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«Ils auraient pu venir s’excuser»
Onnens, 30 mai 2019. Marie-Louise Jaquet. © Michel Duperrex

«Ils auraient pu venir s’excuser»

31 mai 2019
Edition N°2509

Une bande d’ados a piqué le fauteuil roulant d’une nonagénaire, en décembre dernier. La victime parle d’une bêtise, mais estime qu’ils méritent une punition.

Marie-Louise Jaquet ne fait pas ses 95 printemps, loin de là. Toute pimpante, elle réside seule dans sa grande maison d’Onnens et affiche un entrain à nul autre pareil. Seulement voilà. Elle a quelques problèmes de mobilité, et son fauteuil roulant électrique lui est bien utile pour aller faire ses courses, à l’autre bout du village, ou pour aller prendre le soleil au bord du lac ou au milieu des vignes.

En décembre dernier, alors qu’elle s’était rendue chez des connaissances pour casser des noix, à Onnens, Marie-Louise Jaquet a eu la mauvaise surprise de découvrir que son engin avait disparu, au moment de rentrer chez elle. «Il était au bord du chemin et, malheureusement, j’avais laissé la clé dessus, se souvient la retraitée. Des jeunes l’ont pris et ils sont allés faire les guignols au bas du cimetière.» Ces ados, elle les connaît de vue, mais pas de nom. Mardi, la police  cantonale a annoncé qu’elle les avait interpellés. Il s’agit de huit mineurs de la région, âgés de 13 à 17 ans, qui se sont illustrés en commettant une série de vols et de dommages à la propriété, ainsi que des infractions à la loi sur la circulation routière et à la loi fédérale sur les stupéfiants.

Grâce à son engin, Marie-Louise Jaquet a le loisir d’aller se balader. © Michel Duperrex

Grâce à son engin, Marie-Louise Jaquet a le loisir d’aller se balader. © Michel Duperrex

Le soir du larcin, une amie avait raccompagné Marie-Louise Jaquet à son domicile. Et c’est son fils qui était allé récupérer son fauteuil roulant: «Il était coincé dans les buissons au-dessus du cimetière», poursuit la nonagénaire. L’engin, abîmé, avait dû être remis en état, avant qu’elle ne puisse à nouveau circuler avec. Il trône aujourd’hui dans le sous-sol de sa maison, prêt à l’emmener en commissions.

Jusqu’à ce que la police annonce leur interpellation, Marie-Louise Jaquet n’avait plus entendu parler de ces ados. «Ce sont des bêtises de jeunes, commente-t-elle. Qui n’en a pas fait?»  Pour autant, elle estime que leur acte ne doit pas rester impuni. «Ils auraient pu venir s’excuser, poursuit-elle. Si cela avait été le cas, je leur aurais demandé, par exemple, de verser 50 ou 100 francs à l’EMS de Corcelles comme punition. Mais il ne faudrait pas que ce soit leurs parents qui paient!» Elle s’empresse d’ajouter: «Je n’aurais jamais accepté d’argent pour moi!» Les huit jeunes s’exposent toutefois à une sanction bien différente, puisqu’une procédure judiciaire est en cours auprès du Tribunal des mineurs.