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Jérôme Rudin va exposer «Avec Amour»

12 avril 2013

Parfois décrié en raison de son comportement de «jet seteur», le peintre, désormais homme mûr, va exposer à Orbe.

Chris Zwahlen (à g) se réjouit d’exposer les toiles de Jérôme Rudin.

Lunettes teintées et catogan élégant, habillé de son costume noir, Jérôme Rudin évoque sans détour ses excès, qu’il attribue à une jeunesse vécue «à trois cents à l’heure». Bientôt aux portes de la quarantaine, celui qui se décrit comme «un romantique sentimental» a pris de la rondeur. Le propos est moins provocant, même si l’homme désormais ancré en Valais -il a acquis une vieille maison à Chamoson- ne peut s’empêcher de faire allusion à un monde qui l’a adulé et, parfois aussi, rejeté. «Mes parrains sont Oskar Freysinger et Christian Constantin!» Le président du FC Sion est en effet un fan du peintre qui, il y a quelques années, fréquentait les «fameux», posant dans la presse «people» avec Ursula Andress, Gina Lolobrigida et bien d’autres.

L’époque où, agissant avec un indéniable culot, il montait sur le yacht de la milliardaire Ivana Trump pour lui offrir un tableau est désormais terminée. Cette vie de prince dans la cour de l’aristocratie française, lancée par une exposition à l’Espace Pierre Cardin, lui a aussi coûté.

Ce passé clinquant, Jérôme Rudin l’assume en homme mûr: «J’ai cultivé cette image de dandy parce que je me suis plu dans cette atmosphère.»

Reconnaissance

Trop souvent réduit à ses apparitions médiatiques, Jérôme Rudin a besoin d’être reconnu pour ce qu’il est: un peintre. «Je ferai cela toute ma vie, parce que je ne sais pas faire autre chose. J’aime mon métier», plaide-t-il, avant d’expliquer le titre de son exposition: «C’est l’amour de la passion de ce que fais depuis vingt-deux ans. J’aurais pu quitter cet amour de la peinture.»

Plus apaisé, Jérôme Rudin a faim de peindre, de montrer, mais aussi de convaincre: «On doit essayer de différencier le personnage, qu’on l’aime ou non, de l’aspect artistique, indépendamment des a priori qu’on pourrait avoir.»

Dans son antre valaisanne, où il se sent «comme un poisson dans l’eau» -il se réjouit d’y avoir renoué avec la nature-, le peintre semble avoir trouvé l’équilibre. Au point de déclarer: «Je suis assez content de me voir vieillir.»

La venue de Jérôme Rudin à la Galerie Zwahlen, à Orbe, est le fruit d’un long cheminement. Chris Zwahlen, qui avait «flashé» sur ses tableaux chez un encadreur lausannois, avait rêvé de l’inviter pour son exposition inaugurale, en septembre 2011. Le peintre l’a snobé. Mais lorsqu’il a appris que l’animateur de la galerie urbigène avait acquis un de ses tableaux sur internet, il s’est dit que le moment était venu de faire le pas.

«Rudin Avec Amour», Galerie Zwahlen, route de Montcherand 5, Orbe. du 20 avril au 30 juin.

www.galerie-zwahlen.ch.

 

Témoignagne du cinéaste Frédéric Gonseth

En route vers l’essentiel

«Jérôme Rudin est un artiste provocateur. Sa peinture, tout sauf sage, enjambe l’art conceptuel actuellement au pouvoir, pour renouer et prolonger l’abstraction lyrique d’après-guerre… Adolescent prodige, il se construit un personnage de dandy nageant dans le luxe qui excite l’imagination de la presse populaire. Un beau jour, brûlant ce qu’elle a adoré, celle-ci retourne le portrait contre le mur. Aujourd’hui nous approchons un Jérôme Rudin qui laisse décanter sa peinture vers l’essentiel et sculpte à partir de troncs d’arbres, comme pour se donner des racines.»

Isidore Raposo