Logo
«J’ai vraiment pris mon pied»
©Michel Duvoisin

«J’ai vraiment pris mon pied»

17 novembre 2016 | Edition N°1873

Football – 1re ligue – Résultats, qualité du jeu, doutes, certitudes, espérances et mercato hivernal : l’entraîneur Philippe Perret décortique le 1er tour d’Yverdon Sport, leader du championnat.

Philippe Perret (à g.) et son assistant Robert Lüthi sont à la tête d’une équipe qui marque à tour de bras. ©Michel Duvoisin

Philippe Perret (à g.) et son assistant Robert Lüthi sont à la tête d’une équipe qui marque à tour de bras.

Les poteaux de rugby érigés en début de semaine au Stade Municipal rappellent que le temps du ballon rond est temporairement révolu à Yverdon. Les footballeurs locaux ont quitté la pelouse la tête haute, dans le costume du leader. L’entraîneur Philippe Perret peut préparer le 2e tour, décisif, l’esprit libéré.

 

Philippe Perret, la pause arrive-t-elle un peu vite, alors que vous êtes en pleine série victorieuse ?

Je pense qu’il ne faut pas le prendre comme ça. Il nous a fallu une mise en route, on est parti comme un moteur diesel. Les joueurs ont dû apprendre à se connaître, assimiler ce qu’il y avait à assimiler. Bien sûr, on a eu peu de blessés durant le championnat et les gars ont éprouvé du plaisir sur le terrain, alors on aimerait que ça continue. Mais la pause va faire du bien. La phase de juillet à novembre constitue une longue période. On essaiera de revenir en conservant la dynamique actuelle.

 

Comment expliquer ce dernier mois et demi parfait (cinq victoires consécutives), du moins au point de vue comptable ?

Si on fait le bilan du tour, on n’a connu qu’une défaite contre Stade-Lausanne-, on a remporté un match contre Azzurri – qu’on n’aurait jamais dû gagner et, à l’inverse, on a fait des nuls où il aurait fallu s’imposer. Parfois, il vaut mieux perdre une fois supplémentaire, mais gagner plus souvent. Dans les faits, il a fallu construire. Des joueurs comme Quentin Rushenguziminega, blessé en préparation, n’ont pas pu avoir le rendement maximum. Les arrivées en cours de championnat -Deschenaux, Khelifi et Moussilou- et le retour de Dia ont amené ce qui manquait. Puis, il y a eu deux tournants, à mon sens : le nul obtenu à Lancy, puis la victoire 1-0 à Fribourg. Le groupe ne manquait pas de qualité, mais il a appris à mettre le bleu de travail.

 

Malgré les excellents résultats, on a quand même le sentiment que, sur le plan du jeu, il y avait parfois mieux à faire avec un tel effectif.

Je pourrais retourner la question : est-ce qu’en pratiquant un jeu de toute beauté, on aurait gagné tous les matches ? On reste l’équipe à battre. Pour d’autres, ça a moins bien fonctionné : une formation comme Azzurri (réd : 9e), qui a également un super cadre, n’est pas du tout à sa place. Mais, année après année, la 1re ligue est meilleure. Comme entraîneur, bien sûr, j’aimerais que le public soit debout sur les bancs tellement on est au-dessus. Mais si on essuie les mêmes critiques au 2e tour, tout en obtenant les mêmes résultats, ça m’ira très bien. Si je devais émettre un bémol, c’est que lors de presque chaque match, on est tombé, durant quelques instants, dans le tout et le n’importe quoi. J’aimerais sentir plus de maîtrise et de sérénité. Ce qu’on va essayer de corriger. Pour le reste, j’ai souvent eu beaucoup de plaisir à voir mes joueurs évoluer, peu importe les changements de systèmes. J’ai beaucoup d’attentes par rapport au 2e tour. Contrairement à l’été passé, j’aurai toute mon équipe à disposition, et ceux qui étaient en-dessous physiquement vont pouvoir parfaitement se préparer.

 

La série de nuls évoquée plus tôt, survenue en milieu de tour, vous a-t-elle fait douter ?

Compte tenu des ambitions, on a alors senti une certaine pression autour de nous, mais on savait que si, ensuite, on enchaînait avec une série de victoires, on serait bien. A l’entraînement, les joueurs travaillaient fort. Il m’est même arrivé de rentrer à la maison en signalant à mon adjoint, Robert Lüthi, que j’avais vraiment pris mon pied. Avec une telle qualité, surtout ces dernières semaines, j’étais confiant. Mais bien sûr, tant qu’il n’y a pas de victoire, il y a toujours un peu de doute.

