Logo
«Il vaut peut-être mieux aller manger au resto avec une bande de copains»
Nicolas Thuillard pose dans son jardin de Démoret avec son Briscar d’honneur. Une statuette qui récompense l’ensemble de sa carrière. Photo: Muriel Ambühl

«Il vaut peut-être mieux aller manger au resto avec une bande de copains»

21 juin 2023

Football - Nicolas Thuillard, 35 ans, a pris sa «retraite» chez les actifs l’été dernier. La Région a remis un Briscar d’honneur à l’emblématique et polyvalent joueur de Chavannes-le-Chêne, qui tape encore dans le ballon rond avec les seniors.

Nicolas Thuillard, vous avez évolué avec les seniors de plus de 30 ans durant la saison écoulée. Cela change-t-il beaucoup de vos longues années chez les actifs?
Il faut le prendre différemment. On est une équipe de copains, pas de champions. Tout le monde n’a pas fait les juniors, on ne s’attend pas à recevoir des passes tout le temps bien dans les pieds. Mais une partie de l’équipe est composée de joueurs avec qui j’ai vécu la promotion en 3e ligue en 2007 (voir encadré), qui ont désormais entre 35 et 40 ans. Et on fait parfois des longs jeudis soir après les matches, la troisième mi-temps est bien là (rires)!

Ça ne vous manque pas, de ne plus vous entraîner régulièrement?
Des fois, oui. Mais je n’aurais pas le temps, avec tout ce que je fais à côté, le boulot, la famille. La saison passée, c’était à chaque fois la course pour aller à l’entraînement, on stressait les enfants pour que je puisse être à l’heure. Il arrive aussi que, quand je vais voir la première équipe jouer, certains matches me fassent envie, par exemple les derbies. Chez les plus de 30 ans, il n’y a plus la même mentalité. Si on perd, tant pis. Mais on m’a quand même appelé pour dépanner à la «une» durant le tour automnal, et j’ai dit que je restais à disposition au besoin. Cependant, je ne veux pas piquer la place à un petit jeune! Par contre, ma conjointe m’a dit qu’elle préférait presque que je joue à la «une» plutôt qu’avec les plus de 30 ans, car elle en a marre que je rentre trop tard le jeudi soir (rires).

Du coup, envisagez-vous de reprendre du service chez les actifs la saison prochaine?
Non, il n’y a pas de réflexion à ce sujet. Mais faire deux ou trois entraînements avec la «une», si je peux, j’irai. Pour le plaisir et pour me défouler. J’aimerais refaire la Patrouille des Glaciers (ndlr: il en compte déjà cinq à son actif), la grande, donc cela pose certaines contraintes, et je ne peux pas être loin tout le week-end, sinon ça coince un peu à la maison, ce qui est normal. Quand mon aîné avait 3 mois, je montais au Chasseron en peau de phoque avec la charrette derrière, mais maintenant que j’ai deux enfants de plus, ça fait un peu lourd… Pour le foot, on verra si j’attaque un jour les plus de 40 ans, car j’avais d’abord dit que je jouerais jusqu’à 35 ans, et je fêterai mes 36 ans en août…

Vous verriez-vous vraiment arrêter totalement?
S’il n’y a plus d’équipe dans le coin et qu’il faut aller jouer je ne sais pas où, oui. Et au bout d’un moment, je me dis qu’il vaut peut-être mieux aller manger au resto avec une bande de copains, que ça fait le même effet (rires). Je ne sais pas comment ça joue chez les plus de 50 ans, si les gens n’y vont pas plutôt pour l’ambiance après les matches. Mais je ne sais pas, à cet âge-là, mes enfants seront ados, peut-être qu’on ne les verra plus, qu’il faudra retrouver une activité et que je rejouerai au foot…

 

2007

Soit l’année où Nicolas Thuillard a fêté la promotion en 3e ligue avec Chavannes-le-Chêne. «C’était un joli championnat, et une belle fête! On avait gagné tous les matches. Je m’étais ouvert l’arcade le soir précédant notre ascension, le médecin m’avait dit que je ne pouvais pas faire de sport. J’ai évidemment joué le match, et les points ont lâché. J’ai mis des steri-strip, fini la rencontre et fait la fête jusqu’au petit matin, rigole le Nord-Vaudois. On était une jolie équipe, avec plein de jeunes de la région. On devait être quatorze à avoir joué ensemble en juniors, sur un effectif de dix-sept. C’était bien! On n’a juste pas fait dix ans à ce niveau, on est redescendus en 4e ligue en 2016.»

 

Les vertus du gainage

Si Nicolas Thuillard a manqué quelques rencontres pour un péroné cassé – durant un match, qu’il a quand même terminé – et quelques semaines d’entraînement à cause d’une blessure à un ménisque – «en sortant du bistrot pendant la préparation hivernale, ce qui a fait rire beaucoup de monde, mais on n’avait bu qu’un Coca cette fois-là» –, ses ligaments ont été épargnés.
«Peu de joueurs ont été touchés aux ligaments à Chavannes. Dans les dernières saisons, on a eu un entraîneur, Olivier Broye, qui nous faisait pas mal de gainage. Au début, on n’était pas enthousiastes, moi le premier. Ce n’était pas mon truc. Puis, avec le recul, je me suis rendu compte que je n’avais plus mal au dos au boulot, que c’était un plus aussi pour la vie à côté, qu’on n’avait rarement des blessés au sein de l’effectif.»

 

Dans tous les rôles, ou presque

Joueur, capitaine, entraîneur, membre du comité: Nicolas Thuillard a parfois cumulé les casquettes au FC Chavannes-le-Chêne. «J’ai entraîné la première équipe pendant une demi-saison, pour dépanner. Je n’avais pas de papier, mais on n’avait pas de coach. J’ai aussi donné l’entraînement de temps à autre quand j’étais capitaine et que l’entraîneur n’était pas disponible, car je bénéficiais d’un certain respect», relève celui qui est au comité depuis une dizaine d’années.

 

Il ne s’est pas plu à Yverdon Sport

C’est en suivant ses deux frères que Nicolas Thuillard a commencé le foot, vers l’âge de 4 ans, chez les juniors F de Donneloye, avant de rapidement rejoindre les E de Chavannes-le-Chêne, effectuant toutes ses années de juniors au Mouvement Menthue. À 16 ans, il intègre la «une» de Chavannes-le-Chêne, en 4e ligue. Il est ensuite appelé par Yverdon Sport pour évoluer avec les B inter. Nicolas Thuillard y passe un mois.
«Le passeport s’est perdu entre Chavannes, Berne et Yverdon. Ce n’était pas plus mal, car je n’aimais pas l’ambiance. De plus, j’étais en apprentissage, je finissais le boulot à 17h30, l’entraînement commençait à ce moment-là, je devais traverser la ville et l’entraîneur me faisait faire un tour de terrain par minute de retard. Je commençais chaque session par quinze tours. C’est presque dommage, car s’il y avait eu une autre ambiance, un autre coach, j’aurais peut-être joué plus haut…»
Le FC Echallens le contacte droit derrière, mais les entraînements de la première équipe démarraient à 17h. «Du coup, je suis resté fidèle à Chavannes-le-Chêne.»