre, et moi, je suis prêt et je sais que les mecs le sont aussi. Je n’ai vécu que ça dans ma carrière, des moment où c’est un peu dur. On peut changer plein de choses, mais si on n’en fait pas plus, il ne se passera rien. Tout part de nous, les joueurs. On devra être cohérents, à fond, et on obtiendra des résultats.»
L’autocritique était au centre du discours du dernier rempart. «Que tout le monde se regarde lui-même, et qu’on reparte en pensant à l’élan donné en deuxième mi-temps contre Sion. Quand tu joues le maintien, il faut se responsabiliser et, bizarrement, quand tu le fais, tout va beaucoup mieux. Ce que je dis là, je l’ai déjà dit en face, à tous, je n’invente rien. Je sais qu’on a un bon groupe, des bons gars, mais il va falloir faire plus.» Le message est clair.
Alessandro Mangiarratti: «Il faut respecter Yverdon Sport un peu plus»
Habituellement modéré lors de ses réactions d’après-match, Alessandro Mangiarratti s’est montré plus incisif envers ses hommes, samedi, à la suite de la défaite contre Sion. «On ne peut pas démarrer comme ça le match. Comme je le dis à chaque fois, je prends la responsabilité de ce qu’il se passe sur le terrain, mais ce coup-ci, je ne le fais pas en ce qui concerne la performance de certains joueurs, a asséné l’entraîneur. Je suis déçu de cela, et je pense que quelques-uns devront revenir l’année prochaine avec humilité et une autre attitude. Parce qu’il faut respecter Yverdon Sport un peu plus quelquefois.»
Le Tessinois a vu un match équilibré, regrettant le but cadeau – une relance de Mohamed Tijani contrée, qui a permis à Théo Berdayes de donner à Théo Bouchlarhem pour le 1-0 – servi sur un plateau au FC Sion. «Il nous manque aussi quelqu’un pour pousser le ballon derrière la ligne. C’est incroyable la difficulté qu’on rencontre pour cela. On manque encore de qualité devant.»
La coupure sera courte pour le coach. Alessandro Mangiarratti prévoit de se remettre très rapidement au travail. «YS a besoin que quelques joueurs prennent un peu de leadership, et il est clair qu’on n’arrive pas à marquer assez. C’est la réalité des choses», a-t-il martelé, rappelant de nouveau que l’équipe avait perdu 26 buts – Ceux de Kevin Carlos, d’Aymen Mahious et d’Igor Liziero – par rapport à l’exerice passé. «J’espère que Varol Tasar va retrouver sa forme après une longue blessure. D’autres, après une première partie d’apprentissage de la ligue, vont revenir avec plus de connaissances de celle-ci et de facilité», a-t-il repris, tirant le parallèle avec Kevin Carlos, qui a explosé après la pause, la saison passée, et espérant que quelques-uns suivent une trajectoire comparable.
Les Verts avaient encaissé 37 buts après 22 matches la saison dernière. Ils n’en ont cette fois accordé que 28. C’est nettement mieux, et ça, le technicien de 46 ans l’apprécie.
La discussion est revenue sur le match de samedi: «Je ne sais pas comment certains sont arrivés avec si peu d’énergie. Je ne le comprends pas, car on a effectué un très bon match au niveau de l’attitude et du jeu à GC, on était dominants, on a passé une belle semaine, alors tu te dis qu’on est prêts. Puis, tu arrives au stade, tu vois les cinq premières minutes de jeu, où on n’a pas pris un ballon de la tête. Mais qu’est-ce qu’il se passe ici? Il faut vraiment que quelques joueurs prennent la situation en main. Parfois, j’ai l’impression que chacun regarde un peu pour soi, car Yverdon n’est qu’un petit club où on arrive et on repart. Mais pour repartir, il faut avant cela réussir des performances, respecter le club, les copains, tout le monde, et parfois ça manque un peu, à mon sens.»
Et d’ajouter: «Il faut voir qui sont les joueurs qui ont les valeurs pour jouer dans ce club-là.»
De quoi avoir des désirs particuliers durant le mercato hivernal? «Le club va penser à cela, j’en suis certain», a-t-il botté en touche.