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«Je me suis dit qu’il allait nous tuer»

24 novembre 2014

L’Urbigène Manuel Rodrigues a eu la peur de sa vie, samedi matin. Un homme masqué l’a volé en le menaçant d’une arme.

Manuel Rodrigues montre la porte par laquelle est entré l’individu masqué. Cette dernière est accessible depuis la rue. © Michel Duperrex

Manuel Rodrigues montre la porte par laquelle est entré l’individu masqué. Cette dernière est accessible depuis la rue.

Boulanger à Orbe, Manuel Rodrigues a eu la peur de sa vie alors qu’il travaillait dans la nuit de vendredi à samedi. Il s’est, en effet, retrouvé face à face avec un homme cagoulé, qui n’a pas hésité à le menacer à l’aide d’un pistolet, avant de s’enfuir en emportant une bourse de sommelière.

«Je ne peux pas vous dire si c’était une vraie arme ou un pistolet en plastique, précise-t-il, encore sous le choc. Mais c’était un gros calibre, un pistolet plus long que ceux des policiers.» Manuel Rodrigues travaille dans la boulangerie-pâtisserie, de la rue de l’Abbaye depuis plus d’une trentaine d’années. Il a repris la boutique avec un associé, il y a bientôt dix ans, et malgré quelques vols, jamais il n’aurait imaginé être ainsi menacé.

A Orbe, cette boulangerie est bien connue par les fêtards. Ils savent que, même au milieu de la nuit, la petite porte qui donne sur le laboratoire est ouverte et qu’il est possible de s’y procurer des croissants sortant du four. «Depuis quarante ans, cette entrée, située à côté du magasin, reste ouverte. Lorsque quelqu’un rentre, ça sonne, et nous venons servir les clients.»

Un intrus armé

Samedi, peu avant 2 heures du matin, la sonnerie retentit et, comme d’habitude, Manuel Rodrigues sort de son laboratoire, laissant son collègue seul, pour aller servir le client. Il ne voit pourtant personne dans le couloir, mais la porte est restée entrouverte. «Je me suis dit que c’était le vent, alors j’ai juste été fermer la porte.» En retournant travailler, le boulanger vérifie quand même que personne ne s’est enfilé dans le magasin. «C’est là, dans la cuisine qui mène à la boutique, que se trouvait un grand gaillard masqué, qui portait des habits foncés. Il avait une lampe de poche et cherchait quelque chose sur le bureau. En me voyant, il a pointé son arme sur moi. Il m’a crié dessus: recule, recule, il est où l’argent?»

L’artisan, âgé de 55 ans, obéi et recule dans le couloir. «J’ai d’abord pensé que c’était une farce. Mais j’ai compris qu’il ne plaisantait pas quand il m’a crié dessus, indique-t-il ému. C’est un moment vraiment traumatisant.»

Face à son agresseur, Manuel Rodrigues résiste à l’envie de courir se réfugier vers son collègue, à quelques mètres de lui. «Je me suis dit qu’il allait nous tuer tous les deux si j’y allais, alors je suis resté dans le couloir.»

Sans prévenir, l’homme masqué se précipite alors vers la sortie, sans blesser le boulanger. Il a tout de même emporté une bourse trouvée en entrant dans l’établissement, qu’il avait rangé dans un sac qu’il portait en bandoulière. «La bourse était rangée, comme d’habitude, sur l’armoire. Je pense qu’il connaissait les lieux, sinon il serait passé à côté sans la voir», précise Manuel Rodrigues. Le porte-monnaie ne contenait qu’une petite centaine de francs.

Porte désormais close

Manuel Rodrigues montre la porte par laquelle est entré l’individu masqué. Cette dernière est accessible depuis la rue. © Michel Duperrex

Manuel Rodrigues montre la porte par laquelle est entré l’individu masqué. Cette dernière est accessible depuis la rue.

«La police est ensuite rapidement arrivée. Une douzaine d’agents. Ils avaient des chiens et ils ont pris les empreintes. Mais ils n’ont pas réussi à attraper l’agresseur», regrette le boulanger d’origine portugaise. «C’est une épreuve difficile et malheureuse. Quand je suis arrivé ici, il y a quarante ans, il n’y avait pas de ça en Suisse. C’était le pays le plus beau et le plus sûr au monde.»

Affligé de voir la société changer, Manuel Rodrigues fermera dorénavant à clé la petite porte qui donne sur son laboratoire. Il ira l’ouvrir uniquement à son collègue pâtissier, qui arrive après lui, durant la nuit. «Maintenant, chaque fois que j’ouvre une porte, j’ai l’impression qu’il y a quelqu’un derrière », explique celui qui est déjà grand-papa, les yeux encore pleins d’angoisse.

 

Appel à témoins

La Police cantonale vaudoise prie les éventuels témoins de ce brigandage de bien vouloir contacter les inspecteurs de division criminelle de la Police de sûreté au numéro 021 644 44 44 ou le poste de police le plus proche. L’agresseur est un homme mesurant environ 1,75 mètre. Il portait des habits foncés, une cagoule, des gants et il avait un sac en tissu. L’homme en question s’est exprimé en français, sans accent particulier.

Muriel Aubert