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«J’ai déjà donné deux boilles de sang!»
Yverdon, 23 avril 2019. Frédy Hollenstein. © Michel Duperrex

«J’ai déjà donné deux boilles de sang!»

2 mai 2019 | Edition N°2489

Villars-Burquin – Comme 18 autres Vaudois, Frédy Hollenstein a récemment franchi la barre des 125 dons d’hémoglobine, au cours de sa vie. Et il milite pour que chacun en fasse de même.

«Voyez, ma veine est un peu atrophiée. Elle a déjà fait plus de 100 dons!», glisse Frédy Hollenstein en dévoilant son bras droit. Sur son carnet de donneur, les dates s’enchaînent avec une belle régularité: rien qu’en 2018, cet habitant de Villars-Burquin s’est rendu à trois reprises, à Yverdon-les-Bains, pour se délester de 450 ml de sang. Rebelote le 12 février dernier, huit jours avant son 71e anniversaire. à tel point qu’il n’est pas loin d’avoir offert 60 litres d’hémoglobine au cours de sa vie, soit l’équivalent de «deux boilles de lait» – l’une de 40 litres et l’autre de 20 litres – rigole-t-il. Les 125 dons qu’il affiche au compteur lui vaudront d’ailleurs d’être reçu lors d’une petite cérémonie au Centre de transfusion d’épalinges, le 6 mai prochain (lire encadré).

Cette petite routine, le retraité s’y astreint depuis 1968, année où la Croix-Rouge lui a piqué le bras pour la première fois. C’était à la caserne de Thoune (BE), lors de son école de recrues. à l’époque, le soldat avait une sacrée motivation: «On nous donnait une demi-journée de congé pour cela!» Il a fini par y prendre véritablement goût. «Mes parents m’ont toujours dit qu’on devait aider les plus démunis. Donner son sang à la Croix-Rouge, c’est un symbole d’entraide!», soutient-il. Et il n’y a pas de quoi s’angoisser, selon lui: «Souvent, les gens ont peur de la piqûre. Mais il suffit de tourner la tête, c’est tout à fait supportable!»

Contre-indications

En 1988, vingt ans après son école de recrues, Frédy Hollenstein a franchi le cap des 50 dons. Il conserve encore précieusement le diplôme que la Croix-Rouge lui avait remis à l’époque, «au nom des malades et des blessés», tout comme la montre qu’il avait reçue après avoir offert son sang pour la 100e fois. Fort de cette belle régularité, il a récemment atteint la barre des 125 prélèvements, comme 18 autres Vaudois. Il y a pourtant eu quelques ratés, durant ses années de fidélité à la Croix-Rouge. Comme en 1981, lorsque cet ancien du FC Champvent avait dû se faire opérer après que son genou «avait fait un demi-tour à gauche lors d’un accident de foot contre Sainte-Croix: j’avais dû attendre six mois après cette intervention pour retourner donner mon sang», explique-t-il. à force de se délester d’hémoglobine, il a fini par connaître presque toutes les contre-indications.

Parce qu’il est profondément convaincu que «les petits ruisseaux font les grandes rivières», le septuagénaire est devenu un militant de la cause. «J’en ai beaucoup parlé autour de moi, notamment à mes copains du foot et de la Jeunesse, explique-t-il. Je leur ai souvent fait la leçon en leur disant que c’était une bonne action. C’est bien si on peut motiver un maximum de monde!» Pas question, pour ses proches, de se soustraire à ce geste altruiste. Son fils de 44 ans en sait quelque chose: «Je le relance souvent et je lui dis: tu n’as pas donné ton sang? Montre-moi ton carnet de donneur! Et essaie d’être un peu régulier!» Son amie, qu’il connaît depuis 2003, s’y est également mise. «Elle en est à son 15e don, c’est moi qui l’ai entraînée!», commente-t-il fièrement.

Caroline Gebhard