 

Yverdon Sport a la meilleur attaque (38 buts en 14 matches). Surtout, beaucoup de joueurs différents ont marqué.

Et c’est très bien. Le danger vient de partout. Je me bagarre toujours pour que, en bonne position, tout le monde soit capable de conclure. Ainsi, j’aime bien chambrer un peu mes hommes. J’ai, par exemple, proposé un pari à Esteban Rossé avant le dernier match… lors duquel il a marqué. Il aurait gagné une pizza s’il l’avait accepté. J’aimerais bien que Gilberto Reis, qui n’a pas inscrit de but depuis près de deux saisons et qui a été en position de le faire à quelques reprises cette année, y parvienne.

 

L’effectif est étoffé et les choses fonctionnent bien. Doit-on, dès lors, s’attendre à des mouvements cet hiver ?

On a construit le groupe autour d’un projet et -les résultats l’attestent- les joueurs y adhèrent. J’espère qu’il y aura peu de changements. Mais l’un ou l’autre départ, c’est inévitable. Certains ont peu joué et auront, peut-être, la possibilité de trouver du temps de jeu ailleurs. D’autres pourront être sollicités et on ne va pas se mettre à plat ventre pour les retenir. Mais 95% de l’effectif devrait rester inchangé. De mon côté, par rapport à ce groupe, y a-t-il des secteurs où j’estime ne pas être assez fort ? C’est la question à laquelle je vais devoir répondre. Mais, actuellement, je n’ai besoin de rien de plus que ce que j’ai.

 

Dans ces conditions, il est difficile de donner du temps de jeu aux juniors du cru.

L’objectif est de disputer les finales, de monter. Pour cela, on doit être compétitifs et il est compliqué d’aligner les jeunes à tout prix. Mais un Maxime Schertenleib a franchi un cap. Il a joué et peut revendiquer une place. Les autres progressent au contact de coéquipiers de valeur.

 

Les trois hommes du 1er tour Une sélection de la rédaction

Matt Moussilou

Matt Moussilou. © Champi-a

Matt Moussilou.

En claquant trois goals en onze minutes à sa première apparition, contre La Sarraz, l’ancien attaquant du LS et du Mont a marqué les esprits. Même si, à 34 ans, le Parisien n’a plus les jambes de sa jeunesse, son sens du but est intact. Il l’a prouvé à dix reprises durant l’automne, dont huit fois (trois penalties) en autant de matches de championnat disputés. Statistiquement, le Franco-Congolais a frappé toutes les 45 minutes de jeu : une fois par mi-temps jouée. L’arrivée du centre-avant a été d’autant plus décisive que son coéquipier Quentin Rushenguziminega a connu un 1er tour perturbé par les blessures.

 

Arthur Deschenaux

Arthur Deschenaux. © Champi-a

Arthur Deschenaux.

Arrivé à Yverdon Sport au cinquième match de la saison, pour la victoire 3-1 à Echallens, lors de laquelle il a fait des étincelles, Arthur Deschenaux a montré une très précieuse constance durant tout le tour. Sans cesse percutant, l’ailier a pris le relais d’Alex Gauthier -l’homme en forme du début de championnat- à la finition et, pendant plusieurs matches, a porté l’offensive yverdonnoise. Le droitier venu du FC Fribourg -son but contre ses anciennes couleurs s’est révélé primordial- a inscrit six réussites pour YS (deux de plus en comptant les qualifications pour la Coupe de Suisse), tout en distillant quatre passes décisives (six avec la Coupe). Des chiffres à la hauteur de sa régularité.

 

Aurélien Chappuis

Aurélien Chappuis. © Champi-a

Aurélien Chappuis.

Gêné par une blessure à une épaule en début de championnat, Aurélien Chappuis s’est peu à peu imposé dans l’entrejeu yverdonnois, pour en devenir un leader. Débarrassé de son rôle de défenseur central de dépannage avec l’arrivée d’Adriano De Pierro, le Jurassien établi à Lausanne a pu prendre ses marques aux côtés du capitaine Florian Gudit, dans un domaine qui sied pleinement à ses qualités, pour peser toujours plus au décompte final. A la pause, l’ex-joueur du Mont est le meilleur passeur de l’équipe. Il a, avant tout, fait valoir sa patte droite lors des balles arrêtées, l’un des points forts de l’Yverdon Sport de cet automne. Au total, douze de ses caviars ont été convertis en buts par ses coéquipiers. Babacar Dia, auteur de quatre réussites de la tête, est son plus fidèle client.

Manuel Gremion