«J’ai retrouvé du plaisir en concours»
23 octobre 2024 | Textes: Manuel Gremion | Photo: Keystone / Philipp SchmidliEdition N°3815
L’été de Killian Peier a été convaincant, avec sept places dans le top 15 lors du Summer Grand Prix et la reconquête du titre national. De bon augure avant l’hiver qui approche pour le sauteur du Ski-Club Vallée de Joux.
Au terme de vacances au chaud bien méritées, Killian Peier a profité de passer quelques jours au domicile de ses parents, à La Sarraz, à la veille du sprint final conduisant à la saison d’hiver. Deux camps en Autriche et les entraînements à Einsiedeln l’attendent avant le démarrage de sa 10e année en Coupe du monde, fin novembre à Lillehammer. On en a profité pour prendre la température avec le sauteur de 29 ans, gêné par un genou récalcitrant lors des deux dernières campagnes.
Killian Peier, vous avez bouclé l’hiver 2023-2024 en tant que 41e de la hiérarchie mondiale, soit une progression de 33 places par rapport au précédent, avec un 18e rang à Engelberg comme meilleur résultat. Comment jugez-vous cette saison-là?
Elle a été correcte, notamment en regard des ennuis connus durant l’été 2023, où j’avais dû observer une pause de quatre à six semaines. Les résultats n’étaient pas si mal que ça, mais je suis bien conscient que ça n’a pas été un grand hiver. Il me manquait de la stabilité pour effectuer deux bons sauts à la suite. Ça a souvent été un sur deux. Mais le fait de me trouver régulièrement dans les points constituait déjà quelque chose de positif, vu les circonstances.
Cette fois-ci, comment s’est déroulé votre été d’un point de vue physique?
Plutôt bien. Je n’ai pas les genoux d’un jeune de 18 ans, c’est clair, et mes pépins restent quelque chose qui me poursuit. En 2022 et 2023, il s’agissait d’un souci au tendon rotulien du genou gauche (ndlr: pas celui qui avait été opéré en 2020). Cette année, j’ai des gênes au niveau du bas du quadriceps. J’ai toutefois pu garder ça plus facilement sous contrôle que ça n’avait été le cas pour le tendon rotulien. Cela m’a permis de m’entraîner régulièrement, ce qui n’avait pas été possible les années précédentes. Pas au maximum d’intensité – par exemple en effectuant moins de sauts par session –, mais sans grosse pause et avec constance. En ce sens, l’objectif est atteint.
Les résultats du Summer Grand Prix sont éloquents, avec un 13e rang au général, sept top 15 et même une 5e place à Courchevel.
J’ai pu prendre part à quatre des cinq concours de l’été, ce qui était ce qu’on avait planifié en début de saison, et j’ai surtout effectué des sauts relativement stables. Cela donne une certaine confiance et montre que je me trouve sur la bonne voie.
Un tel été fait, on imagine, beaucoup de bien au moral.
Définitivement, oui! J’ai du plaisir à faire du saut à skis et à constater que les entraînements paient. J’ai surtout retrouvé du plaisir en concours, quelque chose que j’avais un peu perdu, car je n’arrivais pas à montrer ce dont j’étais capable. C’est rafraîchissant de pouvoir le faire, cela fait du bien à l’esprit et au cœur.
Et vous avez aussi récupéré le titre national, qui vous échappait depuis 2020, après vos quatre sacres consécutifs entre 2016 et 2019.
Il faut être honnête, le titre suisse n’a pas une immense valeur, mais c’est cool de l’avoir remporté. C’est d’ailleurs lors des Championnats de Suisse que je m’étais blessé en 2020. Depuis lors, j’en avais encore loupé deux et j’avais été disqualifié une autre fois car, dans le stress, j’avais oublié mes gants! Il y a toujours une petite rivalité avec Gregor Deschwanden (ndlr: qui a remporté les quatre éditions de 2020 à 2023), ce qui est chouette, car cela nous permet de nous pousser l’un et l’autre. C’est une bonne chose, car on en a besoin pour l’hiver, où le niveau est très élevé.
Comment envisagez-vous la saison hivernale qui se présente?
Je me réjouis que ça commence, déjà. J’aimerais reproduire les bons sauts que je réalise à l’entraînement et, si j’y parviens, il y aura des deuxièmes manches. Ensuite, cela variera en fonction des tremplins et de la forme du moment. Il me faudra aussi rester prudent avec mes genoux.
Vous voyez-vous encore sauter longtemps?
Honnêtement, pas de trop nombreuses années. Je ne suis pas un Simon Ammann 2.0. Pour l’heure, les Jeux olympiques de Cortina, en 2026, sont ce pourquoi je m’entraîne au quotidien. Ensuite, tout reste ouvert. On verra à ce moment-là.
Les Mondiaux au programme
La Coupe du monde de saut à skis démarrera le 22 novembre à Lillehammer, en Norvège, cette année. Les Mondiaux sont également au programme, à partir du 27 février, à Trondheim cette fois, sur des tremplins rénovés récemment. «L’hiver dernier, j’ai réussi à trouve le rythme sur le petit, moins sur le grand», souligne Killian Peier.