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«Il va falloir faire preuve de courage»

28 décembre 2012

Pierre Dessemontet, président du Conseil communal, adresse ses meilleurs voeux aux lectrices et lecteurs de La Région Nord vaudois, tout en s’interrogeant sur les défis à venir pour l’année 2013, notamment en matière d’investissements et de priorités.

Le président du Conseil communal d’Yverdon-les-Bains Pierre Dessemontet adresse ses voeux pour la nouvelle année.

Chères toutes, chers tous,

A Yverdon-les-Bains, l’année qui se clôt aura été agitée et difficile – mais cette agitation et ces difficultés ouvrent des perspectives nouvelles pour l’année qui s’ouvre. Du haut du perchoir, on a une vue imprenable sur ces paysages changeants comme la lumière sur notre région. Permettez-moi donc de vous faire part de ce que j’entrevois pour 2013.

L’année qui débute ne ressemblera pas à celle qui se finit. Politiquement, les choses ont changé à Yverdon-les-Bains. Le vote du 25 novembre passé a chamboulé le paysage, et le chamboulera encore. S’il est trop tôt encore pour connaître les chemins que la Ville empruntera cette année, il est en revanche possible de discerner quelques voies possibles. Ce qui semble certain, c’est que toutes ne pourront être empruntées: 2013 sera de ce point de vue l’année des choix. Il ne sera pas possible de tout faire, la route de contournement et l’ensemble du plan des investissements, en maintenant les impôts et la dette là où ils se trouvent. Quelque chose devra céder.

Parce que nous vivons, et c’est tant mieux, dans une démocratie qui respecte la volonté populaire, il semble difficile que cela soit la route de contournement, même si de nombreuses incertitudes demeurent: par où, et pour combien? L’affaire concerne avant tout la Municipalité d’Yverdon-les-Bains, via son service des travaux, dont la tâche sera ardue en 2013. Le tracé pourrait de nouveau faire débat: si, en ville, on s’accorde sur l’avenue des Trois-Lacs, il est des voix dans le district qui préconisent l’option courant le long de l’autoroute. Ensuite, quelque soit le tracé choisi, il faudra passer sous les voies ferroviaires, ce qui implique d’obéir aux injonctions des CFF en ce qui concerne l’ouvrage: pour la Ville, un coût immaîtrisable. Ne reste guère, comme marge de manœuvre, que l’échelonnement dans le temps, le phasage des opérations – mais le projet, lui, devrait sortir en 2013 encore des cartons de la municipalité. Courage à elle!

Les marges de manœuvre ne sont pas beaucoup plus grandes concernant le plan des investissements, la majeure partie de ce dernier découlant soit d’obligations cantonales ou fédérales, comme les écoles, soit d’obligations d’entretien. Or, de la Maison-Rouge à William Barbey en passant par les Moulins, une bonne partie de nos rues sont dans un état lamentable – et ce qui se voit dessus donne une indication de l’état de ce qui se trouve dessous. De même qu’on ne peut pas repousser de deux ou trois mois la remise en état d’une conduite qui vient de sauter, il est dangereux de décaler de cinq ou dix ans la réfection d’infrastructures dont on sait qu’elles sont à bout de souffle. Il s’agira donc de faire des choix difficiles: d’écoles en casernes, de revêtements en canalisations, ce dont on n’a pas strictement besoin tout de suite devra être repoussé dans le temps, et ce qui doit être réalisé sans délai devra l’être à moindres frais, de manière plus frugale. Dans bien des services de la Ville, c’est une époque de renoncements qui s’ouvre. Courage à eux!

Reste le paramètre financier. Je fais partie des optimistes et je continue de penser que la hausse de la population est en train de redresser l’assiette fiscale d’Yverdon-les-Bains, et il est vrai que la valeur du point d’impôt a pris l’ascenseur ces dernières années. Mais exprimée en francs par habitant, elle reste basse, et surtout, à 76.5, notre taux d’imposition est déjà élevé : une hausse de seulement 3 points ferait de nous la ville fiscalement la plus chère du canton. Il ne paraît donc guère envisageable de jouer sur ce paramètre de manière décisive. D’autre part, le plan des investissements tel qu’il est aujourd’hui prévoit déjà une augmentation progressive de la dette ces prochaines années. Là non plus, les possibilités ne sont pas infinies.

C’est bien dans l’interaction de ces trois grands volets: contournement, investissements, financement, que demeurent les marges de manœuvre qui restent désormais aux acteurs de la vie politique yverdonnoise. Suite au vote du 25 novembre, les partis du Conseil communal se sont promis un dialogue constructif: c’est sur la mécanique fine des arbitrages de ce triangle que ce dialogue a le plus de chances d’apporter des résultats probants en 2013. Pour autant, on le voit, le chemin est diablement étroit, et chacun devra céder sur des points sur lesquels il n’imagine pas lâcher prise aujourd’hui. Là encore, il va falloir faire preuve de courage, voire d’abnégation.

Toutefois, si j’ai un souhait pour cette année, un seul vœu à formuler, c’est que ce dialogue fonctionne. Certes, il sera difficile et semé d’embûches, mais cette voie est infiniment plus désirable que l’autre option, celle du blocage complet de nos institutions jusqu’aux élections de 2016. Beaucoup de courage demandé donc, cette année, aux différents responsables de la Ville d’Yverdon-les-Bains, en une année regorgeant de défis. Mais une année qui est également pleine d’opportunités, et demeure largement ouverte.

Le président du Conseil communal d’Yverdon-les-Bains 2012-2013

Pierre Dessemontet