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Ils jettent la pierre à l’extension de la gravière

17 octobre 2013

Des habitants de Baulmes ont décidé de réagir face au projet d’extension de la gravière des Âges sur une parcelle communale, au nom de la préservation d’un milieu naturel qui leur est cher.

De gauche à droite : Armand Deriaz, Edmond Quinche et Andrea Merz Gratini, trois des villageois de Baulmes ayant décidé de s’opposer à l’exploitation de la parcelle située derrière eux.

Tout en évoquant avec passion le dossier qui le touche, Edmond Quinche se penche à intervalles réguliers pour ramasser les noix tombées sur la petite route menant à Six Fontaines. Établi depuis 1971 à Baulmes, ce septuagénaire ne cache pas son attachement au coin de campagne théâtre de ses balades à cheval, un sentiment partagé par plusieurs autres villageois à la base de l’opposition au projet d’extension de la gravière exploitée par l’entreprise Cand-Landi S.A.

Également présents sur les lieux, Andréa Merz Gratini et Armand Deriaz déplorent, eux aussi, l’attitude la Commune. «L’avis de mise à l’enquête n’a pas été publié dans le bulletin des avis officiels, mais uniquement dans la feuille des avis officiels», relève Edmond Quinche.

La manière de faire, attribuée à une volonté de «désinformation » de la Municipalité, est critiquée par le trio et les quelques autres personnes résolues à bloquer le début des travaux. «Nous allons contacter la population pour récolter un maximum de signatures. Quasi personne n’est au courant de la situation à l’heure qu’il est», souligne Andréa Merz Gratini.

Au-delà des considérations liées à la transmission de l’information, la valeur paysagère de la parcelle destinée à être exploitée est le moteur de la mobilisation.

Située entre la petite route de Six Fontaines et la voie de chemin de fer de la ligne Yverdon-Sainte-Croix, cette surface d’agriculture extensive appartenant à la Commune de Baulmes a été quasi entièrement préservée des remaniements parcellaires, indique Pierre-Alain Ravussin.

L’ornithologue précise que le paysage composé de haies d’épineux, de perchoirs et de buissons bas et épais est le repaire d’espèces telles que la pie-grièche écorcheur et le tarier pâtre. Et l’un des derniers endroits de nidification du pipit des arbres en plaine.

Milieu intermédiaire entre la forêt recouvrant les contreforts du massif jurassien et les champs, il s’agit d’une zone de passage pour les renards, lièvres, chevreuils, voire le lynx.

Le souci de Pierre-Alain Ravussin de préserver ce pan de la commune de Baulmes est partagé par l’association Pro Natura Vaud, qui envisage elle aussi de faire opposition au projet d’extension de la gravière sur la parcelle sise entre la ligne de chemin de fer et la route de Six Fontaines.

Irremplaçable

De l’autre côté de la bande d’asphalte, une pelle-mécanique s’affaire pour remplir un camion venu chercher la terre arable sur un nouveau site. L’entreprise Cand-Landi est autorisée à exploiter une large zone de terrains agricoles en contrebas du chemin de Six Fontaines.

«Notre action ne vise pas les parcelles relevant du domaine privé. Nous ne voulons pas de guerre à Baulmes», précisent les trois contestataires.

Sur le chemin du retour, effectué au cœur de la zone polémique, Edmond Quinche s’arrête devant un petit bosquet composé, entre autres, d’églantiers et d’un vieux pommier. «On ne peut pas remplacer cela», lâche-t-il.

 

Le point de vue de Cand-Landi et de la Municipalité de Baulmes

Une exploitation respectueuse

Le Municipal de Baulmes Jacques-Yves Deriaz admet que l’avis d’enquête n’a pas été publié dans le bulletin des avis officiels, mais il ajoute que c’est désormais chose faite. En raison de cet oubli, le délai d’opposition a été prolongé de dix jours.

L’élu précise en outre que le terrain concerné par le projet d’extension de la gravière va être remis en état après l’exploitation.

Antoine Maillard, l’administrateur délégué de la société Cand-Landi S.A., abonde dans son sens. La valeur du site serait même améliorée par l’adjonction de zones sèches, une demande des biologistes consultés.

«Je comprends la réaction de certains habitants. Ce site est un lieu de promenade agréable, comme d’autres endroits à Baulmes».

Une fois l’exploitation de l’endroit terminée, soit après dix ans au minimum, la société devra le réaménager en suivant les indications données par les spécialistes sur le terrain. «Nous aurons une ligne de conduite à suivre», indique Antoine Maillard.

Ludovic Pillonel