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«Je me sentais au contraire vachement mieux que les autres années»
Eliot Dänzer (18 ans) a dû se contenter de la 6e place mondiale, mardi à Verbier, pour son ultime compétition chez les juniors. © Freeride World Tour / Lévy Loye

«Je me sentais au contraire vachement mieux que les autres années»

1 avril 2021
Edition N°2926

Snowboard freeride - En lice pour décrocher un troisième titre de Champion du monde junior, mardi en Valais, Eliot Dänzer a chuté lors de son run, terminant finalement au 6e rang. Toutes les conditions semblaient pourtant être réunies pour que le rider de Corcelles-sur-Chavornay réussisse le triplé.

Depuis l’arrivée du téléphérique du Mont Gelé, sur les hauts de Verbier, on aperçoit en contrebas quelques drapeaux regroupés. L’aire d’arrivée des Championnats du monde juniors semble perdue au milieu d’une immense étendue blanche. Pour l’atteindre, un long champ de bosses encore gelées. Il est encore trop tôt pour que le soleil ait commencé à ramollir la neige. Un panneau prévient les téméraires: l’itinéraire est réservé aux bons skieurs. Pratique pour limiter le nombre de spectateurs en période de pandémie.

Une fois la dernière bosse franchie, il ne reste plus qu’à s’installer sur l’un des gros rochers dont est parsemé le flanc de la montagne, et à tourner son regard vers la face du Mont Sion. Deux taches rouges signalent le point de départ d’où vont s’élancer les jeunes riders, à ski ou en snowboard. Les premiers partent, franchissant les barres rocheuses avec plus ou moins de succès, chutant parfois à la réception.

Une dizaine de concurrents plus tard, c’est au tour d’Eliot Dänzer de prendre le départ. Le snowboarder de Corcelles-sur-Chavornay est favori pour le titre mondial, lui qui a en est le double détenteur et qui a remporté toutes ses compétitions de la saison. Le petit point noir se met en mouvement, et grossit à mesure qu’il descend la pente. Alors qu’il devient facilement observable à l’œil nu, Eliot Dänzer s’envole par-dessus un rocher. Mais comme beaucoup de concurrents au même endroit, le Nord-Vaudois chute à la réception, disparaissant dans un nuage de neige. Lorsque celui-ci se dissipe, le rider de 18 ans est déjà en train de poursuivre son run. À peine a-t-il atteint l’aire d’arrivée qu’Eliot Dänzer est entouré par les riders qui l’ont précédé. Une belle image.

«Quand j’ai pris le deuxième couloir, j’ai été surpris car il y avait pas mal de petits rochers. J’ai fait un tête-pieds et, ensuite, j’ai roulé-boulé.»

«En dehors de ma chute, j’ai réalisé un très bon run. J’ai pu faire plus ou moins ce que j’avais prévu, sauf quelques grabs. Mais quand j’ai pris le deuxième couloir, j’ai été surpris car il y avait pas mal de petits rochers. J’ai fait un tête-pieds et, ensuite, j’ai roulé-boulé, raconte le snowboarder. J’ai fini par atterrir en switch (ndlr: avec le «mauvais pied»devant) et j’ai effectué quelques virages dans cette position pour gagner des points.»

Des points, Eliot Dänzer en a finalement récolté 56 pour sa prestation. Insuffisant pour aller chercher un troisième titre de champion du monde juniors. Celui-ci est revenu à l’Américain Neo Emery (81,67 points), tandis que le Nord-Vaudois a dû se contenter du 6e rang.

La perspective de réaliser un triplé aurait-elle mis trop de pression sur les épaules du double champion en titre? «Pas du tout, je me sentais au contraire vachement mieux que les autres années, réplique l’intéressé. Grâce à l’expérience acquise, parce que j’ai confiance en moi et que je prends du plaisir à être là. J’ai profité de l’ambiance au départ, jusqu’au moment où je me suis mis dans ma bulle. Je n’ai pas de rituel particulier, je n’écoute par exemple pas de musique. Je le fais, c’est tout. Par contre, je fais du yoga en rentrant, pour pouvoir toujours rider à 40 ans!»

Douzième à s’élancer mardi, Eliot Dänzer a en outre pu bénéficier d’une neige moins printanière que les concurrents partis plus tard, alors que le soleil était à son zénith. Et a pu suivre le tracé prévu après les repérages effectué la veille, en compagnie d’Emilien Badoux, célèbre snowboarder suisse et coach à la Mountain Line Foundation, qui conseille également la Valaisanne Emma Piguet, classée 3e mardi chez les filles. «Il y a eu un échange d’idées, notamment sur comment aborder certains obstacles. Je ne connaissais pas cette face, même si je passe mes hivers à Nendaz (ndlr: qui appartient au domaine skiable des 4 Vallées, tout comme Verbier), mais je reviendrai sûrement y rider.»

Sa dernière course en juniors derrière lui, Eliot Dänzer évoque déjà sa saison prochaine au sein du Freeride World Qualifier: «Cela me permettra de participer aussi à des courses aux États-Unis, même si j’ai l’intention de continuer à vivre en Suisse.»