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«J’aime aller chercher des choses inattendues»
Florian Favre se produira avec six musiciens. Photo: Yvain Genevay

«J’aime aller chercher des choses inattendues»

5 octobre 2023

Yverdon – Le pianiste fribourgeois Florian Favre se produira avec six musiciens sur la scène de L’Echandole ce week-end. L’artiste revient dans le Nord vaudois avec du folklore revisité, là où le football l’avait déjà mené il y a des années. Interview.

Une main sur le clavier, l’autre en train de chatouiller l’intérieur d’un piano en écoutant les sons insolites qui en émanent, Florian Favre n’est pas mécanicien, mais un pianiste qui aime sortir des sentiers battus. Après des résidences à Zurich, Berne, New York ou la Nouvelle Orléans, le Fribourgeois revient avec un nouveau projet en groupe faisant la part belle à son patrimoine, teinté par les musiques du monde.

 

Florian Favre, on a pu vous voir en train de jouer les bras plongés dans votre piano. Votre marque de fabrique?

Je joue souvent sur un piano «préparé». J’y place des objets qui bloquent les vibrations des cordes, ce qui rend le son plus rythmique. Comme si une batterie s’invitait dans mon piano. Quand je fais de la musique, j’aime aller chercher des choses inattendues.

 

Parlez-nous de ce projet Idantitâ.

J’avais envie de revisiter le patrimoine culturel fribourgeois. La version présentée à L’Echandole est un réarrangement de mon album solo sorti en 2022. Chaque volet a une intention particulière. Le but de ce deuxième opus est d’inviter d’autres folklores à se marier avec celui-ci. On pourrait appeler ça de la permaculture artistique! Je garde l’identité des chants simples et je construis dessus, je joue avec la matière.

 

Pourquoi s’attaquer à ces chants traditionnels?

Le point de départ était mes fêtes de famille. Nous étions 50 personnes à nous rassembler toujours autour des mêmes chants, et à la longue, j’en avais marre. Il fallait que je me les réapproprie. Les gens ont un rapport à l’identité culturelle qui est différent selon les pays. Certains mettent beaucoup le folklore en avant, d’autres le fuient. Moi, je me trouvais un peu entre les deux!

 

Le folklore fonctionne-t-il au delà des frontières fribourgeoises?

Beaucoup de gens en Romandie et ailleurs connaissent Le Ranz des vaches ou Le Vieux Chalet et s’ils ne connaissent pas, alors ils découvrent notre identité musicale.

 

De la musique accessible, donc?

Bien sûr, c’est de la musique de chambre dansante et pas de la musique intellectuelle. Elle est pensée de manière dramaturgique, mais elle vient du cœur. Je crois que ce projet a su amener un peu de légèreté et d’humour à ces mélodies parfois lourdes de nostalgie. Le résultat est un mélange stylistique.

 

Quels styles peut-on y trouver?

C’est une formation spéciale car il n’y a pas de section rythmique avec une batterie ou une  basse, etc. C’est une autre patte sonore. J’ai écouté beaucoup d’électro, de jazz, de hip-hop… et tout ce qui fait mon identité se mélange dans ce projet. J’aime casser les barrières stylistiques et sociales, d’autant plus qu’entre nous sept musiciens, c’est une explosion d’identités!

 

Idantitâ compte donc trois volets?

Oui! Après le solo, il y a eu Idantitâ revisited, la version présentée ce week-end et Idantitâ remixed en version électro, plutôt pour danser. Ça me fait rire l’idée de faire danser les gens sur Le Ranz des vaches! Ces différentes versions permettent d’atteindre d’autres publics, de toucher toutes sortes de gens.

 

Ce nouveau volet est-il bien accueilli par le public?

Le solo a été très bien accueilli mais j’ai peu de recul sur ce nouveau volet. Nous l’avons juste présenté au Festival Altitudes cet été et nous avons eu droit à deux standing ovations! Donc les Yverdonnois ont la pression (rires)!

 

Mais avant la musique, votre première passion vous avait déjà mené dans notre région…

Oui, le football! Et c’est drôle car j’ai été champion suisse avec les M-19 d’Yverdon quand j’avais 16 ans. On croirait que ce n’est pas du tout lié, mais le foot c’est aussi un peu de l’improvisation en équipe, tout comme notre représentation de ce week-end, sauf qu’on ne joue contre personne, on se bat pour la musique.


Infos pratiques

Quoi: Idantitâ revisited, musique de chambre multiethnique, Florian Favre.

Quand: Samedi 7 (20h30) et dimanche 8 (17h) octobre 2023.

Où: Théâtre L’Echandole à Yverdon.

Infos et réservations: www.echandole.ch

Léa Perrin