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Ils nient avoir violé une mineure

16 juillet 2014

Trois jeunes hommes accusés d’avoir contraint une mineure à avoir des rapports sexuels avec eux en 2011 à Yverdon-les-Bains sont actuellement devant la justice.

Le procureur Stephan Johner représente le Ministère public dans le cadre de cette affaire sordide.

Le procureur Stephan Johner représente le Ministère public dans le cadre de cette affaire sordide.

Établir avec exactitude le déroulement des faits survenus le 7 juillet 2011 dans la Cité thermale sur la base des témoignages des prévenus relève de la gageure. Réunis hier devant le Tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois, à Yverdon-les-Bains, les trois jeunes hommes, deux ressortissants portugais (l’un alors âgé de 19 ans, l’autre de 18 ans) et un Cap-Verdien de 19 ans, ne se sont, en effet, pas défendus à l’unisson face aux accusations de viol et contrainte sexuelle à l’encontre d’une fille de 13 ans.

Tout commence aux alentours de 22h30, à la gare d’Yverdon-les-Bains. Les trois individus rencontrent Juliette*, avec laquelle l’un des trois prévenus prétend avoir échangé des caresses et des bisous durant l’après-midi. «Je l’ai vue passer et je l’ai abordée pour prendre de ses nouvelles. Il me semble ensuite que j’ai proposé d’aller derrière la poste », a indiqué Fred*, celui qui est arrivé avec une heure de retard à l’audience après avoir raté son train. Selon lui, tous les quatre avaient conscience des implications de cette demande. «On voulait avoir des relations », a-t-il affirmé. En son absence, ses deux complices présumés avaient, pour leur part, déclaré que la jeune fille était allée vers eux et qu’ils n’avaient, au préalable, pas ce type de dessein en se rendant à l’endroit incriminé.

Les trois jeunes gens s’accordent en revanche pour dire que la plaignante, représentée par sa mère à l’audience, s’est montrée entreprenante, leur prodiguant des caresses intimes. Deux d’entre eux admettent s’être fait masturber, mais tous trois nient, en raison des refus de Juliette, avoir pratiqué une pénétration complète, contrairement au contenu de l’acte d’accusation. «J’ai essayé mais j’ai renoncé car j’ai vu qu’elle ne voulait pas», a déclaré Bernard*. «Je suis sûr que je ne l’ai pas fait», a certifié Fred, quand bien même la victime a déclaré, en cours d’enquête, avoir eu un rapport consenti avec lui. «Au bout d’un moment, j’ai lâché l’affaire. Avec Bernard, nous avons vu qu’elle était plus intéressée par Marc*.»

Ce dernier, à qui il est reproché, en outre, d’avoir coupé son string, a expliqué avoir agi de la sorte en guise de représailles. «Elle m’avait dit de venir vers elle, et elle m’a attrapé par le cou et griffé. Je ne comprenais pas pourquoi elle faisait ça, alors j’ai demandé un couteau à Fred, car je savais qu’il en avait un, et j’ai coupé son string pour me venger. Après, nous sommes partis», a-t-il précisé.

«Alors quand on vous énerve, vous coupez le slip des gens ?», a rebondi le procureur, qui trouve étrange la réaction de Marc sous le coup de la colère.

Les trois prévenus affirment ne pas avoir eu connaissance de l’âge réel de la victime. Bernard admet qu’il ne lui a pas posé la question, alors qu’elle aurait déclaré avoir 17 ans aux deux autres. Selon Bernard et Marc, elle faisait l’âge mentionné, alors que Fred a admis se douter qu’elle était plus jeune.

La mère de Juliette a indiqué que sa fille adoptive allait de «mal en pis» depuis les faits. Hospitalisée, elle s’est aussi scarifiée, a été placée dans deux foyers et a dernièrement fugué à son retour d’un camp en Normandie. Juliette a déjà été impliquée dans un cas similaire en décembre 2010. Elle a en effet eu une relation avec un autre jeune homme majeur et a dit avoir été violée en août de la même année par un individu qui n’a pas pu être interpellé.

La suite du procès dans l’édition de demain.

• prénoms d’emprunt


Il avoue avoir couché avec une autre mineure

A part l’affaire évoquée ci-dessus, Bernard doit répondre de plusieurs autres infractions.

Il est notamment accusé d’avoir eu, dans le courant du printemps 2013, des rapports sexuels avec une mineure consentante, dont il a fait la connaissance sur Facebook. Le prévenu a admis avoir eu, à une occasion, un rapport protégé avec la victime, qui lui avait indiqué avoir 16 ans. A ce propos, le président a tenu à rappeler à Bernard que ces faits se sont produits après qu’il a suivi des cours sur savoir comment se comporter dans une relation et alors qu’une enquête était ouverte contre lui. «Physiquement et dans sa façon de parler, je pensais qu’elle avait plus que 16 ans», a déclaré le prévenu, lequel a admis ne pas avoir fait attention à la date de naissance publiée sur son profil Facebook, et ne pas avoir pensé à lui demander sa carte d’identité, comme les cours le lui avaient enseigné. La victime, représentée par sa mère à l’audience, est tombée enceinte et a avorté le 2 août 2013, sans que la paternité de Bernard n’ait pu être prouvée.

Ludovic Pillonel