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«J’avais complètement arrêté le foot»

28 janvier 2025 | Textes et photo: Lucas Panchaud
Edition N°3879

Arlind Jashari s’est adjugé le Briscar du meilleur réalisateur, en devenant le meilleur buteur de Suisse avec Val-Bal, à l’issue d’une saison 2023-2024 exceptionnelle.

Oui, le FC Vallorbe-Ballaigues est sorti du purgatoire, fêtant une promotion en 4e ligue amplement méritée après un championnat durant lequel il n’a pas subi la moindre défaite. Mais si la performance des joueurs des Prés-sous-Ville mérite une mention très honorable, l’exercice 2023-2024 d’Arlind Jashari fait, lui, partie des exploits qui demeureront gravés à jamais dans l’histoire du football vaudois et même suisse.

Ce qui aurait pu ne pas être

Mû par la grâce et guidé par le talent, l’attaquant, formé en partie à Yverdon Sport, a fait sombrer les compteurs et les défenses adverses dans une douce folie, réussissant à faire trembler les filets pas moins de 89 fois en 5e ligue.

Un achèvement qui lui a permis de se faire une place sur la plus haute marche du podium des buteurs du pays, et qui l’a, inévitablement, mené à donner un nouvel élan à sa carrière. L’habitant du Day avait pourtant presque définitivement fait une croix sur son avenir footballistique. C’était avant de se muer en héros d’un long-métrage au cours duquel il aura gravi des sommets qui paraissaient jusqu’alors inatteignables.

«Ça a été une année riche en réussites et en émotions. J’ai vécu des sensations uniques avec Vallorbe. Quand je pense que j’aurais pu passer à côté de tout cela. J’avais complètement arrêté le foot et le sport tout court. J’avais pris quelques kilos. Puis tout cela m’a manqué, alors j’ai fini par me reprendre en main. Mais, même en retrouvant les terrains, je n’aurais jamais imaginé un seul instant devenir le meilleur buteur de Suisse. Quand j’y repense, c’est fou, un peu irréel.»

Son téléphone a, naturellement, beaucoup sonné durant le mois de juin. Sur la lancée de sa chevauchée fantastique, le «pichichi» vallorbier a fait le choix que son âme de compétiteur lui a soufflé dans le creux de l’oreille, au moment de se lancer un nouveau défi.

«M’engager avec Dardania Lausanne était pour moi comme une évidence. J’avais à cœur de prouver ma valeur en 2e ligue et, avec mes racines, c’est une décision que j’ai prise avec le cœur.»

Performant durant la préparation estivale avec la formation albanophone, le joueur de 26 ans a ensuite été aux premières loges pour la rencontre de Coupe de Suisse disputée par ses nouvelles couleurs face à YS, qu’il a observée depuis le banc. «C’est clair, j’aurais préféré être sur la pelouse, sourit-il, indéniablement déçu d’avoir été laissé de côté pour ce qui aurait pu être le match d’une vie. Il n’empêche que ce sont des souvenirs qui restent.»

Coup d’arrêt

L’idylle entre le chasseur de buts et le club lausannois, faite pour survivre à l’épreuve du temps, a néanmoins rapidement connu un coup d’arrêt.

«J’ai fait une bonne avant-saison, j’avais des bonnes sensations, j’ai même marqué lors du premier match amical que j’ai joué. Malheureusement, une pubalgie m’a freiné dans ma progression. Depuis plusieurs mois, je n’ai plus retouché un ballon, hormis lors d’un match de Coupe vaudoise en septembre. Je ne prends vraiment pas cela à la légère et je ne veux surtout pas aggraver la blessure.»

L’heure de la remise en question est donc venue sur la table plus rapidement que prévu, le train de la 2e ligue ayant, pour cette année en tout cas, quitté le quai de gare sans celui qui a fait du 7 son numéro fétiche.

«J’aimerais bien poursuivre l’aventure, mais j’ai aussi de la peine à m’imaginer continuer de faire les déplacements jusqu’à Chavannes-près-Renens plusieurs fois par semaine. Cela devient plus compliqué, la concurrence est rude et, à l’heure actuelle, tant que je ne suis pas à 100%, je ne peux pas prétendre à grand-chose. D’autant que l’équipe fonctionne très bien sans moi jusqu’à présent.»

Il élude cependant d’emblée un potentiel retour dans le club de ses débuts, dont il s’est séparé comme un jeune oiseau quitte son nid: «Je ne regrette rien. Pour moi, c’était le bon choix d’aller tenter ma chance plus haut. On verra bien ce que l’avenir me réserve.»