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«Je vais vivre mon petit Pékin Express»

15 août 2014

A 50 ans, Christine Jordi a quitté son appartement et son travail pour réaliser son rêve : partir à l’aventure à travers l’Europe avec son cheval et son chien.

Christine Jordi, à Ballaigues avec son chien Lucky et une partie de son matériel. Son cheval Deneb était, ce jour-là, dans son écurie à Bottens.

Christine Jordi, à Ballaigues avec son chien Lucky et une partie de son matériel. Son cheval Deneb était, ce jour-là, dans son écurie à Bottens.

Se retrouver avec elle-même, en compagnie de son cheval et de son chien. Voilà ce à quoi aspire Christine Jordi à travers «sa randonnée du cœur», un voyage en Europe qu’elle débutera jeudi prochain, selon toute vraisemblance depuis la douane de Bâle.

Ce projet qui murissait dans sa tête depuis un moment, elle a décidé de le concrétiser à la fin de l’année dernière en raison de «certains événements» survenus dans sa vie, sur lesquels elle ne s’épanchera pas davantage. Elle quitte alors son job, lâche son appartement de Puidoux et s’établit, depuis mars dernier, à Ballaigues, chez sa sœur et son beau-frère, pour «mettre de l’argent de côté».

Une poignée de sponsors, dont la Sellerie Rochat, qui lui fournit «un super tapis de selle sur mesure », donnent suite à ses sollicitations et son repas de soutien, organisé le 19 juillet à la grande salle de la commune nord-vaudoise, réunit une quarantaine de personnes touchées par son courage.

Christine Jordi prendra la route avec 6000 francs en poche, une somme qu’elle destine principalement à l’achat de vivres. «Le but est de faire du porte-à-porte, de préférence dans les fermes, pour pouvoir nourrir mes animaux. C’est mon petit Pékin Express», indique-t-elle. Si aucune solution d’hébergement ne se présente, elle aura notamment à disposition tente, sac de couchage, réchauds, réserves de nourritures et médicaments. Un matériel de survie réparti entre son dos et ceux de ses compagnons de voyage, soit Deneb, un cheval Rocky Mountain de 9 ans, et son chien Lucky, âgé d’un peu plus d’une année et demie. «Je monterai Deneb quand je serai fatiguée », déclare celle qui partagera ses aventures sur un blog. Un outil de communication par le biais duquel elle a déjà reçu des propositions d’hébergement.

Cette aventurière dans l’âme, habituée à vivre simplement, et qui a dans ses bagages d’innombrables kilomètres de randonnée à cheval, aborde son périple avec sérénité. Une expérience nécessaire également aux yeux de ses proches. «Je suis un peu inquiète mais il faut qu’elle le fasse, c’est son rêve. D’ailleurs, je n’exclus pas de parcourir quelques kilomètres avec elle», indique sa soeur domiciliée à Ballaigues.


Christine Jordi fera l’impasse sur l’Allemagne Itinéraire finalement modifié

Avec un cheval, franchir les frontières peut devenir un obstacle quasi insurmontable. «L’Allemagne me demandait 10 000 francs de dépôt pour traverser le pays. J’ai donc modifié mon parcours», indique Christine Jordi, qui a également renoncé à commencer son voyage par Tallin, en Estonie, au vu de la somme de 7000 euros demandée pour le transport par avion de son équidé.

Au niveau suisse, les formalités se résument à un examen du vétérinaire cantonal deux jours avant de partir, au versement d’une caution équivalent à la valeur du cheval, et au remplissage d’un carnet ATA -un document douanier international. «La validité est d’une année. Si je dépasse cette échéance, soit la date du 11 août 2015, la caution ne me sera pas remboursée », précise Christine Jordi.

Son départ à pied depuis la Cité rhénane la conduira donc en Alsace, en Belgique, aux Pays-Bas, avant de rejoindre l’Espagne, vraisemblablement Saint-Jacques-de- Compostelle -«les pèlerins terminent là»- par la côte ouest de la France. «J’aime longer l’océan. J’avais prévu, à la base, de rentrer en camion depuis l’Espagne, mais je suis en train d’envisager de revenir à pied, en passant, pourquoi pas, par Nice et l’Italie», déclare Christine Jordi, qui, si elle suit cette option, aura parcouru un itinéraire d’environ 5000 kilomètres.

Un suivi par satellite

Outre son cheval et son chien, elle sera accompagnée par quelques moyens technologiques comme un GPS et un appareil SPOT, un système de messagerie et de localisation par satellite qui la reliera à une amie chargée de donner l’alerte en cas de situation anormale. «Elle aura aussi la possibilité d’actualiser mon blog et m’enverra des habits d’hiver en temps voulu», ajoute la volontaire quinquagénaire.

Ludovic Pillonel