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«J’aime voyager, mais j’aurai toujours un pied ici»

31 octobre 2013

Pour la première fois depuis son passage à la Star Academy, en décembre dernier, le rappeur Jimix jouera à Yverdon, «sa ville», demain à L’Amalgame. L’occasion de faire le point sur ses projets artistiques, mais aussi de revenir sur une aventure télévisuelle dont il ne regrette rien.

Jimix se réjouit de jouer «à domicile» ce soir à L’Amalgame, dès 21h.lion

C’était il y a à peine moins d’une année. L’heure de la rentrée des classes dans une école pas comme les autres, la Star Academy. Parmi les nouveaux élèves de la promotion, un solide gaillard au regard fier, bien droit dans ses bottes, se démarque d’entrée. Les téléspectateurs découvrent l’Yverdonnois Jimmy, dont les amateurs de rap romand ont déjà entendu parler sous le nom de Jimix. Il restera un mois au Château, renvoyant l’image d’un mec bien, tout simplement ; à l’écoute des états d’âme de ses camarades comme des conseils de ses professeurs. Et puis ? Et puis Jimmy Weber, 26 ans aujourd’hui, a repris le cours de sa vie, qu’il partage entre un emploi d’éducateur social et la musique, bien sûr. Demain soir, il jouera pour la première fois à domicile depuis son aventure télévisuelle, à L’Amalgame (lire page 34). L’occasion de prendre des nouvelles.

La Région : Jimix, qu’estce que représente pour vous le fait de jouer à Yverdon ? Jimix : J’ai toujours habité ici, j’y connais tout le monde, donc c’est forcément spécial. Si tu veux aller jouer ailleurs, il faut au moins avoir ta ville derrière toi, donc j’espère que ça va bien se passer (rires). Au-delà, j’aime voyager, mais j’aurai toujours un pied ici. Yverdon, certains n’aiment pas, mais moi, c’est une ville qui me ressource.

Qu’allez-vous présenter sur scène ?
Mon dernier disque cinq titres, «Envie de vivre», sorti avant la Star Academy, mais avec un vrai band : un batteur, un bassiste, un guitariste. Venir sur scène avec un groupe, ça se fait plus dans le rap américain que français, mais j’avais vraiment envie de ça. Je vais aussi jouer trois titres inédits.

Vous avez fait plusieurs concerts cette année. Quels ont été les retours ?
Très positifs ! Quand je suis sorti de la Star Academy, j’ai eu envie de faire des concerts «traditionnels», mais aussi d’aller dans les écoles, des hôpitaux et des prisons. A la rencontre de publics face auxquels tu ne peux pas tricher.

Vous avez joué au pénitencier de Crête-longue, avec les musiciens de la Fondation Repris de Justesse. Comment a germé ce projet ?

Cela fait des années que je voulais y aller, inspiré notamment par Johnny Cash, une référence. J’ai rencontré les musiciens de Repris de Justesse, qui font des concerts en prison, avec qui le courant est bien passé. En plus, en prison, il y a une demande pour du rap. A Crêtelongue, Repris de Justesse a fait son concert, puis j’ai fait le mien. Et d’autres dates sont prévues prochainement.

Qu’y a-t-il de particulier à jouer en prison ?
Les mecs t’écoutent vraiment et ils sont incarcérés, donc leurs émotions sont décuplées. Tu ne peux pas fanfaronner. Tu es obligé d’être vrai. Et à la fin, quand un gars vient te dire merci avec les yeux qui brillent, c’est assez dingue.

Est-ce votre emploi d’éducateur social qui vous amène à avoir envie de jouer en prison, à l’hôpital et autres ?
Je partage ma vie entre le social et la musique, donc les deux sont forcément liés. Et lorsque j’arrive dans une école pour un concert, mon statut d’éducateur social me donne du crédit aux yeux des responsables. Ils savent que je ne vais pas raconter n’importe quoi.

Que vous reste-t-il de la notoriété acquise grâce à la Star Academy ?
Si tu n’as rien fait avant, tu disparais vite. Mais moi, j’avais un disque qui venait de sortir. En tapant mon nom sur internet, les gens pouvaient écouter ma musique et, du coup, beaucoup ont commencé à me suivre. Aujourd’hui encore, je prends trois heures par semaine pour répondre aux messages que je reçois. Les gens attendent une interaction, un partage et je le leur dois. J’essaie de donner des nouvelles, de publier des photos, etc.

La Star Academy vous a-telle ouvert des portes ?
Oui, clairement. Je ne cracherai jamais sur la Star Ac’. Je suis content qu’on soit venu me chercher. J’ai rencontré des gens et, grâce à ça, on pense à moi pour des premières parties en France, ce qui n’est pas si facile pour un artiste suisse.
Travaillez-vous sur un nouveau disque ?
J’aimerais sortir un album en 2014. Je vais garder le côté dur du rap, mais aussi avec ce côté chanté qui fait partie de mon univers.

 

Dans les écouteurs de Jimix

Stromae – «Formidable». Jimix : «Pour moi, c’est le nouveau Brel.»

Kery James – «Le combat continue». «Il perdure depuis longtemps, en suivant sa ligne.»

Disiz – «Mon amour». «Il a grandi depuis l’époque où il se faisait appeler La Peste.»

John Legend – «All of me». «J’aime beaucoup ses chansons d’amour, il assume totalement ce qu’il fait.»

Drake – «Hold on, we’re going home». «C’est un monument de la musique. Il a ce côté entre rap et chant que j’aime, il s’en fiche des codes.»

Lionel Pittet